Le chef de guerre français, François Hollande, va-t-il être transféré devant la CPI pour répondre des crimes commis par l'armée française en Centrafrique ?
C'est ce que l'on pourrait se demander suite à la condamnation de Jean-Pierre Bemba par la CPI à 18 ans de prison. Cette peine sanctionne en particulier les viols commis par ses troupes en Centrafrique, entre 2002 et 2003. La CPI a estimé qu'il ne pouvait pas ne pas savoir. Alors François Hollande va-t-il subir la jurisprudence Bemba ?
On sait à présent que de nombreuses exactions et viols contre des enfants en Centrafrique ont été commis par des soldats français mais François Hollande était au courant et la justice n'est toujours pas passé trois ans plus tard. Déjà le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme s’était étonné, en mai 2015, que la France n’ait ouvert qu’en juillet 2014 une enquête sur les accusations de viols d’enfants par des soldats français en Centrafrique alors que les faits ont eu lieu entre décembre 2013 et juin 2014.
« Quelqu’un était au courant (…) Cela peut être un officier subalterne, cela peut être un sous-officier. Il est impossible de croire que ces soldats aient agi sans que personne d’autre ne soit au courant », a insisté le Haut-Commissaire, appelant les autorités françaises à mener « une enquête très sérieuse » afin de comprendre pourquoi les allégations de viols n’ont pas été vérifiées plus tôt. En fait, l'affaire a vu le jour suite au lanceur d'alerte, Anders Kompass, qui a transmis de sa propre initiative un rapport de l'ONU sur cette affaire aux autorités françaises. Il avait été sanctionné par sa hiérarchie pour n'avoir pas respecté les procédures en vigueur. L'affaire avait finalement été révélée par le quotidien britannique The Guardian. Depuis il a récemment démissionné outré par l'inertie de l'ONU a faire la lumière sur cette affaire et les pressions qu'il a subies.
Ce n'est que depuis début 2016 soit 3 ans plus tard que la France s'est dit prête à retirer ses troupes de Centrafrique. En fait, on sait que l'armée française restera en Centrafrique pendant des années pour des raisons géostratégiques et néocoloniales. Les bases militaires françaises remontent à la colonisation et n'ont jamais été démantelées. Ce pays est occupé par l'armée française et dispose d'une monnaie frappée par Paris : le Franc CFA. Paris fait la pluie et le beau temps sur son porte-avions centrafricain. Les dictateurs centrafricains successifs ont été faits et défaits par Paris y compris les deux derniers Bozizé et Djotodia.
Bokassa peu avant sa mort avait révélé le système de prédation françafricain mis en place par "l'ancienne" puissance coloniale dans son "pré-carré".
Il est toujours d'actualité. Les choses n'ont guère changé et on pourra revoir le déroulement de l'action française en Centrafrique qui a consisté à soutenir les rebelles via leur parrain tchadien puis les défaire face aux carnages commis par les rebelles soutenus par le dictateur françafricain Idriss Déby.
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Alors face à la jurisprudence Bemba, le chef de guerre Hollande, pour des faits similaires, sera-t-il jugé devant la CPI ?
Peu probable, le présumé criminel de guerre Tony Blair ne sera pas jugé par la CPI pour son action criminelle en Irak, selon The Telegraph.