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Fabius ne dit plus « Bachar ne mérite pas d’être sur la terre » mais l’associe encore à Daech (ASI)

par Sylvia Cattori 11 Septembre 2015, 00:58 Syrie France Fabius Assad EI

Fabius ne dit plus « Bachar ne mérite pas d’être sur la terre » mais l’associe encore à Daech (ASI)

Entretien de Laurent Fabius avec « Le Parisien » (08.09.2015)

Après les déclarations de François Hollande sur la possibilité de frappes françaises en Syrie, le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a fait le point sur la situation du pays. Entretien.

Le patron du Quai d’Orsay préside aujourd’hui à Paris une conférence de l’ONU sur les minorités ethniques persécutées par Daech.

Un an après la constitution d’une coalition internationale contre Daech en Irak et en Syrie, le groupe terroriste semble toujours aussi actif sur le terrain. Comment lutter plus efficacement ?

LAURENT FABIUS.

Pour éradiquer ces terroristes, il faut notamment redonner aux Syriens une perspective politique. Il est donc prioritaire d’accélérer les négociations pour installer à Damas un gouvernement de transition, composé à la fois d’éléments du régime et d’éléments de l’opposition modérée, sans la domination de Bachar. Ce qui alimente Daech, c’est le chaos et le désespoir dont Bachar al-Assad porte la responsabilité en Syrie. Tant que la transition ne sera pas en marche, les efforts nécessaires de la coalition ne seront pas suffisants.

François Hollande a annoncé que la France pourrait désormais frapper en Syrie…

Oui. Car en même temps, il faut être militairement actifs, puisque Daech nous menace gravement. Depuis des mois, nous nous mobilisons pour lutter contre la radicalisation, pour remonter les filières terroristes qui nous menacent, pour identifier et surveiller les individus qui, depuis la Syrie ou sur notre territoire, voudraient perpétrer des attentats en France. Nous devons amplifier cet effort. C’est le sens des décisions annoncées hier par le président de la République : nous renforçons notre capacité de renseignement par des vols de reconnaissance, pour nous mettre en mesure de frapper, si la situation le justifiait.

Selon notre sondage publié dimanche, 61 % des Français sont favorables à une intervention militaire au sol. N’est-ce pas la seule solution pour se débarrasser de l’EI ?

Pour mener une telle opération il faudrait plusieurs dizaines de milliers d’hommes, avec probablement de lourdes pertes. Et pour quel résultat ? Pensons aux précédents de l’Irak ou d’Afghanistan ! Les déploiements militaires au sol ont-ils permis dans ces deux cas de venir à bout du terrorisme ? Dans ces deux pays, les opérations n’ont commencé à produire des résultats, tardivement, qu’une fois la dynamique politique enclenchée. C’est cet objectif que nous devons poursuivre en priorité. Alors, ce sont les Syriens eux-mêmes, avec notre appui s’ils le sollicitent, qui pourront vaincre Daech. De toutes les façons, ce sera un effort de longue haleine.

Certains reprochent à Paris de refuser tout dialogue avec Bachar al-Assad…

N’oubliez pas que la famille du petit Aylan, retrouvé mort sur les côtes de Turquie, fuyait la menace non seulement de Daech mais aussi d’Assad [ Cette famille ne fuyait pas la guerre, mais c'est aidés et mal conseillées par des proches au Canada qu'elle a décidé de rejoindre clandestinement l'Europe car le père avait besoin de se refaire les dents-Ndlr].

Lire la suite: http://fr.sputniknews.com/points_de_vue/20150909/1018073345.html#ixzz3lGXfGO3K]. Que pouvons-nous attendre d’un homme à l’origine même du chaos syrien, que le secrétaire général des Nations unies a qualifié de criminel contre l’humanité [Ndlr- qui peut nous apporter la preuve de ce que Fabius affirme ici?] et qui continue de bombarder son propre peuple ? J’ajoute que la complaisance et les liens souterrains qui existent entre Bachar al-Assad et Daech sont connus. Dans le même temps, nous savons que nous aurons certainement besoin d’éléments stables du régime syrien pour lutter contre Daech et rétablir, si c’est encore possible, une Syrie où chaque communauté pourra voir respecter ses droits. C’est pourquoi nous devons travailler au plan international à une transition politique, dans laquelle Bachar ne détiendra pas le pouvoir. Sinon, Daech continuera de prospérer.

