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Sur la guerre préventive USA-Venezuela (InvestigAction)

par Mario Sanoja Obediente-Iraida Vargas-Arenas 22 Novembre 2015, 13:30 Venezuela USA Guerre preventive Impérialisme

Sur la guerre préventive USA-Venezuela (InvestigAction)
Sur la guerre préventive USA-Venezuela
Par Mario Sanoja Obediente-Iraida Vargas-Arenas
InvestigAction

Lettre ouverte au professeur Chomsky- Comme vous l'avez écrit dans votre ouvrage "Dominer le monde ou sauver la planète" (2004) la grande stratégie impériale affirme le droit des Etats-Unis de mener une guerre préventive discrète. Guerre de prévention, non d'anticipation. L'objectif de la guerre préventive contre un pays, dans ce cas notre petit Venezuela, doit, selon vos propres mots, avoir plusieurs caractéristiques...

1) « Le pays doit être virtuellement sans défense... »

2) « Il doit être suffisamment important comme pour justifier un tel effort... »

3) « Il faut trouver la manière pour le présenter comme le mal suprême et un danger imminent contre l’humanité... »

« ... La guerre préventive, continuons à citer vos mots, tombe dans la catégorie des crimes de guerre... »

Le Venezuela n’est pas sans défense. La Révolution Bolivarienne possède une structure défensive civique et militaire créée par notre Commandant éternel Hugo Chavez, préparée pour combattre avec succès les nombreux types de guerre régulière ou irrégulière contre n’importe quel envahisseur.

Le Venezuela est important pour une bonne partie de l’opinion mondiale laquelle, selon vous-même, est la seconde superpuissance mondiale. Il est notable que l’exemple libérateur de la Révolution Bolivarienne, dans laquelle le peuple même est devenu la source du pouvoir populaire constituant, qui a réussi à sortir des millions de Vénézuéliens de la pauvreté et de l’ignorance, soit présenté comme une menace pour l’hégémonie mondiale états-unienne et doive pour cela être diabolisé.

Vous-même, malheureusement, avez fait partie de cette même campagne de haine. Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi les mouvements de déstabilisations internes que mènent les groupes d’extrême droite néolibéraux, avec l’appui des États-Unis, s’en prennent seulement aux États qui ont décidé de survivre et de revendiquer leur indépendance face à l’hégémonie des États-Unis, comme le Venezuela, l’Équateur, la Bolivie, l’Argentine ou le Brésil ?

Pourquoi les États-Unis et ses alliés dans le monde ne disent jamais rien des violations des droits de l’homme et sociaux qui ont lieu chaque jour depuis des décennies en Colombie, au Mexique, au Guatemala ou au Honduras ? Qui veulent-ils protéger et à qui veulent-ils laver les mains pleines de sang innocent ?

Le fameux décret du Président Obama dans lequel il déclare, de manière insidieuse, que le Venezuela est une menace « rare » contre la sécurité nationale des États-Unis fût grandement rejeté par onze millions de citoyens vénézuéliens et d’autres pays qui ont signé la pétition pour exiger le retrait de ce décret. La réélection du Venezuela à la Commission des droits de l’homme de l’ONU, votée par 150 pays membres, est un énorme camouflet pour la position états-unienne sur le Venezuela.

Comme vous devriez le savoir, la domination coloniale imposée à la société vénézuélienne par les multinationales pétrolières, notamment Exxon et Shell pendant plus de 80 ans, a inscrit dans notre peuple « une culture du pétrole » basée sur la mono-production pétrolière, la corruption généralisée et la culture de la rente où prédomine le capital commercial sur le capital industriel. Au Venezuela, ceci a été facilité par l’existence d’une bourgeoisie commerciale parasitaire, alliée aux transnationales dont les grandes affaires depuis le dix-huitième siècle étaient d’importer des marchandises de l’extérieur pour les revendre ensuite plus cher (c’est ce qu’on a appelé « l’économie des ports »), ce qui a négligé les investissements reproductifs.

La Révolution Bolivarienne, pour protéger notre souveraineté nationale, a tenté de rompre avec la dépendance vis à vis du pétrole et des États-Unis en stimulant l’industrie nationale, en combattant la rente et la corruption enracinée dans les élites vénézuéliennes ; mais cette libération nationale qui nous conduit à notre indépendance de l’influence états-unienne est précisément la « menace rare » à l’hégémonie des États-Unis à laquelle se réfèrent le président Obama et son pauvre décret.

En utilisant sa part énorme du pouvoir dans le monopole mondial de communication, les États-Unis ont créé un mouvement d’opinion contre le Venezuela et sa révolution. En Espagne, les mouvements sociaux tels que PODEMOS, dans lequel nous pensions avoir trouvé des affinités idéologiques, s’est dressé contre le Venezuela en alliance avec la droite néolibérale récalcitrante de Rajoy et le Parti populaire. Triste spectacle !

Au Venezuela, nous avons des élections parlementaires le 6 Décembre prochain. La droite vénézuélienne et latino-américaine en général, les a à nouveau transformées en une sorte d’Armageddon qui mettrait fin à la Révolution Bolivarienne. Pour ce faire, la bourgeoisie commerciale parasitaire, alliée à l’oligarchie colombienne et « venemayamera », a inventé un système pervers pour semer des troubles et le mécontentement au sein du peuple vénézuélien, attaquer le système financier vénézuélien et détruire les réseaux de production et de distribution de produits basiques, tout en les stockant et en les envoyant en Colombie comme des produits de contrebande, pour qu’ils soient ensuite réexportés à l’étranger grâce à l’Accord de libre-échange entre la Colombie et les Etats-Unis !

De la même façon, la contrebande a détourné des millions de litres d’essence vers la Colombie, en achetant le gallon à quelques centimes seulement, pour que les mafias économiques colombiennes réexportent cette essence – volée à notre pays - comme si elle était un produit d’Ecopetrol, vers l’Amérique centrale et les Caraïbes, et puisse la vendre à des prix élevés sur le marché international. Activité lucrative pour les mafias politiques !

Nous, chavistes, sommes la majorité du peuple vénézuélien. Nous, en tant que chercheurs en sciences sociales, considérons que le chavisme s’est bâti au sein d’une démocratie sociale et participative comme un processus de civilisation qui vise à préserver la souveraineté et l’indépendance du Venezuela de toute domination étrangère, comme le peuple vénézuélien le veut, comme Simon Bolivar le voulait, comme Chavez le voulait et comme le veut le président Maduro.

Nous, soussignés, sommes déjà d’un âge avancé. Mais, même si la vieillesse a limité nos capacités physiques, notre esprit critique et notre motivation pour analyser les causes de l’injustice sociale demeurent intactes ; Nous affirmons- comme vous-même l’avez argumenté- que, pour maintenir l’hégémonie américaine mondiale, "la destruction de l’espoir est un projet crucial. Et une fois que cela est fait, alors la démocratie formelle est autorisée... et elle est même préférable, ne serait-ce que pour une question de relations publiques ... "

Caracas, 31 Octobre 2015

Mario Sanoja Obediente-Iraida Vargas-Arenas

Professeures Titulaires Retraités de l’ Université Central du Venezuela.

Prix Nationaux de Culture, mention Humanités

Source : Journal de Notre Amérique n°8, Novembre 2015

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