Panique à Brazzaville : Sassou crie au complot de la DGSE Par Jacques Marie Bourget Mondafrique
Depuis une semaine, les « incidents » se multiplient au Congo, en particulier à Pointe Noire la rebelle. Le dictateur Sassou Nguesso entend modifier la constitution afin de se présenter pour la troisième fois la présidentielle, alors que la charge ne peut être tenue plus de deux fois et que l’âge du président est limité à 70 ans (Sassou est né en 1943…). Dans la fièvre actuelle, on peut voir aussi la main du tyran qui sait jouer de la stratégie de la tension.
Huit agents américains ont été arrêtés alors qu’ils tentaient d’entrer à Brazzaville sans visa, via l’aéroport de Maya Maya. Selon des sources locales, ces citoyens de Barak Obama sont : Erick Olerud, Tom Kurtzwell, Edward Tucker, Tom Gunter, Aric Crey, Brian Bagwan, Steven Wltaker et John Mazzvehi qui n'avaient donc ni passeports ou autres documents de voyages, alors qu’ils étaient escortés par un responsable congolais des services d’immigration, c'est lui qui; visiblement, était chargé de faire entrer cette équipe dans la capitale. C'est, dit un témoin local, "la vigilance d’un agent de sécurité" à Maya Maya qui, en alertant les autorités, a conduit à l' arrestation de ces "espions" et à celle de leur guide.
Tensions palpables dans le pays
Pas grave, les barbouzes US ont été libérés dans la soirée, après une intervention personnelle de l’ambassadrice américaine à Brazzaville qui s’est rendue elle même à l’aéroport. Il est clair que les huit citoyens yankees sont des militaires ou des agents des services secrets, genre CIA. Plus surprenant, cette escouade est passée par Paris sans visa pour le Congo au départ de la capitale française. Les autorités de Brazzaville ne comprennent pas «comment et pourquoi » les autorités, à Paris, ont laissé passer ces étranges touristes ?
«Ces pratiques sont une offense grave envers notre pays. Pensez-vous que l’Ambassadeur du Congo aux USA peut se rendre à l’aéroport de New York pour faire libérer des Congolais en infraction? », S’interroge-t-on au palais de Sassou Nguesso… « Ça sent le complot ! Alors que la France refuse parfois même le visa de transit aux fonctionnaires congolais en mission dans l'hexagone »... La tension est très forte à Brazzaville et à Pointe Noire depuis l’annonce du référendum qui devrait offrir un troisième mandat à Sassou Nguesso, deja revenu au pouvoir après une sanglante guerre civile qui a fait des centaines de milliers de morts en 1997. Outres le cinquième colone américaine, plusieurs autres « mercenaires » auraient été arrêtés, ainsi « qu’une importante quantité d’armes saisie ». Les services de renseignements français, la DGSE, sont soupçonnés d’être derrière ce recrutement local, ainsi que ceux de congolais vivant en Afrique du Sud.. Mystère
Des documents accablants
Il est clair qu’en expert de la stratégie de la tension, le sanguinaire dictateur qui règne sur le Congo depuis 30 ans a tout intérêt à se présenter comme menacé par des « forces étrangères », qui plus est l’ex-colonisateur. C'est pour lui, le moyen de mobiliser l’opinion et de justifier, si besoin en est, la répression la plus terrible.
En juillet dernier, Opinion internationale (OI) (1), un site consacré aux opinions et aux libertés, avait révélé des documents accablants sur les abus ordinaires de Sassou. En septembre 1999, il aurait signé un « Plan d’activités », ordonnant de «dépeupler» les fiefs de l’opposition, de «maintenir les fugitifs dans les forêts par la terreur du pilonnage et les pousser à la mort lente par la famine et les maladies», ou encore de «brûler tout jeune en âge de combattre en provenance des zones à forte résistance»… Décidément grand humaniste, le tyran de Brazza demandait aussi «de pilonner et bombarder les lieux à forte concentration humaine, marchés, églises, écoles». L’objectif était même quantifié: «125.000 personnes tuées, 275.000 fugitifs et 40.000 exils forcés». En janvier 2000, un autre courrier officiel ordonnait des crimes systématiques pour, selon ses termes, «continuer de nous appuyer sur la force comme moyen essentiel de la conservation du pouvoir»… Et de citer Mao Zedong : «Le pouvoir est au bout du fusil». D’après OI, ces documents accablants ont récemment été transmis notamment à la Cour pénale internationale (CPI) et au Haut-Commissariat aux droits de l’Homme des Nations unies.
Il est évident que le Congo ne peut se passer d’un tel bienfaiteur à sa tête. Une certitude, Hollande qui adore bombarder les dictateurs n’a pas encore programmé un raid de Rafales sur Brazzaville.