Ceci est une véritable bombe délivrée par deux députés du Parti populaire républicain (Cumhuriyet Halk Partisi ou CHP) du Parlement turc et rapportés par Today's Zaman, l'un des principaux quotidiens en Turquie. Il soutient les révélations de Seymour Hersh selon lesquelles l'attaque au gaz sarin à La Ghouta était une attaque sous fausse bannière orchestrée par les services de renseignement de la Turquie afin de franchir la ligne rouge brandie par le Président Obama sur les armes chimiques pour entraîner les Etats-Unis à faire la guerre en Syrie pour renverser Assad. Cela relance la collusion de la Turquie avec des agents d'al-Qaïda en lien avec l'Etat islamique (EI) dans un crime de guerre qui a tué 1300 civils.
Rappelons aussi qu'à l'époque le "chef de guerre" français, François Hollande, sans aucun vote au Parlement était prêt à bombarder la Syrie d'Assad et qu'il n'a du y renoncer que parce que le Parlement britannique et le Congrès US ont refusé par vote démocratique l'entrée en guerre de leurs pays respectifs.
Voici la traduction intégrale de l'article de Today's Zaman.
Des députés turques du CHP : Le gouvernement turque s'oppose à l'enquête sur le rôle de la Turquie dans l'attaque chimique de La Ghouta en Syrie Article originel : CHP deputies: Gov’t rejects probe into Turkey’s role in Syrian chemical attack Today's Zaman, 21 octobre 2015. Traduction SLT
Deux députés du principal parti d'opposition, le Parti populaire républicain (Cumhuriyet Halk Partisi ou CHP) ont affirmé que le gouvernement turque refuse une enquête sur le rôle de la Turquie dans l'envoi de gaz sarin toxique qui a été utilisé dans une attaque contre des civils en Syrie en 2013 et dans lequel plus de 1.300 Syriens ont été tués.
Les députés Eren Erdem et Ali Seker ont tenu une conférence de presse à Istanbul mercredi dans laquelle ils ont affirmé que l'enquête sur les allégations concernant la participation de la Turquie dans l'achat de gaz sarin qui a été utilisé dans l'attaque chimique sur une population civile et livré au groupe terroriste de l'État islamique (EI) pour permettre l'attaque, a été entravée.
Prenant la parole en premier, Erdem a déclaré que le Bureau du Procureur en chef Adana a lancé une enquête sur les allégations selon lesquelles le gaz sarin a été envoyé en Syrie en provenance de Turquie via plusieurs hommes d'affaires. Un acte d'accusation a suivi concernant les allégations visant le gouvernement turque.
"Le MKE [Industrie Chimique et Mécanique Turque] est aussi un acteur qui est mentionné dans le dossier d'enquête. Voici l'acte d'accusation. Tous les détails sur la manière dont le sarin a été obtenu en Turquie et livré aux terroristes, avec des enregistrements audios, sont à l'intérieur du dossier" a déclaré Erdem en brandissant le dossier.
Erdem a également noté que le bureau du Procureur a effectué la surveillance technique détaillée et a constaté qu'un milicien d'Al-Qaïda, Hayyam Kasap, a acquis du gaz sarin, en ajoutant : "Les conversations téléphoniques interceptées révèlent le processus pour se procurer le gaz à des adresses spécifiques ainsi que le processus d'achat des roquettes qui tireraient les capsules contenant le gaz toxique. Cependant, malgré ces preuves solides n'y a pas eu de mise en détention dans l'affaire. Treize personnes ont été arrêtées au cours de la première étape de l'enquête, mais ont été libérées par la suite, réfutant les propos du gouvernement turque qui prétend combattre le terrorisme ", a déclaré Erdem.
Plus de 1.300 personnes ont été tuées dans l'attaque au gaz sarin de La Ghouta et de plusieurs autres quartiers proches de la capitale syrienne de Damas, l'Occident a aussitôt pointé du doigt très rapidement le régime de Bachar al-Assad tandis que la Russie a affirmé qu'il s'agissait d'une opération sous fausse bannière ("false flag") visant à rendre possible une intervention militaire des États-Unis en Syrie.
Les banlieues proches de Damas ont été frappées par des roquettes contenant le gaz sarin toxique en août 2013.
L'objectif de l'attaque était prétendument de provoquer une opération militaire étatsunienne en Syrie qui devait renverser le régime d'Assad en ligne avec l'agenda politique de l'époque, du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan et de son gouvernement.
Le député du CHP, Şeker, s'est exprimé ensuite après Erdem, soulignant que le gouvernement a trompé le public sur cette question en affirmant que le sarin avait été fourni par la Russie. Le but était de créer la perception que, selon Şeker, "Assad tuait à son peuple avec du gaz sarin qui nécessitait une intervention militaire étatsunienne en Syrie."
Il a également souligné que tous les fichiers et les éléments de l'enquête montrent qu'un crime de guerre a été organisé à l'intérieur des frontières de la République turque.
"L'enquête indique clairement que les personnes qui ont fait la contrebande des produits chimiques nécessaires n'ont été confrontées à aucune difficulté, ce qui prouve que les services de renseignement turques étaient au courant de leurs activités. Bien que ces personnes auraient dû être en prison pour leurs actes illégaux, pas une seule personne n'est en détention. Les anciens premiers ministres et le ministre de l'Intérieur devraient être tenus responsables de leur négligence dans l'incident" a commenté Şeker.
Erdem a également ajouté qu'il va lancer une plainte pénale contre les responsables, y compris ceux qui ont rendu un verdict de non-poursuite de l'enquête, de ceux qui n'ont pas empêché le transfert des produits chimiques et de ceux qui ont ordonné l'arrestation des suspects pour les relâcher ensuite.
Le Secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, a annoncé à la fin août qu'une enquête avait été lancée concernant les attaques au gaz sarin prétendument perpétrées soit par le régime d'Assad soit par les groupes rebelles syriens de défense en Syrie depuis que la guerre civile a éclaté en 2011.
Cependant, Erdem n'est pas la seule personne a accusé la Turquie d'une possible implication dans l'attentat au gaz sarin. Le lauréat du prix Pulitzer et journaliste, Seymour M. Hersh, a fait valoir dans un article publié en 2014 que le gouvernement turque était impliqué avec des groupes extrémistes syriens de défense contre le régime d'Assad.
Dans son article, Hersh déclarait qu'Assad n'était pas derrière l'attaque, comme le prétendaient les États-Unis et l'Europe, mais que la coalition turco-syrienne (de l'opposition) essayait de favoriser une intervention des Etats-Unis (de la France et de la Grande-Bretagne, NdT) en Syrie pour défaire le régime d'Assad.
Lire également : - Comment les djihadistes syriens ont maîtrisé la production du gaz sarin (London Review of Books) - London Review of Books The Red Line and the Rat Line. Seymour M. Hersh on Obama, Erdoğan and the Syrian rebels - London Review of Books Whose sarin ?