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LE « DIRCAB » RIGOBERT MABOUNDOU

par Benjamin Bilombot Bidatys 28 Mai 2016, 04:52 Congo-Brazzaville Dictature Sassou Nguesso Dircab RIGOBERT MABOUNDOU

LE « DIRCAB » RIGOBERT MABOUNDOU
LE « DIRCAB » RIGOBERT MABOUNDOU
Par Benjamin Bilombot Bidatys

Le ridicule ne tue pas. L’exercice est inédit et pour le moins décalé. Un ministre de l’agriculture du gouvernement sortant nommé directeur de cabinet du premier ministre de la nouvelle équipe gouvernementale, voilà qui ne manquait pas d’humour. Ceci se passe bien en 2016 au Congo-Brazzaville dans le gouvernement de Sassou Nguesso à la sauce Mouamba. Alors que ses amis du Congo-Brazzaville espéraient le voir atterrir à la tête d’un autre porte-feuille ministériel, d’une grande société d’Etat, à la tête d’une chancellerie du pays dans une grande capitale occidentale ou encore bonnement reprendre le chemin de l’université, Rigobert Maboundou (car c’est de lui qu’il s’agit) a accepté sans sourciller et sans rire le poste de directeur de cabinet.

Commis de L’Etat
Il a été directeur de cabinet d’Edouard Ebouka Babakas aux finances sous le gouvernement de transition d’André Milongo en 1991-1992. Il est derechef directeur de cabinet de Clément Mouamba, Premier Ministre de Denis Sassou Nguesso en 2016. Rigobert Maboundou est donc « Dircab » après avoir été « Dircab ». Décidément, Rigobert Maboundou passé par la case de ministre de l’agriculture, adore bien le job de « dircab » . Denis Sassou Nguesso aurait dû le cramponner à son « taf » de directeur de cabinet. Dégringolé de ministre à directeur de cabinet, fut-il du premier ministre, si ce n’est pas une dévaluation de la fonction ministériel, ça y ressemble. Et, il n’y a que Rigobert Maboudou pour croire que cela correspond à une promotion. Rigobert Maboundou a préféré les ors et les dorures des cabinets ministériels plutôt que de repartir à la faculté dicter les cours aux étudiants dans des salles de classe d’un autre âge. Il a troqué la fonction de ministre contre le poste de directeur de cabinet. Or, le directeur de cabinet d’un ministère est un grand commis de l’Etat à la différence du secrétaire général de la présidence qui est un politique. Dans la fonction de « dircab », Rigobert Maboundou ne va-t-il pas se sentir à l’étroit lui, qui, ministre, défendait des projets de loi devant la représentation nationale et engageait par sa signature le Congo-Brazzaville dans les dossiers internationaux ?
« Kiki », le faiseur de rois
Rigobert Maboundou à l’instar de Bernard Tchibambeléla et Collinet Makosso n’avait que le nom de Sassou Nguesso sur les lèvres chaque fois qu’il prenait la parole en public. Ce qui n’a d’ailleurs pas empêché Denis Sassou Nguesso de le débarquer sans ménagement du gouvernement. Rigobert Maboundou ne doit le poste de « dircab » qu’ à l’intervention du fils du chef de l’Etat. Le gouvernement, constitué essentiellement par Denis Christel Sassou Nguesso alias Kiki, le fils, et par Edgar Nguesso, le neveu (qui ne met plus pied en France), ne comporte que des incompétents à leur image et des marionnettes qui ne sauraient compter dans une affaire aussi délicate que celle que vit actuellement leur pouvoir familial. Christel Kiki « le pétrolier » s’est souvenu, in extremis, de Rigobert Maboundou qui lui avait fait don de 100 millions de francs CFA, puisés (volés et dilapidés) dans le fonds agricole lors de la campagne des législatives pour la circonscription d’Oyo dont François Ibovi était le député. C’est donc bien Christel Sassou qui a soufflé, nolens volens , le nom de Rigobert Maboundou à son père au job de « dircab » après avoir placé au gouvernement ses maîtresses. Quelle gratitude ! Sans dignité et sans orgueil, Rigobert Maboundou s’est rué sur l’os pensant avoir fait une bonne affaire alors qu’il chutait d’un cran. Lorsqu’on a été ministre, l’étape suivante, n’est-ce pas le poste de Premier Ministre ? Rigobert Maboundou n’a-t-il jamais rêver être nommé premier ministre ? Comment pouvait-il en être autrement lorsque, au contact de Sassou Nguesso, on a perdu toute lucidité et surtout le sens de l’honneur ?


Traitre
L’enseignant d’Economie politique enivré par un début de carrière sans fautes (prof d’université, directeur de cabinet puis ministre) s’est-il brûlé les ailes en approchant le soleil comme Icare ? Jusqu’ici, la carrière de cet enseignant d’histoire de la pensée économique (HPE) s’est toujours parée d’éloges. Belle gueule, séducteur, tombeur des jeunes étudiantes, rigueur, éloquence trois étoiles, maîtrise des concepts, l’homme soutire les superlatifs jusque chez ses détracteurs. Très bon locuteur, toujours à la recherche du bon mot comme « le plongeon dans le vide » lâché devant les étudiants de sciences économiques à l’occasion d’un cours magistral d’Histoire de la pensée économique (HPE) et piètre politique, Rigobert Mabondou a été comme Noël Magloire Ndoba un fervent défenseur du Professeur Pascal Lissouba, membre avec Benjamin Bounkoulou du SOUKADO (soundi, kamba et dondo) avant de rejoindre avec armes et bagages Denis Sassou Nguesso et le PCT. Seule ombre au tableau de la production scientifique : Rigobert Maboundou n’est pas connu pour avoir produit un texte ayant fait date dans le domaine de la science économique.


