En matière de politique étrangère, le service d'information de France 2, constitue souvent la voix de son maître tel une Pravda française et relai aisément la parole gouvernementale au risque de passer pour un simple communiquant des instances élyséennes. Ainsi le jeudi 26 novembre 2015, le JT de France 2 a couvert la rencontre entre Hollande et Poutine et de manière très surprenante a donné son interprétation très particulière du déploiement par la Russie des missiles S-400 en Syrie.
Selon le reportage de France 2, ils pourraient avoir été déployés pour répondre à la demande de la France de lutter contre l'Etat islamique (EI) :
"A l'heure actuelle l'entretien entre les deux hommes (Poutine et Hollande) n'est pas terminé, mais signe peut-être d'un virage de Moscou, la télévision russe diffuse ces images du déploiement de missiles S-400 sur leur base syrienne. D'une portée de centaines de kilomètres, ils peuvent frapper directement les principales villes aux mains de l'Etat islamique."
Or ces missiles constituent avant tout un système de défense aérien visant plus à protéger l'espace aérien qu'à bombarder des villes de l'EI. Visiblement les envoyés spéciaux de France 2 ne semblent pas au parfum et ont sans doute trop rapidement interprété ce déploiement dans le sens d'une influence de la politique étrangère française sur la politique russe en Syrie ce qui n'est que pure duperie puisque Poutine déclarera le soir même lors de la conférence de presse avec Hollande qu'il s'agit avant tout de protéger ses avions de chasse après que l'un d'entre eux ait été abattu par la Turquie (17'30") :
"Le S-400 est un système de défense aérien. La raison pour laquelle nous ne possédions pas de tel système en Syrie est parce que nous pensions que nos avions volaient à assez haute altitude où un terroriste ne pouvait pas les atteindre. Ils ne disposent pas des armes capables d'abattre nos avions à l'altitude de plus de 3 ou 4 mille mètres. Et nous n'aurions jamais pensé que nous pourrions être poignardé dans le dos par un pays que nous considérions comme notre allié. Nos avions à des altitudes de 5-6,000 mètres n'étaient pas complètement protégés contre les attaques potentielles provenant des avions de combat - nous n'aurions jamais imaginé que cela pourrait être possible sinon nous aurions déployé ces systèmes dans le domaine de la protection de nos bombardiers contre de possibles attaques".
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"Nous ne l'avions pas fait parce que nous considérions la Turquie comme notre amie, nous ne nous attendions pas à une attaque de ce côté. Voilà pourquoi nous considérons cette attaque comme celle d'un traître. Mais maintenant que nous savons que cela est possible, nous devons protéger nos avions. Voilà pourquoi nous avons déployé un système moderne, le S-400, il a une assez longue plage d'action et il s'agit d'un des systèmes les plus efficaces de ce genre dans le monde, nous ne nous arrêterons pas là : si cela est nécessaire nous allons également déployer nos avions de chasse dans la région".