Réunis à Skhirat au Maroc, le Conseil de la présidence qui a été adoubé par l’ONU, a produit, le 14 février, un nouveau gouvernement d’union …. très consensuel.
Le précédent, composé de 32 membres avait été rejeté le 25 janvier par un vote de la Chambre des représentants de Tobrouk, le Parlement reconnu par la communauté internationale. La formation proposée, ont-ils prétendu, était trop pléthorique par rapport au gouvernement restreint de treize membres qui avait été annoncé. retour à la case départ….
Pressés par la communauté internationale, les membres du conseil présidentiel chapeautés par le tripolitain Fayez Sarraj, ont annoncé, le dimanche 14 février dans la soirée, la composition du nouveau…. « nouveau » gouvernement composé de treize ministres comme requis, auxquels il faut ajouter cinq ministres d’Etat. Il faut bien aux forceps contenter tous les appétits des innombrables clans du paysage politique libyen.
Encore que deux membres du conseil présidentiel, qui planchaient sur sa constitution, Ali Al Gatrani, représentant de la Cyrénaïque et Omar Al Aswad, de la ville de Zintan, ont pourtant refusé de signer ce nouvel accord pourtant très consensuel. D’anciens ministres de Kadhafi ne coexistent-ils pas avec des islamistes purs et durs ?
Feu Mouammar Kadhafi, le retour
Certaines des personnalités retenues dans cet ultime casting ne manqueront pas en effet d’étonner. Il en va ainsi de Mohamed Syala, proposé au poste de ministre des affaires étrangères et Taher Jahmi, ministre du Plan. Ces deux entrants s’étaient déjà vu confier des portefeuilles ministériels par feu le dictateur Mouammar Kadhafi.
Pour faire contrepoids, le poste de ministre de l’Intérieur revient à Saleh al Khoja, réputé proche du très islamiste GICL (Groupe islamiste de combat de la Libye), contrôlé par le très influent Abdelhakim Belhadj. Le frère de Khoja dirige l’une des plus redoutables milices de Tripoli, tenu par le gouvernement auto-proclamé de la coalition de Fajr Libya (« Aube la la Libye »).
Scène de ménage
C’est encore une fois le poste très stratégique de ministre de la Défense qui provoque des remous. Mardi dernier, veille de l’échéance officielle fixée par la communauté internationale pour clore les débats, c’est une véritable scène de ménage qui agitait le Conseil de la présidence. Alors que l’envoyé de l’ONU, Martin Kobler twittait avec emphase sur la volonté des Libyens de parvenir à une solution « en travaillant jour et nuit », Ali Gatrani, réputé proche du général Khalifa Haftar, chef des armées et homme fort de Tobrouk et Fathi Majbari, présenté comme l’homme de Jadran, un seigneur de guerre qui a constitué son unité de « grades pétroliers » dans l’Est du pays, auraient eu une altercation couronnée par une paire de gifles. L’objet de ces échanges houleux était en effet le poste de ministre de la Défense qui est une fois de plus décerné à colonel Mahdi al-Barghati.
Proéminente figure militaire réputée proche de l’administration de Tobrouk, Barghati est un ancien militaire de l’armée de Kadhafi considéré comme le pire ennemi du général Haftar et partisan de Ibrahim Jadran, qui s’était illustré en bloquant en 2013 trois des principaux ports pétroliers de l’Est de la la Libye.
ENCADRE,
Jean Marc Ayrault: « Il n’y a plus de temps à perdre »
Formé une fois de plus sous la pression internationale, ce projet de cabinet devra recueillir 119 voix, soit une majorité des deux tiers du Parlement de Tobrouk. Samedi 13 février, réunis d’urgence à Munich, les chefs de la diplomatie américaine, française, allemande, italienne, égyptienne, de l’UE et l’émissaire de l’ONU pour la Libye, Martin Kobler, ont exhorté le président du Parlement, Aguila Saleh, à approuver enfin la solution proposée. »Il n’y a plus de temps à perdre pour que ce gouvernement d’union nationale puisse prendre ses fonctions et s’installer à Tripoli en toute sécurité », a souligné à cette occasion, le tout nouveau ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault.
Stop aux ingérences
Encore que ce nouveau gouvernement devra convaincre le Premier ministre en titre de Tripoli, Khalifa Al Ghweil, soutenu par le GICL et les Frères musulmans a ferment rejeté à plusieurs reprises toute « ingérence » étrangère ou onusienne dans les affaires politique libyennes. En janvier dernier il avait d’ailleurs délivré l’ordre d’interpeller tout membre du nouveau gouvernement qui tenterait de mettre un pied dans sa capitale.