Sirènes des biocarburants
Qu’est-ce que les populations du Congo-Brazzaville retiendront du passage de Rigobert Maboudou au ministère de l’agriculture ? Comme avant lui, Jeanne Dambazet, Marius Mouambenga, François-Xavier Katali, Justin Lékoundzou Iti Ossatoumba et après lui Henri Djombo : rien. Rigobert Maboundou est ce ministre de l’agriculture qui a frappé les esprits des populations du Congo-Brazzaville en faisant la promotion des bio-carburants, en compagnie de Macaire Nzomono, à l’époque conseiller agricole de Denis Sassou Nguesso. Il ne s’est pas arrêté là. C’est sous son régne que les semences avariées sont été distribuées aux paysans de la région martyr du Pool. C’est toujours sous la tutelle de Rigobert Maboundou que le Congo-Brazzaville a récemment offert à plusieurs industriels de l’agroalimentaire sud-africains et israéliens 10 millions d’hectares de la précieuse forêt pluviale du pays, pourtant menacée. Les asiatiques ont eu aussi leur part de terres arables. Les achats des terres agricoles par les firmes agro-alimentaires se sont multipliés. Une opération devenue symbolique du risque d’accaparemment des terres agricoles qui fait pèser une menace sur l’agriculture familiale qui produit l’essentiel des biens consommés par les populations du Congo-Brazzaville.


Pauvre Paradis terrestre
Le Congo-Brazzaville compte près de 4 millions d’habitants pour une superficie de 342 000 km2 (avis au ministre Arlette Nonault Soudan). L’agriculture y est exsangue. Pourtant, le pays ne manque ni d’eau, ni de terres. Un vrai paradis sur terre. Pourtant il dispose de dix millions d’hectares de terres cultivables dont à peine 2 % sont mises en valeur par des paysans dépourvus de moyens techniques et financiers. Ce pays qui a affiché par le passé des taux de croissance (à la chinoise) et a engrangé d’énormes recettes pétrolières, consacre cruellement moins de 4 % de son budget à l’agriculture. « Le Congo est toujours un pays d’importation qui n’arrive pas à produire suffisamment pour nourrir sa population » déplorait déjà en juillet 2007 l’ancienne ministre congolaise de l’Agriculture et de la Pêche, Mme Jeanne Dambenzet (cette Eve noire) sans pour autant y apporter des solutions. La ballade de Rigobert Maboundou au ministère de l’agriculture n’a pas inversé la tendance. La situation de l’agriculture s’est nettement dégradée. Les produits agricoles ne sont plus à la portée des ménages les plus modestes. Les prix des biens agricoles ont explosé. Considerés comme les aliments des pauvres, les légumes et les fruits (moussosso « ndounda bololo », badi « bitékoutékou », saka saka, moussa « ngayi ngayi », aubergine » binsoukoulou », « ntsiya », piment, tondolo, ananas, orange, mangue, banane) sont hors de prix. Au Congo-Brazzaville, pouvoir faire un ou deux repas quotidiens de sakasaka, de « maboké », de macédoine de légumes ou de koko-manioc est, jour après jour, la première préoccupation des ménages étant donné que cet exercice délicat relève parfois de la science-fiction pour la grande majorité à cause de la cherté des produits alimentaires. Sauf, bien sûr, pour les nouveaux riches du ‘« chemin d’avenir » qui tirent leur épingle du jeu. Les raisons de la hausse des prix des biens agricoles sont connues : insuffisance de l’offre intérieure et augmentation des importations en vue de répondre à la demande nationale. Et, ce n’est pas l’excursion de Rigobert Maboundou au département de l’agriculture qui aura amélioré les choses.
Dans la série d’hommes politiques, il y a deux catégories. Ceux qui ont une haute estime de la fonction ministérielle et ceux qui participent à son abaissement. Indiscutablement, Rigobert Maboundou appartient à la seconde catégorie.
Le poste de « dircab » du premier ministre Clément Mouamba occupé gaillardement et sans gêne par Rigobert Maboundou, tout à l’opposé du bon sens et de la sagesse des Hommes Etat, lui a non seulement fait perdre aux yeux du monde respect et considération mais aussi contribuer à abîmer son image d’universitaire. Ce n’est pas le Congo-Brazzaville que Rigobert Maboundou souhaite servir en passant pieds et poings liés de ministre de L’agriculture à directeur de cabinet du premier ministre mais, c’est sa propre personne qu’il entend maintenir coûte que coûte dans les allées du pouvoir où coulent le lait et le miel.


Benjamin BILOMBOT BITADYS

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