Quand le géant Gunvor actionnait les réseaux Tomi au Gabon Par Agathe Duparc Mediapart
À Genève, les ennuis judiciaires de Michel Tomi, le « parrain des parrains », ne passent pas inaperçus. Le géant du négoce pétrolier Gunvor avait fait appel aux connexions du sulfureux Corse et de son fils Jean-Baptiste auprès du président gabonais. Les langues se délient, alors que la société s’est déjà brûlé les doigts dans plusieurs affaires en Afrique.
Genève, de notre correspondante. - C’était il y a quelques années : le groupe Gunvor, alors détenu pour moitié par Gennadi Timtchenko, un Russo-Finlandais intime du président Vladimir Poutine aujourd’hui sous sanctions américaines, voulait conquérir le marché africain. Une manière de prouver que le trader russe, jusqu’alors considéré comme le robinet du Kremlin, pouvait se diversifier.
Dans cette course à l’or noir, tout a été mis en œuvre pour constituer des réseaux et s’acheter des soutiens. C’est ainsi que le géant du négoce qui souhaitait, entre autres, s’implanter au Gabon – 4e producteur pétrolier en Afrique subsaharienne – a fait appel en 2010 au réseau de Michel Tomi et de son fils Jean-Baptiste, alias « Bati », comme l'a appris Mediapart. Tomi père est aujourd’hui la cible d’une vaste enquête en France pour « blanchiment aggravé », « abus de biens sociaux », et sous la loupe des enquêteurs pour ses présumés liens de corruption avec plusieurs président africains, dont le président gabonais.
À l’époque, les Corses sont à la tête d’un empire qui pèse 600 millions de dollars et ils entretiennent des liens quasiment familiaux avec les Bongo. Leur groupe Kabi possède notamment le PMU du Gabon et le Casino Croisette à Libreville, une société de transports aériens et des entreprises de BTP.
Dans deux rapports de synthèse, les enquêteurs de police judiciaire française ont recensé les marchés (mines d’or, construction de chemins de fer, vente de navires militaires) sur lesquels « le parrain des parrains » intervenait régulièrement auprès « des décideurs publics de plusieurs pays (Tchad, Mali, Gabon) » pour le compte de sociétés commerciales françaises et chinoises, « organisant par exemple des rendez-vous ou étant intéressé financièrement aux projets », selon les conclusions de l’Office anticorruption de la PJ.
À cette liste s’ajoute le pétrole, comme l'a aussi confirmé une source judiciaire...
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