Les assassins de Muammar Gaddhafi et du peuple libyen courent toujours… Par Françoise Petitdemange
Quatre années après la mort du Guide révolutionnaire, Muammar Gaddhafi, le 20 octobre 2011, qu’en est-il des chefs d’État qui ont fait bombarder son pays et qui ont commandité son assassinat ? Durant sept mois, trois chefs d’États, Nicolas Sarkozy, David Cameron, Barack Obama, ont menti effrontément, criminellement, aux populations de leurs propres pays et trompé le monde entier, en clamant haut et fort : « Kadhafi est un dictateur », « Kadhafi fait tirer sur son peuple », « Kadhafi doit partir »...
Bien que très controversé, par ailleurs, Kofi Yamgnane, franco-togolais, évoquera, après la guerre contre la Libye, le comportement de Nicolas Sarkozy à l’égard des membres de l’Union Africaine :
« [V]ous savez que l’Union Africaine qui était à l’époque présidée par son Excellence, le président Obiang, de la Guinée équatoriale, avait, à propos de la Libye, une solution négociée à proposer. Ils ont formé une délégation pour y aller et Sarkozy leur dit : “Je vous interdis de monter dans l’avion parce que, si vous passez l’espace, je vous flingue”. » (Vidéo, « Libye Sarkozy a menacé de mort les présidents africains qui souhaitaient négocier avec Kadhafi », émission sur Africa 24.)
La Tunisienne Souhayr Belhassen, alors présidente de la FIDH (Fédération Internationale des Droits de l’Homme), après ses services rendus aux trois chefs d’États français, britannique, états-unien, et aux monarques du Golfe, l’émir du Qatar et le roi d’Arabie Saoudite – tous très respectueux de ces droits… – contre le peuple libyen de la Jamahiriya Arabe Libyenne Populaire Socialiste, sera faite Chevalier de la légion d’honneur. (Cf. http://reseauinternational.net/de-lassassinat-de-muammar- gaddhafi-a-lobtention-du-prix-nobel-de-la-paix/)
Un autre personnage très respectueux de ces droits, lui aussi, le Canadien, Charles Bouchard, venait d’être nommé, le 25 mars 2011, commandant de l’intervention militaire de l’OTAN (Organisation du Traité de l’Atlantique Nord) en Libye, lorsqu’il entra en action le 31 mars. Les bombardements ne cesseront que sept mois plus tard, le 31 octobre, soit onze jours après l’attaque du convoi qui avait causé la mort de quelque 200 hommes brûlés vifs dans leurs voitures, et entraîné l’arrestation suivie de l’assassinat du Guide révolutionnaire Muammar Gaddhafi, de son fils Moatassem Billah, et d’Abou Bakr Younis Jaber. Le lieutenant-général, Charles Bouchard, recevra, le 24 novembre, la « Croix du service méritoire » du gouverneur général du Canada, David Lloyd Johnston. Son « service méritoire » ? Celui d’avoir semé la terreur, sept mois durant, en Libye...
Voici comment Charles Bouchard concevait et réalisait la mission « Unified Protector » (protecteur unifié) destinée à assurer la protection de la population civile libyenne contre les prétendues attaques menées par Muammar Gaddhafi :
« Les hélicoptères opèrent la nuit, subrepticement, et la seule chose que voit l’adversaire, c’est le missile qui lui tombe dessus sans prévenir. L’effet est unique, la peur casse ce qui reste de la volonté de combattre chez les partisans de Kadhafi. C’est tellement efficace qu’on utilise aujourd’hui l’image des hélicoptères dans les tracts de propagande largués au-dessus de la Libye. « Regardez ce qui vous pend au nez, arrêtez les violences ! ». Le Boucher de la Libye n’a pas compris que « les partisans de Kadhafi », c’est la grande majorité du peuple libyen qui tente de se défendre, non pas contre ses propres forces, mais contre les forces qui l’attaquent. Ce qu’il n’a pas davantage compris, c’est que, la nuit, les enfants de 3 ans, 4 ans, 5 ans… dorment comme des anges… » (Cité dans (et repris de) l’ouvrage, La Libye révolutionnaire dans le monde (1969-2011), page 502.)
Le 30 avril 2011, l’Otan frappait la maison de l’un des fils de Muammar Gaddhafi et de Safiya Farkash, Seif al-Arab Gaddhafi, dans laquelle il se trouvait avec trois de leurs petits-enfants en bas âge : tous étaient tués. Le 20 juin, l’Otan frappait à huit reprises la maison de Khouildi El Hamidi : 13 personnes étaient tuées. Le 8 août, dans le village de Majer, à l’est de Tripoli, des familles fuyaient les combats : la famille Gafez les accueillit dans sa grande maison ; selon la tradition, les hommes décidaient de laisser la maison aux femmes et aux enfants et de passer la nuit dans les champs, or, la maison était bombardée en pleine nuit par l’Otan : 14 femmes et enfants étaient tué(e)s ; une dizaine d’hommes, qui accouraient pour porter secours aux victimes, étaient bombardés, eux aussi, et tués ; quelques minutes plus tard, l’Otan attaquait la ferme voisine : 20 autres personnes étaient tuées ; au total, cette nuit-là, à Majer, l’Otan a tué 85 personnes.
