Le lanceur d’alerte turc Erem Erdem avait révélé 422 pages de documents classifiés du renseignement turc contenant des écoutes téléphoniques. RT continue à en présenter les extraits les plus choquants.
Dans une deuxième partie des documents qui ont fuité et qui avaient été remis à RT par le député Erem Erdem en personne, il apparaît que le gouvernement turc avait accès aux dossiers de plus d’un millier de terroristes. Il était au courant de leur déplacement et des adresses de la plupart d’entre eux, mais au lieu de les arrêter ou de leur barrer la route, Ankara a préféré les laisser être soignés dans ses hôpitaux.
Le nom du chef présumé de Daesh, Ilhami Bali, dont la tête avait été mise à prix à plus d’un million de dollars, se retrouve souvent dans ces documents qui ont été révélés. Alors que les services de renseignement turc estiment qu’il était à l’origine des attentats à Ankara et à Suruç contre des activistes pro-kurdes, ces documents montrent que le gouvernement turc ne l’a aucunement empêché d’aider les combattants blessés de Daesh à traverser la frontière entre la Syrie et la Turquie pour y recevoir des soins.
Ilhami Bali a eu des conversations enregistrées par le renseignement turc, d’après les documents, avec au moins deux hommes : «Savas » et «Erek». Le premier aurait apporté des soins aux terroristes de Daesh dans des hôpitaux turcs et le deuxième s’occupait de l’aspect financier de ces opérations.
Dans la première conversation révélée, Ilhami Bali demande à «Savas» si d’autres personnes étaient arrivées pour être soignées après leur précédente conversation. Savas répond qu’elles avaient toutes été opérées et qu’il avait «fait quelque chose pour [un certain] Mouhmmad Emine qui coûte environ 32 000 lires».
Dans une autre conversation, le terroriste présumé parle à «Erek» d’un homme qui aurait reçu «les meilleurs médicaments pendant deux ou trois mois» parce qu’il ne voulait pas voir sa jambe amputée. Au regard des bonnes relations entre les deux interlocuteurs, le prix de soin ne se serait élevé qu’à 40 000 dollars.
Toujours et un peu plus loin dans ces documents du renseignement turc, Ilhami Bali affirme qu’il n’enverra plus jamais des blessés dans un hôpital spécifique car, alors qu’il aidait un combattant azerbaidjanais appelé «Mehmet Ali», il y avait eu confusion dans le traitement qu’il avait reçu et dans le paiement.
Malgré ces révélations, la Turquie continue à nier toute sa responsabilité, précisant qu’elle fait tout son possible pour lutter contre Daesh. En ce qui concerne le député-lanceur d’alerte, Erem Erdem, le président turc Recep Tayyip Erdogan l’a à plusieurs reprises qualifié de traitre. A l’heure actuelle, une enquête a été ouverte contre lui, mais il bénéficie d’une immunité parlementaire. Le parlement turc se prépare donc à adopter un amendement qui permettra de poursuivre les députés pour crimes de terrorisme pendant leur mandat. Une fois adopté, Erem Erdem fera donc face aux plusieurs années de détention.