Le Parti socialiste ne fait pas exception à la règle ! Les deux présidents de la République qui en sont issus ont tous endossé sous la Vème République l'habit du "chef de guerre" avec un pouvoir exorbitant sans contrôle parlementaire selon une constitution imposée par le Général de Gaule durant le coup d'Etat qui l'a porté au pouvoir en 1958 lors de la "guerre d'Algérie". Les Parlementaires socialistes de la IVème République dépassés par la guerre coloniale d'Algérie s'en étaient remis aux militaires pour éviter la guerre civile en 1958 face à ce que l'on appelait à l'époque par le doux euphémisme "d'évènements d'Algérie". Ce que François Mitterrand avait appelé à l'époque le "coup d'Etat permament". Un coup d'Etat constitutionnel qui réduisait le rôle du Parlement à un rôle subalterne dès lors qu'il perdait son rôle déterminant de contrôle du pouvoir exécutif. Ainsi l'un des pouvoirs le plus important dans une démocratie échappait complètement aux élus de la République et passait sous le joug d'un "monarque" bien isolé, élu pour 7 ans puis à partir de 1997 pour 5 ans, en proie à l'influence majeure du lobby militaro-industriel. Et l'on peut aisément penser que plus ce président est faible plus le pouvoir militaro-industriel dictera la ligne de conduite à tenir en matière de politique étrangère et de guerre.
Droite comme Gauche ont soutenu les pires guerres impérialistes en Afrique dans le pré-carré francophone pour installer ou maintenir des dictateurs favorables aux intérêts français. Dès lors, on assistait à un système politique qui se prétendait démocratique en interne mais qui en externe installait, soutenait activement des dictatures dans son pré-carré n'ayant ainsi rien à renier aux idéaux d'extrême droite et à l'esprit du socialisme colonial. Les actes de barbarie guerrière et de crimes contre l'humanité se sont poursuivis durant tout le règne de la Vème République du Cameroun (années soixante) au Rwanda (en 1994) sans oublier les coups d'Etat imposant à la tête des anciennes colonies françaises des dictatures reflétant la face cachée de la République (Déby au Tchad en 1990 puis son maintien au pouvoir en 2008 par l'armée française, le maintien de la dynastie Eyadéma en 2005 au Togo, l'imposition de Bozizé en 2006 en Centrafrique pour le démettre en 2013, puis l'imposition de Ouattara en 2011 en Côte d'Ivoire par l'armée française...). Les dernières horreurs criminelles colonialistes en date, sont les guerres de destruction de la Libye, le coup d'Etat néocolonial en Côte d'Ivoire mené par l'armée française sous le "chef de guerre" Sarkozy. Des actes barbares qui se sont prolongés sous son successeur en Centrafrique et en Syrie. Le nouveau "chef de guerre" en place depuis 2012 a des idéaux qui relèvent plus de l'impérial-socialisme que du socialisme à proprement parler. En l'espace de 4 ans il a lancé son pays dans cinq guerres au relent colonial : Mali (2013), Centrafrique (2013), Irak (2014), Yémen (2015) et Syrie (2015). Une adaptation du socialisme à la sauce du roman national impérialiste napoléonien mâtiné d'influence atlantiste sous les tropiques. Une conception sélective des droits de l'homme. Ainsi François Hollande n'a aucun scrupule à plonger le Centrafrique dans le chaos en soutenant de manière occulte les milices de la Séléka derrière son ami dictateur Idriss Déby comme il n'a pas plus de scrupules à armer les rebelles en Syrie qui côtoient les pires islamistes tout en refusant de bombarder les troupes d'Al-Nosra que son M.A.E présentait en 2012 comme "faisant du bon boulot".
De même il soutient économiquement, politiquement et militairement sans réserve l'Arabie saoudite qui finance et supporte l'Etat islamique au Nigeria, en Libye, en Syrie, au Yémen ou en Irak. Pire, la France est entrée dans la coalition saoudo-étatsuno-israélienne qui bombarde depuis 9 mois les rebelles d'Ansarullah mais in fine ce sont les populations civiles qui sont détruites au Yémen. Cette coalition agit au côté des troupes supplétives d'Al-Quaïda au Yémen (qui ont revendiqué au passage les attentats de Charlie Hebdo) et de l'Etat islamique. De fait, la France comme les USA, Israël et la Grande-Bretagne collaborent avec l'Arabie saoudite et sont aussi complices de crimes contre l'humanité au Yémen.