« Haj Ali Gafez a fait tracer sur le portail d’entrée de sa maison en ruines : « c’est ça les droits de l’homme ? » Hélas ! C’est ça. » (Idem, page 503)
Le 20 octobre 2011, quelques 500 hommes fidèles à la Révolution du 1er Septembre 1969, qui s’étaient repliés sur Syrte, se répartissaient en trois convois de 40, 24 et 70 voitures pour quitter la ville tandis qu’une soixantaine de combattants demeuraient sur place pour protéger le départ et ralentir l’avancée des contre-révolutionnaires et des troupes spéciales occidentales. Après avoir effectué quelques kilomètres, le convoi de 70 voitures fut attaqué par une unité aérienne qui savait très bien ce qu’elle faisait en visant des véhicules à essence : il y eut de nombreux morts, brûlés vifs. Le Guide révolutionnaire, Muammar Gaddhafi, était légèrement blessé, son fils Moatassem Billah, son ami fidèle Abou Bakr Younis Jaber et l’un des deux fils de celui-ci étaient vivants eux aussi. Très rapidement après cette attaque, un groupe de prétendus rebelles arriva sur les lieux : un étudiant en électricité de 22 ans, dont les études étaient payées par la GJALPS (Grande Jamahiriya Arabe Libyenne Populaire Socialiste), devenait l’un des bourreaux de Muammar Gaddhafi.
« Insulté, frappé, traîné au sol, passé à tabac, lynché, subissant les sévices les plus contraires à l’humanité – au nom de la « démocratie », de la « liberté », des « droits de l’Homme » et de la « civilisation » français(es), britanniques, états-unien(ne)s -, Muammar Gaddhafi mourra sous les coups et sous les balles des barbares ; son fils, Moatassem Billah, et Abou Bakr Younis Jaber seront eux aussi martyrisés et assassinés : leurs corps seront maltraités jusque dans la mort. Muammar El Gaddhafi, Moatassem Billah, Abou Bakr Younis Jaber reposent quelque part dans le désert. Les fanatiques du crime libyens, occidentaux et pro-occidentaux n’ont pas voulu qu’ils aient une tombe pour que personne ne pût leur rendre hommage. Ces fanatiques oublient que des textes, des livres et des vidéos se trouvent dans les bibliothèques privées dont ils ne pourront faire des autodafés. » (Texte repris de l’ouvrage La Libye révolutionnaire dans le monde (1969-2011), page 506.)
Nul doute que le bourreau était en service commandé : n’ayant pu décider seul de l’application méthodique d’actes aussi barbares sous l’œil d’appareils photographiques et de caméras, il y avait nécessairement un commanditaire, voire des commanditaires derrière lui pour le protéger… Sauf que, peu de temps après, il serait gravement blessé sur le sol libyen et transféré en France dans un hôpital parisien où il mourra…
Combien d’hommes, de femmes, d’enfants sont morts, écrasés sous les bombes de l’OTAN, c’est-à- dire sous les bombes de Nicolas Sarkozy (président de la “république” française), de David Cameron (premier ministre britannique), de Barack Obama (président des États-Unis) et d’Hillary Clinton, du Canadien Charles Bouchard (commandant des forces de l’OTAN), du Danois Anders Fogh Rasmussen (secrétaire général de l’OTAN), du Sud-Coréen Ban ki-moon (secrétaire de l’ONU), de l’Argentin (procureur de la Cour Pénale Internationale), Luis Moreno-Ocampo, qui répétait cette phrase menaçante à l’égard de Muammar Gaddhafi et reprise dans tous les médias mainstream : « Il n’y aura pas d’impunité en Libye » ?
Ces crimes occidentaux et pro-occidentaux perpétrés contre la population civile, durant les sept mois de guerre, de mars à octobre 2011, demeurent impunis. Les fauteurs de guerre n’ont jamais répondu de leurs crimes. Cette guerre, menée avec, pour objectif principal, celui de détruire 42 années de travail en Libye et d’empêcher le développement de tout le continent africain, a fait, rien qu’en Libye, plus de 150.000 mort(e)s dans une population de 6 millions d’habitant(e)s ?
Après avoir plongé ce pays, qui était le moins endetté du monde en décembre 2010, dans le chaos et réduit à l’exil le peuple libyen dépossédé de son identité libyenne par la nouvelle équipe politique mise en place sous le diktat des colonisateurs français et anglo-saxons, menacé, dans son propre pays, de tortures pouvant être suivies d’exécutions, tous ces chefs d’États, criminels de guerre, n’ont toujours pas répondu de leurs décisions et de leurs actes.
Quelle population, digne de ce nom, dans quel monde, peut accepter que les promoteurs du carnage effectué en Libye échappent à la justice de leurs pays respectifs, et à la justice internationale, après avoir trompé des milliards d’individus à l’échelle du monde et fait couler le sang irakien, tunisien, égyptien, libyen, syrien ?…
Françoise Petitdemange