Figure incontournable de la société civile nigérienne, Ali Idrissa défend la mise en place d'un partenariat plus équilibré entre Areva et le Niger. Pour lui, le géant de l'uranium français utilise en partie ses actuels déboires financiers comme un prétexte pour faire pression sur ses filiales nigériennes.
Importante figure de la société civile nigérienne, Ali Idrissa, président du "Réseau des Organisations pour la Transparence et l'Analyse Budgétaire" (ROTAB), livre depuis plusieurs années une véritable bataille contre le géant français de l'uranium Areva. Installée au Niger depuis 1971 à travers ses deux filiales Somaïr et Cominak, l'entreprise est accusée de refuser de se plier à la loi nigérienne de 2006 faisant passer la redevance minière de 5 à 12% pour toutes les entreprises oeuvrant dans le secteur minier. Fin 2013 et début 2014, en pleine renégociation du contrat d'exploitation des mines d'uranium qui était arrivé à échéance le 31 décembre 2013, plusieurs manifestations avaient eu lieu dans le pays à l'initiative du Rotab pour revendiquer un partenariat plus équilibré entre le Niger et Areva.
Un accord avait finalement été conclu après 18 mois de pourparlers faisant bel et bien passer la redevance de 5 à 12% tout en exemptant Areva de TVA. Ali Idrissa regrette cependant l'opacité dans laquelle se sont déroulés ces négociations et souligne que l'accord n'a toujours pas été rendu public. "Nous réclamons du gouvernement, si tant est qu'il a bel et bien signé la nouvelle convention avec Areva, de la publier comme cela est prévu par la constitution nigérienne."
Concernant les possibles répercussions des déboires financiers d'Areva dont le déficit s'élève à 4,8 milliards d'euros sur ses filiales nigériennes, Ali Idrissa invite à ne pas confondre les pertes internationales du groupe et les capacités de productions des sociétés nigériennes qui, selon lui, "se portent à merveille". "Ce sont de mauvais choix de gouvrenance économique qui ont mené Areva à cette situation. Cela n'a rien à voir avec les filiales au Niger". Enfin, il regrette que le géant français envisage un plan de restructuration au Niger pouvant conduire à perte de plusieurs milliers d'emplois. "C'est une manière pour Areva de faire pression sur le peuple nigérien qui n'a jamais cessé de réclamer de pouvoir faire son développement avec les ressources du sous-sol du payx".