Centrafrique : un complot contre l’armée française Billets d'Afrique
Au cours du premier trimestre 2014, des enquêteurs de l’ONU, alertés par des bénévoles centrafricains, recueillent les témoignages circonstanciés de six enfants faisant état d’abus sexuels commis à leur encontre par une quinzaine de soldats français de l’opération Sangaris. Le compte rendu de ces faits est transmis en juillet aux autorités françaises mais ce n’est que fin avril 2015 que le contenu de ce rapport est révélé au public par le quotidien britannique The Guardian. Depuis c’est la panique car, sans ces "indiscrétions", pour reprendre le terme utilisé par Chevènement, on était parti pour l’enterrement de l’affaire.
L’article du Guardian contraint les autorités politiques à réagir publiquement. Aucune n’a un mot de compassion pour les petites victimes présumées de ce que Hollande appelle « de mauvais comportements », pas même Royal. Elle s’était pourtant, en tant que ministre de l’enseignement scolaire du gouvernement Jospin, spécialisée dans la lutte contre la pédophilie, au point d’édicter une circulaire faisant obligation aux établissements d’enseignement de suspendre avant toute enquête tout agent faisant l’objet de telles dénonciations. Mais il ne s’agit plus là d’enfants français mais centrafricains et de l’image de l’armée. Sur ce point on sera « implacables », affirme Hollande, selon qui « aucune tache ne doit écorner (sic) l’uniforme » ; « si quelqu’un a sali le drapeau qu’il se dénonce », affirme grotesquement Le Drian.
La presse aux ordres reçoit le message cinq sur cinq et emploie toute son énergie ancillaire à frotter uniformes et drapeau, n’hésitant pas pour cela à verser dans le complotisme. L’Obs évoque une « énorme manip » sans avancer le moindre fait à l’appui de cette grave accusation. Le Monde développe longuement l’hypothèse complotiste, qui serait confortée selon ses « journalistes » par... la concordance des témoignages ! L’ignoble est atteint quand ces mêmes « journalistes » affirment que ces enfants affamés « pourraient mentir contre quelques billets », sans préciser qui aurait distribué ces billets. Ils concluent que l’établissement des faits serait impossible, alors que le premier recueil des témoignages a été remarquablement fait par un travailleur social en charge de la protection des enfants. En dépit de tous ces éléments, la journaliste Nathalie Guibert affirme qu’« on est dans quelque chose d’irrationnel », quand la seule chose invraisemblable est ce prétendu complot.
Après ce tir de barrage gageons que l’instruction judiciaire, enfin engagée il y a quelques jours, va s’enliser indéfiniment, telle celle ouverte à la suite de plaintes de victimes rwandaises contre l’armée française, notamment pour des viols commis en 1994. Si jamais un procès a lieu on assistera au lamentable spectacle donné par celui des militaires lyncheurs de Firmin Mahé, où l’on a vu le ministère public glorifier les accusés. Quant à l’affaire de Bouaké, dont les victimes étaient des soldats français, elle semble définitivement ensevelie sous les mensonges ministériels.
De tels crimes sont appelés à se répéter. Tant que l’armée française en Afrique restera au-dessus des lois, elle attirera irrésistiblement dans ses rangs pédophiles et autres criminels, qui sauront pouvoir y trouver un sanctuaire d’impunité grâce à l’active complicité des autorités civiles et militaires et des organes d’information. En souillant ainsi des êtres sans défense, on ne lave certainement pas l’honneur de l’armée française : on y ajoute le déshonneur des autorités politiques et du journalisme français.