Mais pour la première fois la politique impérialiste française qui s'acoquine avec les pires criminels pour répondre au besoin de ses ambitions géopolitiques plus ou moins sous guidance israélo-étatsunienne est en train de faire retour de là où elle a été exportée. Cela pose la question des racines idéologiques et morales de ce socialisme à deux vitesses qui s'appliquent sélectivement en fonction des peuples. La France qui soutient avec les Etats-Unis et Israël Al-Nosra filiale d'Al-Quaïda en Syrie pourrait elle en faire de même dans un pays européen ou sur son propre territoire ?
Le système de la Vème République n'a jamais été franchement démocratique : absence de contrôle du pouvoir exécutif tandis que le pouvoir judiciaire est sanctuarisé notamment par le Parquet lié au ministre de la justice sous tutelle du "chef de guerre". De sorte que le contrôle des dérives de la politique étrangère et de l'exécutif est hors de contrôle et permet toutes les dérives sous l'influence du lobby militaro-industriel qui pilote un "chef de guerre" bien isolé sans support des élus de la République. Oui, ce système est lié au système colonial qui l'a vu naître et dont la finalité initiale était de le maintenir. Oui il est lié à un système totalitaire et discriminatoire dans le pré-carré francophone africain (Togo, Centrafrique, Tchad, Congo-Brazzaville...). Mais si la République pouvait continuer à se croire démocratique en expurgeant sa part barbare dans son pré-carré, le retour de la barbarie par un effet boomerang dans ses territoires et la manière d'y répondre illustre son vrai visage : cette part de France moisie reléguée au passé ou en Afrique.
Sommes nous en train de passer de l'impérial-socialisme au national-socialisme en France ?
L'Etat d'urgence hâtivement promulgué par le gouvernement socialiste qui veut le prolonger pour 6 mois et qui propose d'ouvrir des Guantanamo à la française n'est-il pas l'exemple du retour à un Etat policier rappelant le triste souvenir du régime de Vichy ou des régimes coloniaux (ou néocoloniaux) où les internements arbitraires, la construction d'un ennemi intérieur, les rafles étaient (sont) la règle ? Sous prétexte de lutter contre le terrorisme, des militants écologistes sont assignés à résidence, des manifestations sont interdites, des migrants sont interdits de marcher sur des routes, la police a fait 2500 perquisitions qui n'ont débouché que sur deux enquêtes pour association de malfaiteurs, un jeune Sénégalais a été criblé de balles à son domicile par la police sous prétexte de troubles du comportement et de menace envers les forces de l'ordre tandis que les médias semblent de plus en plus sous contrôle et subir le rouleau compresseur du pouvoir en place. Des journalistes ont été virés car ils mettaient en cause les services de renseignement suite aux attentats terroristes à Paris.
Oui la part rance de l'idéologie coloniale, racialiste française au relent fascistoïde soutenue dans son pré-carré d'Afrique francophone est en train de revenir de là où elle a été exportée. Oui, cela ressemble à l'instrumentalisation du terrorisme à des fins de contrôle de la population et de limitation des libertés individuelles et collectives. Oui la catastrophe Hollande prépare le terrain au pire fascisme et on ose même pas penser à ce qui se passerait si l'extrême droite venait au pouvoir.
On se rappellera seulement qu'il existe des passerelles idéologiques entre le colonialisme et le fascisme. François Mitterrand ne portait-il pas en grande estime Papon, Bousquet et Le Pen, ne fut-il pas décoré de la Francisque par le Maréchal en 1943, n'était-il pas pour la torture voire l'exécution systématique des résistants algériens ("terroristes") et des pleins pouvoirs à l'armée durant les "évènements" d'Algérie ? Ce socialisme rance est-il en train de montrer son vrai visage idéologique : derrière l'impérial-socialisme, le national-socialisme ou du moins le retour à un régime rappelant celui de Vichy, à un Etat policier en interne (militaire en externe) ?