Plusieurs dizaines de militants dénonçant l'accaparement de terres en Afrique et en Asie par une holding dont Bolloré est actionnaire ont perturbé vendredi les arrivées à l'assemblée générale du groupe, à Puteaux, près de Paris, a constaté l'AFP.
Plusieurs dizaines de militants dénonçant l'accaparement de terres en Afrique et en Asie par une holding dont Bolloré est actionnaire ont perturbé vendredi les arrivées à l'assemblée générale du groupe, à Puteaux, près de Paris, a constaté l'AFP.
"Bolloré voleur, actionnaires complices", ont scandé depuis avant 8H00 les manifestants, une centaine selon la police, militants de diverses ONG ou de la Confédération paysanne, alors qu'arrivaient, à pied ou en navette électrique, des dizaines d'actionnaires du groupe.
Dans une ambiance parfois tendue, émaillée de bousculades avec police et actionnaires, une chaîne d'une cinquantaine de militants a notamment bloqué pendant plus d'une heure les abords de la tour Bolloré et l'entrée de son parking, une vingtaine d'autres manifestants se trouvant devant la porte d'entrée de l'immeuble.
Le groupe Bolloré a indiqué à l'AFP qu'il avait "décidé de porter plainte contre les organisations qui ont manifesté ce matin à l'occasion de l'assemblée générale du groupe" pour "viol de propriété" et "destruction de matériel".
La Socfin, holding luxembourgeoise dont le capital est détenu à 39% par Bolloré, possède des plantations de palmiers à huile et d'hévéas dans plusieurs pays africains, RDC, Liberia, Cameroun, Côte d'Ivoire, Sierra Leone..., ainsi qu'en Indonésie et au Cambodge.
Les militants, coordonnés par l'ONG française ReAct sur demande de l'Alliance internationale des riverains des plantations Socfin Bolloré, dénonçaient "les expansions continues" de ces plantations, "le plus souvent au détriment des communautés locales".
"Bolloré, qui avait accepté le dialogue en 2013, ferme aujourd'hui la porte et se retranche derrière son statut d'actionnaire minoritaire de la Socfin", a expliqué à l'AFP Marielle Benchehboune, une porte-parole de ReAct.
Les militants souhaitaient "obtenir un engagement du groupe à rouvrir la discussion", mais le groupe Bolloré "a refusé de recevoir une délégation", selon ReAct.
Encadrés par des policiers et CRS, les manifestants, dont une poignée ont été délogés de l'entrée de la tour par les forces de l'ordre, se sont finalement dispersés vers 10H30.
Selon la police, deux d'entre eux ont été interpellés pour "outrage et rébellion".
La police, qui évoque un "drapeau déchiré" au titre des dégradations, relève aussi une "tentative d'intrusion" dans la tour Havas, groupe également contrôlé par Vincent Bolloré, qui jouxte la tour Bolloré.
"Pas de bénéfices sans responsabilités", "Propriété palmée", pouvait-on lire sur des banderoles. "Les paysans privés de leurs terres ont une question: actionnaire as-tu du coeur?"
Dans un tract distribué aux actionnaires, l'Alliance des riverains demandait le "respect" de "l'espace vital nécessaire aux cultures vivrières pour les villages" et des représentants des communautés locales, "parfois emprisonnés suite à des plaintes de l'entreprise".
Selon ReAct, des actions de protestation sont organisées depuis mercredi dans les plantations "au Cameroun, en Côte d'Ivoire, au Liberia et en Sierra Leone".
Le groupe Bolloré a minimisé la pertinence de cette mobilisation.
"Cette manifestation est une recherche de spectaculaire qui était inappropriée car le groupe Bolloré est un actionnaire minoritaire, non gestionnaire de la Socfin", a indiqué un porte-parole à l'AFP.
Les assemblées générales des différentes entreprises dirigées par Vincent Bolloré se sont déroulées selon le programme, selon ce porte-parole. "Un demi-millier d'actionnaires (...) représentant 92% des droits de vote du groupe Bolloré ont approuvé à l'unanimité l'ensemble des 15 résolutions soumises à leur vote", a-t-il ajouté.
Les actifs agricoles de Bolloré, groupe diversifié surtout présent dans la logistique, le transport de carburant et la communication, ne représentent qu'une goutte d'eau dans son chiffre d'affaires, de l'ordre de 0,3% au premier trimestre 2016.