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Les socialistes français divisés sur la transition burkinabée (Mondafrique)

par Louise Dimitrakis 5 Mai 2015, 13:15 Burkina Faso France Françafrique François Hollande Compaor Elisabeth Guigou

Le report de la visite du président de la transition burkinabé Michel Kafando à l'Elysée qui devait avoir lieu du 2 au 5 mai soulève de vives tensions chez les socialistes français.

Parvenu à la tête du Burkina Faso en novembre 2014 après la chute de l'ex président Blaise Compaoré, Michel Kafando devait effectuer sa toute première visite officielle à l'Elysée du 2 au 5 mai. A l'approche des élections présidentielles et législatives prévues pour octobre prochain, il s'agissait pour le chef d'Etat burkinabé et François Hollande de discuter de l'organisation du scrutin et faire le point sur la transition dans le pays. Le report soudain de la rencontre du en partie à un désaccord sur la nouvelle loi électorale instaurée dans le pays a jeté un froid. Il révèle par ailleurs l'existence de profondes divisions dans le camp socialiste sur le dossier burkinabé.

PS vs. Internationale socialiste

Adoptée par les députés de la transition le 7 avril dernier à quelques mois des élections, le nouveau code électoral rend les partisans de l'ancien régime inéligibles. Une mesure immédiatement dénoncée par le camp Compaoré comme un "appartheid électoral" qui s'est accompagné de l'arrestation de trois ex ministres du dernier gouvernement de l'ancien chef d'Etat. Du côté des puissances étrangères, les réprimandes sont arrivées au compte goutte. Le représentant sur place de l'Union européenne a été le premier à sortir le carton jaune en déclarant que la transition ne devait exclure personne. L'ambassadeur américain ne lui emboitera le pas que quelques jours plus tard admettant d'abord timidement en privé qu'il y avait peut être "anguille sous roche". La France, qui a tardé à se positionner, a finalement réagi à travers la voix de la Secrétaire d'État au Développement et à la Francophonie, Annick Girardin. En visite le 27 avril à Ouagadougou, celle-ci a fait savoir aux autorités burkinabées que la France souhaitait des élections «transparentes» et «inclusives» au Burkina Faso.

Une position, qui, en coulisses, a provoqué un malaise chez les socialistes français divisés entre les "anti code électoral" et les partisans de la ligne de l'Internationale socialiste favorable à la visite de Michel Kafando. En plus des élus français habitués des rencontres avec leurs homologues africains, l'internationale socialiste compte en effet dans ses rangs les partis de plusieurs chefs d'Etat alliés de la France comme le président malien IBK ou le président nigérien Mahamadou Issoufou avec lesquels Blaise Compaoré entretenait des relations tendues. Face à l'épineuse controverse soulevée par la nouvelle loi électorale, François Hollande s'est trouvé confronté à un dilemme d'autant plus délicat que l'Elysée a déjà manifesté sa conviction que le prochain chef de l'État burkinabè ne saurait être que Roch Marc Christian Kaboré. Ancien ministre sous Blaise entré dans l'opposition, Roch Kaboré est à la tête du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), un parti qui s'est vu officiellement accordé le soutien de l'Internationale socialiste pour la présidentielle le 3 février dernier. "Avec la visite de Kafando, l'idée était de faire passer la pilule de l'apartheid électoral en vendant à Hollande la "révolution" socialiste du MPP" affirme une source pro-Compaoré. Le jeu d'alliance semblait favorable à ce scénario. Parmis ses membres les plus influents, le MPP compte le sulfureux Salif Diallo, ancien proche de Compaoré devenu son ennemi juré et... conseiller auprès du président nigérien Mahamadou Issoufou.

Peine perdue, les "anti code électoral" ont fini par avoir gain de cause. Le déjeuner auquel Michel Kafando devait participé avec Elisabeth Guigou, présidente de la commission des affaires étrangères qui, en juin 2013, avait félicité Blaise Compaoré pour sa politique devant l'Assemblée nationale, a été annulé."Elle s'est fâchée et Claude Bartolone, le président de l'Assemblée nationale n'a donc pas reçu Kafando non plus" confie une source proche du dossier.

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