La France va accueillir 24 000 migrants syriens supplémentaires. Est-ce suffisant ?

Quatre millions de réfugiés, trente millions de personnes déplacées par la guerre : la France et l’Union européenne ont un devoir d’assistance devant l’ampleur du drame syrien. Depuis le début du conflit, 6 268 Syriens ont obtenu le statut de réfugié en France. Le président s’est engagé à faire davantage. Mais la France et l’Allemagne ne peuvent agir seules. Tous les pays de l’Union européenne doivent prendre leur part, équitablement. Face à ce drame d’une ampleur inédite, l’Europe doit être fidèle à ses valeurs. La solidarité, c’est aussi soutenir le Liban, la Jordanie, la Turquie ou l’Irak qui supportent bien plus largement que nous le poids des réfugiés. Deux millions de Syriens sont aujourd’hui en Turquie ; plus d’un million au Liban, c’est-à-dire entre un cinquième et un quart de la population. La France y a consacré près de 100 M€. J’annoncerai aujourd’hui un nouvel effort financier en ce sens.

Source: http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/le-ministre-les-secretaires-d-etat/laurent-fabius/presse-et-media/article/entretien-de-laurent-fabius-avec-le-parisien-08-09-2015

***

Syrie – Entretien de M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères et du développement international, avec «RTL» (Paris, 08/09/2015)

Q – Bonjour Laurent Fabius.

R – Bonjour. Ravi d’être avec vous.

Q – Il y a pratiquement quatre millions de réfugiés syriens et irakiens en Turquie, au Liban, en Jordanie, vous ouvrez aujourd’hui une conférence internationale pour tenter de maintenir ces réfugiés dans la région plutôt qu’ils ne viennent en Europe, ce n’est pas illusoire ?

R – C’est très difficile et si tous ces réfugiés et ce qu’on appelle les minorités viennent en Europe ou ailleurs, cela veut dire que Daech a gagné la partie. Il faut leur laisser la liberté de choix. Et la conférence que j’ouvre aujourd’hui avec mon collègue jordanien, c’est précisément pour essayer que le Moyen-Orient puisse rester le Moyen-Orient, c’est-à-dire une région de diversité, où il puisse y avoir aussi des chrétiens, des Yézidis, etc. C’est très compliqué, cela passe par des décisions concrètes sur le logement, sur la sécurité, sur l’impunité. Mais il est très important que cette notion de diversité au Moyen-Orient puisse être conservée.

Q – Oui, mais vous voulez sonner le tocsin, réveiller les consciences, mais il faut beaucoup d’argent pour maintenir ces personnes qui sont totalement démunies au Liban. Le Liban où un tiers de sa population sont des réfugiés maintenant.

R – C’est énorme, il y a déjà un effort énorme qui est fait, vous avez raison, par le Liban, par la Jordanie, par toute une série de pays, et il faut saluer cet effort mais il faut aussi les aider. Il y a aussi des aspects financiers et des décisions à prendre pour que l’on ne se résigne pas à ce qu’il n’y ait qu’une espèce de mono-couleur au Moyen-Orient, parce que c’est complètement contradictoire avec la réalité du Moyen-Orient.

Q – Mais justement, ces minorités, notamment les chrétiens par exemple, on les entend, ils disent : bon, ASSAD, ce n’est sans doute pas quelqu’un de formidable, mais enfin, au moins, avec lui, on était protégé par rapport aux islamistes…

R – Ce n’est pas exact, regardez et, même si cela ne répond pas exactement à votre question, le petit garçon kurde syrien, dont l’image terrible a ému la planète entière. J’ai entendu son père qui au départ était dans les geôles d’Assad, puis a été à Kobané, et il a dû en partir à cause de Daech. Aussi c’est un sentiment erroné que de penser que c’est Bachar Al-Assad qui va protéger la diversité et protéger la Syrie.

Q – Les chrétiens se trompent ?

