Le magistrat français Bernard Borrel fut assassiné à Djibouti dans la nuit du 18 au 19 octobre 1995. 20 ans après, Jeune Afrique revient sur cette affaire dont l'information judiciaire est toujours en cours. Premier volet.
Le 1er septembre 2015, le président de la chambre d’accusation de la cour d’appel de Paris dressait la liste de plusieurs actes d’instruction susceptibles de contribuer à la manifestation de la vérité dans un dossier qui fait figure d’archétype en matière de raison d’État « françafricaine » : l’assassinat à Djibouti, dans la nuit du 18 au 19 octobre 1995, du magistrat français Bernard Borrel.
Faux suicide
Vingt ans après son décès, d’abord présenté comme un suicide, l’instruction est toujours au point mort : aucune mise en examen n’a jamais été prononcée, l’identité des auteurs et commanditaires de l’assassinat n’est pas établie et aucun mobile incontestable n’est avancé pour expliquer l’assassinat de ce coopérant judiciaire manifestement devenu gênant.
« Leur objectif semble consister à réaliser quelques actes d’instruction avant de clore le dossier par un non-lieu », déclarait à Jeune Afrique, fin août, la veuve du magistrat, Elisabeth Borrel, peu après l’audience à huis clos tenue par la cour d’appel de Paris. « L’information judiciaire va se poursuivre, et des actes importants ont été demandés », rassure aujourd’hui son avocat parisien, Me Olivier Morice, cultivant l’espoir que des expertises ADN permettront d’identifier ceux qui ont déplacé le corps de Bernard Borrel après sa mort.
Raison d’État
Dans cette affaire, qui a empoisonné durablement les relations diplomatiques entre Paris et Djibouti, la raison d’État est manifestement tapie dans chaque recoin du dossier. « Il règne encore en France une omerta qui influe sur la découverte de la vérité », résume Me Morice.
À l’occasion du vingtième anniversaire de la mort de Bernard Borrel, Jeune Afrique revient sur les zones d’ombre entourant un assassinat qui embarrasse manifestement davantage les Français que les Djiboutiens.