La Turquie qui fut le pilier de la stabilité au Moyen-Orient est entrée dans une crise de plus en plus grave. Ce qui rend cette crise si tragique est qu'il n'y a pas très longtemps la Turquie était entrée dans une nouvelle ère d'harmonie sociale et de développement économique.
Les politiques maladroites étatsuniennes au Moyen-Orient ont mis à feu et à sang des pays tels que la Syrie, du Sud-Soudan et de la Libye. La Turquie se trouve en proie à la contagion de ces crises et à un énorme gâchis. Elle est à présent touchée par les conflagrations nationalistes et politiques et assaillie par 2 millions de réfugiés syriens.
Comme l'avait prédit Saddam Hussein, les invasions de George W. Bush en Afghanistan et en Irak ont ouvert les portes de l'enfer. Les tentatives faites par Washington pour renverser le régime alaouite de Syrie - un allié naturel des États-Unis - ont détruit de grandes parties de cette belle nation et une fois de plus ont produit la plus grande catastrophe humaine depuis le nettoyage ethnique des Palestiniens dans la fin des années 1940 et en 1967.
Alors que le gouvernement Erdogan était sur le point de signer un accord définitif avec les Kurdes toujours rétifs envers la Turquie - constituant jusqu'à 20% de la population de 75 millions - et de leur reconnaître de nouveaux droits, Erdogan s'est engagé dans une nouvelle guerre contre les Kurdes.
Les erreurs de la Turquie dans la guerre syrienne ont exaspéré de hauts cadres de l'armée, qui ont longtemps cherché à évincer Erdogan pour retourner à une nation sur le modèle d'Atatürk, un credo politique parmi les oligarques anti-musulmanes d'extrême droite en Turquie, constituant une élite urbaine et académique. Maintenant, de violents mouvements de la gauche radicale longtemps marginalisée en Turquie augmentent les tensions dans les villes. Une peur de plus en plus nette s'empare des Turcs qui craignent de revenir à la période des attentats, de la violence urbaine, et des assassinats - le tout sur un fond d'hyperinflation, de montée du chômage et de relations hostiles avec ses voisins.
On entend des grondements d'un conflit entre l'Arménie, la Turquie et l'Azerbaïdjan. La Grèce est inquiète et se rapproche d'Israël tandis que les découvertes de pétrole et de gaz en Méditerranée orientale ne font qu'accentuer les tensions.
Avec les forces armées les plus développées et les meilleures de la région, après Israël, la Turquie peut encore intervenir en Syrie - pays qui, avant 1918, faisait partie de l'Empire ottoman.
Les États-Unis accusent souvent Erdogan de vouloir être un sultan ottoman, mais le pousse à utiliser son armée en Syrie...
Source : - Common Dream Turkey: Success Story Turned to Disaster