Que Platini ait tenté de se refaire une virginité à la faveur des accusations contre la Fifa menée tambour battant par les Etats-Unis est somme toute normale et participe de la lutte parricide qu'il mène envers Sepp Blatter. Mais Platini est loin d'être un ange dans ces histoires de corruption qui affectent tant la FIFA dirigée par Sepp Blatter que l'UEFA dirigée par Platini.
Derrière cette lutte, il y a des enjeux politiques et financiers. Finian Cunningham signale que les arrestations extra-territoriales US illégales en territoire suisse et l'enquête de la justice étatsunienne surviennent à la veille des élections du président de la FIFA dans un contexte où les USA veulent faire annuler ou porter le discrédit sur l'attribution du Mondial 2018 aux Russes. Mondafrique souligne que Platini est le défenseur d'Israël et du Qatar auprès de la FIFA face aux demandes des Palestiniens de bannir Israël des compétitions :
"Panique à Tel Aviv! La Fédération Palestinienne de Football vise à faire condamner Israël lors du congrès de la Fédération Internationale de Foot, qui se tient à Zurich cette semaine. Le but: obtenir une exclusion de l’Etat hébreu des compétitions. Pour contrer cette manoeuvre, les Israéliens, via leurs amis du Qatar, ont mobilisé Michel Platini, qui est un grand supporter de Doha." (Mondafrique)
C'est dans ce contexte que sortent les révélations de corruption et de fraudes touchant la FIFA avec toute la mise en scène hollywoodienne où des policiers US interviennent en territoire étranger pour arrêter des officiels à Zurich comme ultime acte d'un impérialisme US en territoire conquis tandis que la justice US s'affiche aux couleurs de l'united colors of USA comme incorruptible dans les médias.
Loretta Lynch, la ministre étatsunienne de la Justice, a tenu une conférence de presse pour dénoncer la corruption au sein de la Fifa à la veille de l'élection de son Président
Mais lorsque Blatter président en chef d'un système largement corrompu évoque qu'il n'est pas responsable de ce qui se trame dans les coulisses de sa fédération, il fait sans doute allusion de manière voilée aux accusations de corruption qu'il avait lui même dénoncé concernant Michel Platini notamment sur l'attribution de la coupe du Monde au Qatar en 2022. Révélations qui n'avaient pas vu les Etats-Unis intervenir avec leurs policiers en Suisse (et encore moins en France) pour arrêter des officiels de l'UEFA. Il y a juste un an, Sepp Blatter évoquait les pressions exercées par la France en faveur de l'organisation de la coupe du monde de football au Qatar en 2022. Accusations reprises et étayées un mois plus tard par le Daily Telegraph. En effet le Daily Telegraph , publiait début juin 2014, un article selon lequel "la France serait impliquée dans la corruption de par ses liens très proches avec le Qatar et par l'entremise du président de l'UEFA en la personne de Michel Platini". Il est somme toute logique que Michel Platini en lien étroit avec le pouvoir politique français, compte tenu de la position qu'il occupe à l'UEFA, prenne sa revanche envers son aîné soutenu en cela par l'infanterie médiatique française. Et cela d'autant plus qu'après ses déclarations avant la coupe du monde du Brésil il avait montré son peu d'empathie envers les droits sociaux de la population du Brésil.
Quant aux droits humains fondamentaux violés allègrement au Qatar...
Appuyé par les autorités de Jordanie, du Qatar, d'Israël, des USA, de la France, de l'UE et de leur cavalerie médiatique amnésique, Platini s'est ainsi offert une belle plateforme d'indignation sur le dos de Sepp Blatter pour revenir au premier plan dans sa course pour prendre les rênes de la multinationale du foot corrompue à tous les étages. Une belle opération de 'com' qui n'abuse personne si ce n'est des médias trop contents de renforcer la crédulité populaire face aux enjeux géopolitiques qui se trament en arrière-plan qu'il convient d'occulter.
On gagnerait dans ces sombres affaires de corruption - qui éclatent comme par enchantement à la veille des grandes élections du président au sein des fédérations internationales de football : UEFA ou FIFA - à réintégrer une perspective historique dans l'analyse des évènements pour comprendre ce qui se trame de politique et de géopolitique derrière l'agenda de cette multinationale du football. C'est sans doute en commençant par l'analyse de ce système politique et financier derrière cette affreuse multinationale du foot que l'on mettra fin à la corruption. Mais les politiques et leurs pantins au sein des grandes fédérations de cette multinationale le veulent-ils vraiment ? Imaginez seulement si Israël devait être exclu de la Fifa ou si l'organisation de la coupe du monde au Qatar ou en Russie était annulé, le séisme que cela provoquerait dans l'opinion internationale et le caractère politique que prendrait une telle sanction.