En soutenant Sassou, Hollande élargit sa collection de dictateurs Par Jacque Marie Bourget Mondafrique
Dimanche 23 octobre, les citoyens congolais sont invités à participer à un référendum qui est une farce électorale de plus. Son but, changer une Constitution qui entrave ses ambitions. Le 6 juillet dernier, dans la perspective d’élections au Burundi où, bafouant la constitution, le président sortant Pierre Nkurunziza tordait le cou à la loi pour procéder au rapt d’un nouveau mandat, c’est un François Hollande, très gardien de phare de la morale universelle, qui s’exprimait alors pour dénoncer la manœuvre du politicien. Il traçait une ligne rouge très vite effacée.
Car la loi d’airain est oubliée, le laissant faire sa sinistre cuisine, Paris a donné son feu vert à un Sassou pour qui il n’est pas utile de « respecter la Constitution ». Décision honteuse, indigne.
Donc, dans trois jours Sassou Nguesso, membre de la confrérie des dictateurs sans frontières (ce qui ne l’empêche pas d’être franc-maçon), va demander aux congolais s’ils sont d’accord pour modifier la Constitution… parions que la réponse sera oui. Après trente années de tyrannie ce chiffon de papier, quand même embarrassant, est un obstacle à l’épanouissement final de la carrière de Sassou, joyau de la Françafrique. Pour tout président de la République du Congo, elle fixe le nombre maximum de mandats à deux et limite l’âge de l’impétrant à 70 ans. Sassou, lui, entend prolonger ses mandats au nombre de trois, et oublier qu’il est âgé de 72 ans. Donc il y a urgence pour lui, comme trop souvent en Afrique, à modifier les règles pendant le match.
Proclamons dès maintenant Sassou III
Devant cette imposture, alors que Sassou fait croire au travers de sa « presse » que la France et la DGSE veulent le déboulonner, François Hollande reste lui-même, c’est-à-dire calamiteux. Ce référendum ? Pas grave, puisque Sassou est connu comme un grand démocrate incapable de bourrer les urnes et d’assassiner massivement ces citoyens. Le fiancé de Julie Gayet nous l’affirme avec force : que tout cela est juste. Une seule consigne, « Denis Sassou Nguesso peut consulter son peuple, ça fait partie de son droit et le peuple doit répondre. Ensuite il faut toujours veiller à rassembler, respecter et apaiser ». Voilà, la messe est dite et la doctrine valable pour le Burundi, évoquée plus haut, est envolée. Rappelons quand même les propos en béton tenus à ce moment-là, au début du dernier été par le passager de l’Elysée : « Le président de la République suit avec grande attention les événements actuels au Burundi. Il appelle toutes les forces en présence à renoncer à toute violence et à prendre les mesures nécessaires pour que le processus électoral au Burundi puisse reprendre le plus vite possible. Le président de la République rappelle qu’il avait souhaité, lors de son discours prononcé à Dakar, le 29 novembre 2014, que les Constitutions soient respectées et que les consultations électorales se tiennent dans des conditions de transparence incontestables. » La messe est dite. On se demande pourquoi dépenser tant de sous en mettant quelques urnes au coin des rues ? Proclamons dès maintenant le Sassou III.
Provocation criminelle de Fabius
Parallèlement l’exemplaire Laurent Fabius a reçu le ministre des Affaires étrangères congolais afin de bien boucler le paquet cadeau. « Cet entretien accordé par Laurent Fabius est une provocation criminelle, une insulte aux Congolais et à tous les démocrates africains. La France doit immédiatement annoncer la suspension de sa coopération militaire et policière avec le régime, et contribuer à isoler d’urgence les dirigeants congolais », a conclu Mathieu Lopes, vice-président de l’association qui lutte contre l’éternel lobby de la Françafrique, « Survie ».
Où est donc passé le François Hollande qui disait, le 12 octobre 2012, à Dakar : "C'est vers cette Afrique de demain que je suis tourné. Le changement viendra d'abord et avant tout des peuples. Les Africains ont pris leur destin en main et ce mouvement ne s'arrêtera pas" ? Puis affirmé le 19 septembre 2013, à Bamako : " Et nous avons adressé un exemple au monde. C’est quand le droit est bafoué, quand des femmes et des enfants sont massacrés, c’est à ce moment-là que la communauté internationale doit se lever et assurer la solidarité pour le droit et pour la reconnaissance des peuples" ? Tu l’as dit… Puis tu l’as plus dit !
Pourtant, en critiquant ainsi sa politique, comme ces mal élevés anti Françafrique, personne ne prend en compte les vraies urgences de François Hollande. Qui sont pourtant réelles. Lui qui entend réunir autour de lui la plus grande collection de dictateurs jamais regroupée par un président du pays des Droits de l’homme, il ne peut mégoter sur Sassou. Et, après l’émir du Qatar et le roi d’Arabie, par exemple, Sassou à la droit de rêver d’être sur le podium.