R – Je ne vais pas porter un jugement de ce type. La vraie solution, on le sait, c’est une solution politique très difficile, mais absolument indispensable et, évidemment, ça ne peut pas être les terroristes qui l’emportent en Syrie. Mais si c’était Bachar Al-Assad, il repousserait dans les bras des terroristes tous ceux qu’il a persécutés, et la véritable solution à laquelle nous travaillons, c’est une solution où il y aura à la fois des éléments du régime, mais sans Bachar Al-Assad et des éléments de l’opposition. Et c’est là-dessus que nous discutons, à la fois avec les populations arabes, avec les Russes, avec les Iraniens et avec les Américains.

Q – Mais est-ce que le sort de Bachar Al-Assad n’est pas quelque chose qui bloque la situation ? Aujourd’hui, vous voulez par exemple faire établir que tous les criminels doivent être poursuivis, est-ce que Bachar Al-Assad devra être jugé par un tribunal international ?

R – Le secrétaire général des Nations unies, M. Ban Ki-moon, a dit que c’était un criminel contre l’humanité. Il faudra trouver évidemment une solution pour Bachar Al-Assad, mais je pense qu’un homme tout seul ne peut pas faire obstacle à la solution…

Q – Mais, après tout, c’est lui quand même qui dirige. Il y a actuellement des assassinats de gens qui pourraient être tentés, y compris proches de lui, de s’entendre pour une solution de transition ?

R – Il faudra qu’on trouve des éléments du régime et des éléments de l’opposition pour aller vers cette transition politique, voilà, ça, c’est clair…

Q – Pour obtenir son départ, il n’est pas nécessaire de lui faire la guerre directement à lui aussi, en envoyant des soldats ?

R – Non, ce n’est pas ce qui est envisagé. Là, nous luttons contre Daech, vous avez vu les décisions qui ont été prises hier par le président de la République, mais en même temps, Bachar Al-Assad lui-même ne peut pas être la solution. On est là, l’ONU a un petit peu avancé, il y a eu une résolution qui a été adoptée pour une fois à l’unanimité. On travaille, même si c’est long, difficile et contradictoire, avec à la fois les populations arabes, les Américains, les Russes et les Iraniens. Et c’est ça la diplomatie.

Q – Alors les Russes et les Iraniens, comment les convaincre d’admettre l’idée qu’ils vont perdre leur allié dans la région ?

R – Ce que nous leur disons, c’est : «vous ne voulez pas du chaos, vous ne voulez pas de Daech». Or, aujourd’hui, c’est le chaos en Syrie et Daech est en train de gagner du terrain. Aussi discutons ensemble pour voir quelle est la solution de transition politique qu’on peut envisager, et ça ne veut pas dire que vous perdrez votre influence, mais là, on va vers un chaos grandissant, puisque vous avez face à face des masses qui se détruisent.

Q – Et Vladimir Poutine pourrait accepter de participer à ces discussions, alors que nous avons des sanctions contre lui ?

R – C’était un autre aspect…

(…)

Q – Et il est vraiment possible de mettre autour d’une même table monarchies du Golfe, Arabie Saoudite et l’Iran, les sunnites et les chiites…

R – C’est très difficile.

Q – Qui passent leur temps à se faire la guerre…

R – C’est très difficile, mais c’est là où la diplomatie peut être utile, on peut très bien envisager, par exemple, qu’il y ait les cinq membres permanents du Conseil de sécurité qui discutent, d’une part, avec l’Iran, et d’autre part, avec l’Arabie Saoudite.

Q – Cela va prendre du temps ?

R – Malheureusement, oui.

(…)

Q – Une dernière question, Laurent Fabius, les survols français annoncés hier par le président de la République au-dessus de la Syrie ont-ils commencé ?

R – La pratique, c’est de rendre compte des vols lorsqu’ils ont eu lieu.

Q – Donc vous le savez, mais nous ne le savons pas.

R – Pas encore./.

Source: http://basedoc.diplomatie.gouv.fr/vues/Kiosque/FranceDiplomatie/index.php?type=bafr#Chapitre1

***

VIDEO: Discours [du Président Hollande] au forum mondial Convergences

VIDEO: Moyen-Orient : [Président Hollande:] “Nous devons mener un combat pour la paix et la coexistence”

Compilation d’articles par ASI

URL : http://arretsurinfo.ch/fabius-ne-dit-plus-bachar-ne-merite-pas-detre-sur-la-terre-mais-lassocie-encore-a-daech/

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