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Sistani ordonne à la Turquie de sortir d’Irak (Moon of Alabama)

par Moon of Alabama 15 Décembre 2015, 14:38 Turquie Irak Sistani Depart

Après l’invasion américaine de l’Irak, le vice-consul américain Paul Bremer a essayé d’installer le gouvernement irakien de son choix. La plus haute autorité religieuse chiite en Irak, le Grand Ajatollah Sistani, a exigé un vote démocratique. Cela a résolu le problème. Les États-Unis n’auraient jamais pu contourner la requête de Sisitani sans la révolte massive des 65% d’Irakiens qui sont chiites et qui suivent ses préceptes. Bremer a dû s’incliner.

Maintenant l’Ajatollah Sistani prend position sur l’invasion turque de l’Irak:

Le haut dignitaire chiite d’Irak, le Grand Ayatollah Ali al-Sistani, a appelé vendredi le gouvernement à n’avoir « aucune tolérance » en cas de violation de la souveraineté du pays, après que la Turquie a déployé des troupes lourdement armées au nord de l’Irak. Le porte-parole de Sistani, le cheikh Abdel Mehdi Karbala’i, n’a pas nommé explicitement la Turquie, mais un conflit à propos de ce déploiement a gravement envenimé les relations entre Ankara et Bagdad qui nie l’avoir accepté.

« Le gouvernement irakien est responsable de la protection de la souveraineté de l’Irak et ne doit rien tolérer qui lui porte atteinte, quelles que soient les justifications et les nécessités », a déclaré Karbalai’i dans son sermon hebdomadaire.

La question est donc tranchée. Les troupes turques devront quitter l’Irak ou vaincre de manière décisive tous les chiites d’Irak (et d’Iran). Si Erdogan était intelligent, il ordonnerait tout de suite aux troupes turques stationnées près de Mossoul de quitter l’Irak.

Le président russe Vladimir Poutine a également augmenté la pression sur la Turquie:

Le président Vladimir Poutine a ordonné vendredi aux forces armées russes de se montrer « très fermes » en Syrie dans leur protection des forces russes qui ciblent l’Etat islamique. « Tous ceux qui menacent les nôtres ou nos infrastructures doivent être immédiatement détruits », a déclaré M. Poutine, lors d’une réunion au ministère de la Défense.

Note à Erdogan : Méfie-toi des drôles idées qui te viennent à l’esprit …

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La Conférence des opposants à la Syrie échoue

Il y avait une conférence de l’opposition syrienne hier en Arabie Saoudite pendant laquelle les Saoudiens ont essayé de corrompre tous les participants pour qu’ils se mettent d’accord sur une position commune. Mais la conférence a échoué. Quelques 116 délégués y ont pris part sous le « patronage international » de leurs différents sponsors. Un porte-parole d’Ahrar Al Sham qui est aligné sur al-Qaïda, et coopère étroitement avec le groupe Al-Qaïda Jabhat al Nusra en Syrie, y a également pris part. Aucune femme n’était présente.

La conférence a abouti à la décision d’organiser une autre conférence. Les 116 délégués présents à la conférence ont décidé de désigner 33 délégués qui se réuniraient pour désigner 15 délégués qui se réuniront et qui prendront peut-être prendre part à des négociations avec le gouvernement syrien. Ben Hubbard, du New York Times, qui était là, a tweeté:

Ben Hubbard@NYT Ben … La réunion a créé encore un autre nouvel organe d’opposition, une haute commission destinée à superviser les négociations. Il y a eu un débat sur sa taille et sur le nombre de représentants des groupes armés. On s’est mis d’accord sur le chiffre de 32, qui est passé à 33 après les réunions. Ces 33 délégués ont maintenant pour tâche de choisir une équipe de négociation de 15 personnes. Ben oui, une haute commission qui en engendre une autre, comme les poupées russe !

Les revendications politiques sur lesquelles la conférence s’est mise d’accord incluent des conditions qui rendent la négociation impossible, comme l’exigence que le président syrien Assad quitte ses fonctions dans les 6 semaines qui suivront l’ouverture des négociations. Il y a eu aussi ce jeu très révélateur sur les mots :

Les délégués islamistes se sont opposés à l’utilisation du mot « démocratie » dans la déclaration finale, de sorte que le terme « mécanisme démocratique » a été utilisé à la place, selon un membre d’un de ces groupes qui assistait à la réunion

Le délégué d’Ahrar al-Sham à la réunion a signé l’accord alors que les gros bonnets d’Ahrar Al Sham, qui n’y étaient pas, ont maudit l’accord et déclaré qu’ils étaient tout à fait contre. Ils exigent un Etat islamique en Syrie qui suivrait leur ligne religieuse militante salafiste. Hubbard, à nouveau:

Ben Hubbard@NYTBen Re: @ Ahrar_Alsham2. Son délégué principal n’est pas parti. Avant la fin de la réunion, les membres qui n’étaient pas présents ont émis un communiqué annonçant leur retrait. Le modérateur de la session a dit que le délégué d’Ahrar n’a appris la déclaration de son groupe que plus tard, mais a signé le communiqué final. Puis les membres d’Ahrar comme @aleesa71 et @a_azraeel se sont plaints sur Twitter, ce qui suggère une scission entre les dirigeants militaires et politiques.

Les dirigeants wahhabites saoudiens et qataris veulent qu’Ahrar al Sham fasse partie de ce qui sera mis en place en Syrie. Ils ont embauché des think tanks « occidentaux » comme Brookings Doha pour répandre l’idée qu’Ahrar est « modéré ». Mais comment Ahrar peut-il être « modéré » alors qu’il se bat avec al-Qaïda et tue des civils parce qu’ils sont « non-croyants » ? Le groupe est maintenant dans une position inconfortable. S’il prend part à une conférence de paix avec le gouvernement syrien son allié Jabhat al-Nusra lui fera tout voir, s’il n’y participe pas, ce seront ses financiers saoudiens et Qatari.

Depuis le début de la guerre en Syrie, l’opposition au gouvernement syrien n’a jamais réussi à s’unifier. Les États-Unis, sous la forme de John Brennan, la tête de la CIA, ont fait équipe (une fois de plus) avec al-Qaïda tandis que le Département d’Etat essayait de parrainer des rebelles plus « modéré ». Le chaos ainsi créé se poursuit aujourd’hui.

La seule chose qui empêcherait que cette stratégie absurde n’engendre d’autres retours de manivelle serait évidemment d’évoluer vers une position de soutien du gouvernement syrien. Il est douteux que les États-Unis soient capables d’un tel discernement et d’une telle flexibilité.

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