Deux jeunes britanniques qui préparaient un attentat contre la reine ont été éliminés par un drone anglais en Syrie à la fin du mois d'août. Le Premier ministre s'en est expliqué devant le Parlement qui redoute le dévoiement de cette technologie.
Retour de vacances mouvementé pour David Cameron. Le Premier ministre britannique, qui s'exprimait pour la première fois devant la Chambre des Communes depuis la rentrée, a admis que son gouvernement avait éliminé deux jeunes hommes qui fomentaient une attaque sur le sol anglais. Levée de boucliers de la part de l'opposition qui dénonce une utilisation illégale des drones et une possible dérive à l'américaine dans leur utilisation.
C'est le 21 août dernier que Reyaad Khan, 21 ans, et Ruhul Amin, 26 ans, ont été éliminés par un drone britannique alors qu'ils circulaient à bord d'un véhicule dans les environs de Raqqa en Syrie. «En plus de Reyaad Khan qui était la cible de la frappe deux de ses associés ont également été tués, dont l'un, Ruhul Amin, qui a été identifié comme un ressortissant britannique. Ils étaient combattants de Daesh et je peux confirmer qu'il n'y a pas eu de victime civile» a solennellement déclaré David Cameron. Un troisième anglais a été tué par une frappe américano-anglaise trois jours plus tard, Junaid Hussain.
David Cameron a par ailleurs donné quelques détails sur les raisons de cet assassinat. Selon le Premier ministre, la décision a été prise il y a déjà plusieurs mois après que des preuves, montrant que ces jeunes hommes préparaient des attentats sur le sol anglais, lui ont été apportées. Reyaad Khan et Junaid Hussain avaient l'intention d'attaquer lors de grands événements commémoratifs. La date du 10 mai, avec la cérémonie de l'Abbaye de Westminster présidée par la reine, faisait partie des cibles de ces terroristes. Pour le Premier ministre: «nous devons nous faire aucune illusion. Leur intention était bien d'assassiner des citoyens britanniques».
David Cameron faisant valoir l'urgence de la situation pour se passer d'un vote du Parlement a justifié cette attaque au nom de la «légitime défense». Un argument balayé par l'opposition. Jeremy Corbyn, qui pourrait prendre la tête du Labour, a ainsi déclaré: «J'ai remis en cause la base juridique de l'utilisation de ces drones. Il est urgent que nous ayons un processus approprié qui permette de savoir sur quels éléments de preuve de telles attaques peuvent être menées et sur quelle base de droit».
Quant à David Davis, ex-secrétaire d'état à l'Intérieur du cabinet fantôme conservateur, s'il pense que l'action pouvait être justifiée dans ce cas, il craint que l'habitude soit prise de tuer les ennemis par drones. «Ce qui me préoccupe c'est la possibilité que cela devienne quelque chose de routinier un peu comme le font les Américains» a-t-il déclaré. Même crainte chez la députée verte Caroline Lucas. «Il y a un risque réel de suivre le modèle américain avec ses frappes secrètes. Elles sont souvent contre-productives et tout à fait illégales» a lancé la parlementaire avant de poursuivre «mais le Premier ministre nous a assuré qu'il avait été assuré de la légalité de cette action. Il serait très opportun que le Parlement puisse aussi en juger sur pièce».
David Cameron a d'ailleurs déclaré que son pays se joindrait à la France pour procéder à des raids aériens visant les djihadistes de Daesh en Syrie préparant des attentats en Europe.