Margot Wallstrom, la ministre suédoise des Affaires étrangères, a condamné les Nations Unies pour avoir suspendu Anders Kompass, l’homme qui a diffusé les documents concernant les abus sexuels perpétrés par des soldats français en Centrafrique.
«Lorsque quelque chose de pareil arrive, cela entache la crédibilité de toutes les Nations unies. On pourrait remettre en question tout le traitement de ce cas à Genève et les agissements constatés à l’égard d’Anders Kompass», a estimé Margot Wallstrom sur les ondes de la chaîne de télévision suédoise SVT.
La ministre a ajouté qu’elle avait obtenu l’approbation pour l’ouverture d’une enquête indépendante sur le traitement du cas d’Anders Kompass, suspendu par l’ONU le 17 avril 2015. Cet agent humanitaire de l’ONU qui participe à des missions depuis plus de 30 ans, a été suspendu pour avoir transmis en aout 2014 le rapport sur les crimes sexuelles des casques bleus français à la justice française, suite au manque de réaction constaté au sein des Nations Unies.
«C’est bien d’avoir une enquête indépendante et, je l’espère, rapide sur ce qui s’est passé. J’ai parlé à quelques participants [de la rencontre à Johannesburg], qui ont également avoué qu’ils voulaient se prononcer sur ce problème. Ceux qui ont participé aux efforts de maintien de la paix en envoyant des soldats doivent montrer qu’ils prennent ce type de signaux au sérieux», a-t-elle ajouté.
Le rapport accablant accuse des soldats français d’avoir abusé sexuellement de jeunes enfants affamés en leur offrant de la nourriture contre des faveurs en République centrafricaine. Ces casques bleus étaient censés les protéger alors qu’ils vivaient dans un centre pour déplacés à Bangui. Les faits auraient été commis de décembre 2013 à juin 2014.
De mai à juin 2014, un membre du département du Haut-commissaire pour les droits de l’homme et un spécialiste de l’UNICEF ont interrogé des enfants qui ont fait état d’abus sexuels.
La suspension du lanceur d’alerte a été annulée le 6 mai 2015 suite à la décision d’un tribunal de l’ONU expliquant que «les dégâts infligés à la réputation de demandeur sont irréparables et ne pourront pas être indemnisés d’une façon adéquate par la suite».