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L’Otan entre dans le “vif” de l’exercice de guerre (Il Manifesto)

par Manlio Dinucci 21 Octobre 2015, 17:51

L’Otan entre dans le “vif” de l’exercice de guerre (Il Manifesto)
L’Otan entre dans le “vif” de l’exercice de guerre 
Par Manlio Dinucci
Article original : il manifesto, 20 octobre 2015
http://ilmanifesto.info/a-trapani-lesercitazione-di-guerra-della-nato/

Traduction par Catherine-Marie

Cérémonie d’ouverture hier à la base aérienne de Trapani Birgi, de la Livex, l’exercice « réel » (avec 36.000 hommes, 60 navires et 200 avions) de l’exercice Otan Trident Juncture en cours en Italie, en Espagne et au Portugal. Il sert à tester la capacité de la « Force de réaction » (40 mille hommes), en particulier de la « Force de pointe à très haute rapidité opérationnelle » projetable en 48 heures en dehors de l’Otan vers l’Est et vers le Sud, dont le commandement opérationnel est exercé en 2015 par le Joint Force Command de Lago Patria (Naples), sous les ordres de l’amiral états-unien Ferguson.

Présents pour couper le ruban lors de la cérémonie de Trapani, certains des principaux représentants de l’Alliance. Le général états-unien Breedlove, Commandant suprême allié en Europe (charge qui, selon l’OTAN, revient « traditionnellement » à un général ou amiral états-unien, nommé par le Président) : Breedlove a « deux chapeaux de commandement », parce qu’il est en même temps à la tête du Commandement européen des Etats-Unis, c’est-à-dire qu’il fait partie de la chaîne de commandement états-unienne qui a la priorité absolue, plaçant de facto l’Otan sous les ordres du Pentagone.

A côté de lui, à la cérémonie de Trapani, le secrétaire adjoint de l’Otan, l’ambassadeur états-unien Vershbow qui a fait carrière en promouvant « les relations militaires entre les Etats-Unis et les alliés européens » et, en même temps, « la démocratie et les droits de l’homme dans l’ex-Union Soviétique » : après avoir été ambassadeur états-unien à l’Otan lors de la guerre contre la Yougoslavie, il détient aujourd’hui la charge de vice-président du Conseil de l’Atlantique Nord, principal organe décisionnel de l’Alliance dans lequel, selon les statuts, « il n’y a pas de vote ni de décisions prises à la majorité », mais « les décisions sont prises à l’unanimité et d’un commun accord », c’est-à-dire d’accord avec les ordres de Washington.

Les alliés méritoires sont cependant récompensés : à la cérémonie de Trapani a participé le général français Mercier qui, pour les mérites acquis dans les guerres contre la Yougoslavie, l’Afghanistan et la Libye, a été mis à la tête du Commandement pour la « transformation » de l’Otan, dont le quartier général est à Norfolk, en Virginie (Etats-Unis). Présent également à Trapani le général tchèque Pavel, nommé président du Comité militaire de l’Otan et, à ce titre, conseiller principal du Conseil de l’Atlantique Nord, auquel il transmet l’avis « basé sur le consensus » des chefs d’état-major des pays de l’Otan : Pavel, ancien officier de renseignement, a acquis de grands mérites aux yeux du Pentagone en particulier, quand il était représentant militaire tchèque au quartier général du Commandement Central états-unien, à Tampa en Floride, et dans celui avancé au Qatar au moment de la deuxième guerre contre l’Irak. A l’ombre de ces grands, le sous-secrétaire à la défense Alfano, à la cérémonie de Trapani, a eu l’honneur de participer à une conférence de presse conjointe avec le secrétaire adjoint de l’OTAN, l’états-unien Vershbow.

Et que fait l’Union Européenne tandis que l’Otan sous commandement états-unien mène en Europe un des plus grands exercices de guerre ? Elle la soutient, soit parce que 22 des 28 pays de l’UE sont membres de l’Otan, soit parce que l’Otan officiellement « reste le fondement de la défense collective » de l’Union. Pour réaffirmer ce principe, le président du Conseil européen, le polonais Donald Tusk, est allé le 13 octobre au siège de l’Otan, accueilli par le secrétaire Stoltenberg. Et le 15 Octobre une représentation de l’Etat-major militaire de l’UE s’est déplacée au siège de la Task Force conjointe de l’Otan, à Saragosse, pour suivre les développements de la Trident Juncture. L’exercice, a déclaré Vershbow hier à Trapani, montre que « nous pouvons travailler avec l’Union européenne sous pression ».

Des exercices d’une ampleur semblable, a souligné Vershbow, ont été menés au cours de la guerre froide contre la menace soviétique. « Aujourd’hui, nous sommes confrontés à une situation beaucoup plus instable et potentiellement plus dangereuse » parce que « la Russie a annexé illégalement la Crimée, appuyée par les séparatistes en Ukraine et elle est entrée dans la guerre en Syrie aux côtés d’Assad ».C’est pourquoi l’Otan teste avec le Trident Juncture et d’autres exercices (plus de 300 en 2015), « notre capacité à agir rapidement et de façon décisive au delà de nos frontières pour protéger nos partenaires et nos intérêts ». Une véritable déclaration de guerre que l’Otan lance de l’Italie, un pays qui dans sa Constitution rejette la guerre.

Manlio Dinucci

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