Narenda Modi, premier-ministre indien, a soutenu le discours d'un député indien selon lequel le Royaume-Uni doit payer pour avoir détruit l'économie de l'Inde pendant la période de la colonisation.
Shashi Tharoor, parlementaire et membre du parti Congrès national indien, a demandé que le Royaume-Uni paye des réparations à l'Etat indien pour l'avoir utilisé comme source d'enrichissement pendant près de 200 ans.
La vidéo du discours enflammé du parlementaire prononcé lors de l'Oxford Union a fait le buzz sur Internet — elle a reçu plus de 1,5 million de vues sur Youtube en quelques jours.
"Le discours de M.Tharoor est le reflet des sentiments patriotiques des Indiens et a montré les effets que peuvent avoir des paroles accompagnées de bons arguments et prononcées au bon moment", a fait remarquer le premier-ministre en commentant le succès de l'intervention de Shashi Tharoor qui a été qualifiée de "brillante" par la presse indienne.
"La montée en puissance du Royaume-Uni qui a duré pendant 200 ans a été financée par le pillage de l'Inde", estime M.Tharoor.
Effectivement, plusieurs historiens constatent que la gouvernance britannique exercée pendant la période coloniale a eu des conséquences négatives pour le développement de l'Inde. Les matières premières ainsi que la production agricole ont été utilisées au bénéfice du Royaume-Uni qui est devenu un pays industriel puissant. Dans le même temps, les industries artisanales indiennes n'ont pas pu résister à la compétition avec les marchandises britanniques importées massivement sur les marchés locaux. L'ensemble des facteurs a contribué au fait que pendant longtemps l'Inde est restée un Etat féodal.
L'Inde est devenue indépendante en 1947 après des années de lutte contre le système colonial imposé par les Britanniques.
La popularité du discours fait par le membre du parti d'opposition ainsi que le soutien exprimé par le premier-ministre indien montrent qu'aujourd'hui la majorité des Indiens sont d'accord sur le fait que Londres doit répondre pour toutes les atrocités faites pendant l'ensemble de la période.
Le Royaume-Uni, qui a proposé un projet de résolution pour qualifier le massacre de Srebrenica de génocide, refuse pourtant d'admettre certaines de ses fautes.
Ainsi, Rakesh Krishnan Simha, journaliste et analyste des questions d'actualité internationale, a fait remarquer que la famine du Bengale de 1943 pourrait être considérée comme une extermination volontaire des Indiens initiée sur ordre de Winston Churchill.
En effet, la politique de la terre brûlée menée par les Britanniques dans cette région dans le contexte de la Seconde Guerre mondiale, a provoqué la mort d'au moins trois millions d'Indiens.
Selon M.Simha, le premier-ministre britannique de l'époque en était conscient, mais il continuait cette politique volontairement sans prendre aucune mesure pour sauver la population locale de la famine.
Plusieurs facteurs empêchent de rétablir la justice, estime Rakesh Krishnan Simha. Tout d'abord, ce n'est pas dans l'intérêt du Royaume-Uni de reconnaître des crimes atroces de ce genre. Ensuite, une partie de l'élite indienne a réussi à créer des liens de proximité avec les élites britanniques, c'est pour cela que la commémoration de pareilles tragédies n'existe pas, conclut le journaliste.