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Pourquoi le régime syrien n’avance pas, malgré l’intervention russe (OLJ)

par Anthony SAMRANI 7 Novembre 2015, 19:03 Syrie Al-Nosra Avancée Ahrar al-Cham Terrorisme Lutte Russie

L'OSDH (Organisation syrienne des droits de l'homme basée à Londres, Ndlr) rapportait hier que des groupes islamistes, dont Ahrar al-Cham, se sont emparés d'Atchane et de localités proches, récupérant ainsi toutes les positions prises par les forces loyalistes il y a un mois dans la province de Hama.

Les guerres civiles se gagnent et se perdent au sol. La supériorité dans les airs a beau être un avantage considérable, elle n'est déterminante que si elle est accompagnée d'une offensive terrestre menée par des unités efficaces, suffisantes en nombre et connaissant parfaitement le terrain. Les Américains avaient appris cette leçon à leurs dépens au Vietnam, et plus récemment en Irak et en Afghanistan. Après avoir connu pareille situation en Afghanistan, les Russes semblent confrontés à nouveau à ce problème en Syrie. Malgré les 1 631 raids menés par leur aviation depuis le 30 septembre dernier, force est de constater que leurs alliés au sol ne sont pas en train d'avancer. Bien au contraire, ces derniers jours, ils accumulent les défaites.

L'Observatoire syrien des droits de l'homme rapportait hier que des groupes islamistes, dont Ahrar al-Cham, se sont emparés d'Atchane et de localités proches, récupérant ainsi toutes les localités prises par le régime syrien il y a un mois dans la province de Hama. Seize membres de l'armée syrienne et de groupes prorégime et au moins sept rebelles ont été tués dans les combats à Atchane, selon le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane. « Tous les gains réalisés par les forces du régime avec l'appui des bombardements russes (dans la région) ont été perdus. C'est un échec » pour le régime de Bachar el-Assad, a-t-il affirmé. Jeudi, l'armée avait perdu au profit des jihadistes de Jund al-Aqsa Morek, la seule localité qui était aux mains de l'armée depuis 2014 sur l'autoroute-clé entre Alep et Hama.

(Pour mémoire : Un mois de frappes russes en Syrie : qu'est-ce qui a changé?)

Trois raisons
Si l'importance de ces revers ne doit pas être exagérée, compte tenu du fait que les lignes de front restent très mouvantes, il est tout de même possible d'établir un premier constat : l'intervention russe n'a pas permis, pour l'instant, de modifier sensiblement les rapports de force sur le terrain. Plusieurs raisons semblent expliquer ce paradoxe. Un : les groupes rebelles ont reçu un nombre important de missiles antichars de fabrication américaine TOW, qui ont permis jusqu'alors de détruire 123 chars de l'armée syrienne en octobre, selon le « Bureau des forces révolutionnaires en Syrie ». En livrant ces armes aux groupes rebelles, les Américains et les Saoudiens ont sérieusement court-circuité, à moindre frais, les plans russes. Deux : dans la province de Hama, l'armée syrienne et ses alliés tentent d'avancer dans des zones très majoritairement sunnites, où la population leur est particulièrement hostile. Trois : l'armée syrienne est trop faible pour réaliser des percées fulgurantes sur le terrain.
Même si l'intervention russe a eu un impact important sur le moral des soldats du régime, ces derniers restent épuisés par quatre ans de guerre, démotivés à l'idée de combattre dans « des zones sunnites », et insuffisamment nombreux. Plus que des raids aériens russes, l'armée syrienne semble surtout avoir besoin d'avantage d'hommes sur le terrain. Et cela, ni les Russes, qui ont pour l'instant exclu une intervention au sol, ni les Iraniens, qui semblent avoir atteint la limite de leurs capacités de mobilisation, ne sont capables de le lui offrir.

L'intervention russe a permis à Moscou de reprendre l'initiative diplomatique et d'éviter l'effondrement du régime, en sécurisant les zones les plus sensibles, comme la province de Lattaquié. Mais à l'instar des frappes de la coalition contre l'organisation État islamique (EI), elle ne peut, en l'absence de partenaires efficaces et fiables sur le terrain, mener à la défaite totale de ses ennemis.
En plus de réjouir les Américains, un possible enlisement russe en Syrie pourrait permettre d'accélérer les conditions diplomatiques d'une sortie de crise. Mais plus le temps passe, plus les interventions étrangères se multiplient dans le ciel et sur le sol syrien, et plus les « positions modérées », dans les deux camps, deviennent inaudibles. Au point de rendre quasiment inutile tous les efforts entrepris par les diplomates qui se réunissent « au vendredi de Vienne » pour trouver une issue à ce conflit.

* Site d'information généraliste libanais

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