Honte à l’Amérique qui n’accueille aucun réfugié! Philippe Duval Mondafrique
Malgré le soudain réveil des consciences occidentales en faveur des réfugiés, il y en a un qu'on entend pas, Barak Obama. Son pays est le premier responsable de la déstabilisation du Moyen-Orient.
Quatre millions de Syriens (sur une population de 22 millions en 2011) ont déjà fui leur pays en guerre, et le nombre de cinq millions devrait être atteint fin 2015. Pour l'immense majorité d'entre eux, ils ont trouvé refuge en Turquie, au Liban, en Jordanie mais pas dans les monarchies du Golfe qui leur ferment leurs frontières. Quelques dizaines de milliers ont réussi à atteindre l'Europe par la route hongroise, par la Grèce ou par l'Italie.
Réveil des consciences
La photo choc de l'enfant syrien noyé sur une plage a réveillé quelques consciences, dont celle de David Cameron, grand fauteur de guerre en Libye, qui, sous la pression de son opinion publique, annonce que la Grande-Bretagne va accueillir quinze mille syriens. François Hollande, qui en 2012, avait voulu embarquer son allié américain dans le bombardement des positions du régime d'Assad, s'apprête, lors de sa conférence de presse de ce lundi, à annoncer, dans un salutaire éclair de lucidité, qu'il ne considère plus Assad comme son ennemi principal et qu'il va désormais envoyer des Rafale pilonner les barbares de Daesh.
Dans ce concert, il y en a un qu'on entend pas, c'est Barak Obama, le président américain. Son pays est le premier responsable de la déstabilisation du Moyen-Orient créée par les interventions militaires en Irak, en Afghanistan par les Bush et leur équipe de néocons. A ce titre, il devrait être le plus grand contributeur dans l'accueil de réfugiés. En 2014, on a atteint le chiffre record de vingt millions de réfugiés dans le monde et les pays occidentaux riches en ont accueilli cent cinquante mille. A ce jour, les Etats-Unis ont ouvert leurs frontières à 1234 syriens, soit une moyenne de 250 par an depuis 2011. Une misère.
18 mois pour l'accueil d'un réfugié
John Kerry, le secrétaire d'Etat, s'est fendu cette semaine d'une déclaration à CNN pour dire deux choses: 1. "Il s'agit d'une situation très grave". 2. "On essaye de réfléchir à différents moyens pour tenter d'apporter une contribution afin de régler la crise". La bonne nouvelle, c'est que, à l'image de François Hollande, les Occidentaux essayent désormais de réfléchir aux conséquences des guerres qu'ils ont provoqué. La mauvaise, c'est que la politique américaine en matière d'accueil ne va pas changer. Craignant que des terroristes ne s'infiltrent dans les rangs des migrants, les Américains ont compliqué les procédures d'enquêtes qui peuvent durer jusqu'à dix-huit mois. Ce n'est donc pas demain la veille que Syriens rallieront en masse les rives de l'Oncle Sam, qui continuera cependant à déverser des millions de dollars sur des pays comme la Jordanie pour les aider à gérer des camps de réfugiés.
Formulons le voeu que nos dirigeants occidentaux, essayant désormais de commencer à réfléchir, trouvent une solution à la guerre en Syrie. Car, le meilleur sort qu'on puisse espérer pour un réfugié, c'est qu'il retrouve son pays d'origine pour y vivre en pays.
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