Edwy Plenel, le nouveau prêcheur du Qatar Par Jacques Marie Bourget Mondafrique
Al-Doha Magazine, l'équivalent de la Pravda version wahhabite, a publié les bonnes feuilles du dernier livre d'Edwy Plenel, le croisé de la Liberté, de la Justice et du Droit. Cherchez l'erreur!
Savez-vous quel journal a été créé par le gouvernement du Qatar, juste après l'Indépendance alors que l'Emir d'alors venait de créer la feuille officielle qui publie les lois et décrets? Ne cherchez pas, il s’agit d’Al-Doha Magazine, dont le premier numéro est sorti ... en 1969. Si je vous fais ce petit résumé –non pas le la « presse » qui n’existe pas- mais de la chose imprimée dans cette dictature du Golfe, c’est pour vous faire comprendre que ce « journal » n’est qu’un fait du prince. Et pourtant c’est là, dans ce goulag de mots, que l’exemplaire Edwy Plenel a choisi de publier la traduction en arabe de son livre « Pour les Musulmans ».
La nouvelle peut sembler loufoque mais elle est vraie, Plenel l’homme dont l’essence est la liberté, et la vérité aussi, choisi de populariser sa prose par le truchement d’un état totalitaire capable de condamner un poète à la prison à vie. C’est un peu comme si sous Franco, Bernanos avait fait publier ses « Grands Cimetières sous la Lune » par l’agence officielle franquiste.
Amis du Qatar=Amis de Mediapart
Quelle ambition peut pousser l’investigateur moustachu à perdre pas mal de son honneur dans une telle aventure ? En tant que qatarologue, j’observe que Mediapart n’a jamais posé un mot de travers à propos de Dominique de Villepin qui est à la fois un ami d’Edwy et un tuteur pour le Qatar dont il est, depuis des lustres -mais l’encre lui manque- chargé d’écrire la Constitution. J’observe aussi que le fondateur de Mediapart, le site qui n’a pas peur de la vérité, a un autre ami nommé Tarik Ramadan. Un Frère musulman qui a le gite et le couvert (en vermeil) en permanence à Doha.
Bon : sous prétexte que deux de vos amis ont des fréquentations infréquentables, est-ce une raison pour aller exposer sa prose chez ces hommes de petite vertu ? Non, bien sûr. Et comme Edwy n’est pas homme à pactiser avec une monarchie absolue au prétexte qu’elle est riche… on se demande quel coléoptère a piqué notre confrère. Outre celle de Villepin et l’autre de Ramadan, sans doute le coup d’une « troisième équipe » ?