En 1979, Robert Boulin est ministre du Travail et de la Participation du troisième gouvernement de Raymond Barre, sous la présidence de Valéry Giscard d'Estaing. Selon certains gaullistes, il compte parmi les potentiels premiers-ministrables du moment. Mais à l'automne, des lettres anonymes envoyées à la presse l'accusent d'avoir acquis illégalement une garrigue à Ramatuelle, dans le Var. Boulin conteste ces accusations et assure avoir la conscience tranquille. Le 30 octobre, son corps inanimé est retrouvé dans un étang de la forêt de Rambouillet. Son décès est présenté comme un suicide, mais sa famille et plusieurs journalistes penchent vers d'autres thèses...
Téléfilm Pierre Aknine - (France, 2012, 90 minutes). Avec François Berléand, Philippe Torreton, Florence Muller...
"Dans son téléfilm, Crime d'Etat, produit par Jean-Pierre Guérin, qui était alors journaliste à Antenne 2 en 1979 et a suivi cette affaire, le réalisateur Pierre Aknine a choisi délibérément la thèse de l'assassinat. Ce parti pris est implacable. Il raconte comment et pourquoi Robert Boulin a été tué à travers le récit de François Berléand, qui interprète l'ancien ministre de manière magistrale." Le Monde
Mais le téléfilm va plus loin et pourrait faire grincer certains dentiers des barons de la chiraquie. Il appuie la thèse de l’assassinat maquillé en suicide orchestré par Jacques Foccart, "le Sphinx", l’homme de la Françafrique et du SAC, cette police parallèle chargée des basses oeuvres du gaullisme, rallié à Jacques Chirac en pleine guerre des droites.
Car Boulin, pressenti comme Premier ministre de VGE - au grand dam de Chirac, qui voyait dans cette nomination un obstacle à sa stratégie présidentielle - aurait eu en sa possession des dossiers explosifs sur le financement occulte du RPR par les réseaux africains de Foccart. Et menaçait de tout balancer si les chiraquiens continuaient à le décrédibiliser avec l’affaire des "terrains de Ramatuelle". Le téléfilm montre ainsi une séquence entre Chirac et Foccart : "Je ne pourrai pas longtemps maîtriser Boulin", lâche le Sphinx devant un Chirac silencieux, donc consentant…
Cette scène a-t-elle existé? "C’est une hypothèse extrêmement vraisemblable, assure Pierre Aknine. Au moment de la création du RPR, Chirac rendait souvent visite à Foccart. Il a donné son “feu orange”, selon l’expression de De Gaulle." Comprendre : "Faites ce que vous voulez, mais si vous vous faites prendre, je n’y suis pour rien." Encore plus ambiguë, cette autre séquence où l’on voit Boulin se rendre chez Foccart, le jour de sa mort, laissant penser que le ministre a été assassiné dans le manoir du Sphinx. Un petit arrangement avec la réalité. "Il n’a pas été tué dans la maison de Foccart", convient Pierre Aknine, qui revendique au nom de la fiction "le droit à la licence artistique, sans trahir la vérité". JDD
Sources : - Crime d'Etat Téléfilm Pierre Aknine - (France, 2012, 90 minutes). Avec François Berléand, Philippe Torreton, Florence Muller... - JDD Robert Boulin, un crime d’État? - Le Monde "Crime d'État", un téléfilm choc sur l'affaire Boulin