La multiplication des attentats : signe avant-coureur de l’effondrement d’un régime ? Par Youssef Hindi Arrêt sur info
Préambule
Article que j’ai écrit dans la journée et dans lequel j’évoque la déstabilisation du pouvoir turc (quelques heures avant la tentative de coup d’Etat), que j’annonce depuis octobre 2015. Dans cet article je reviens sur ma thèse selon laquelle la multiplication des attentats est un signe de l’effondrement d’un régime. J’y fais le parallèle – que je faisais déjà dans mon article du 4 décembre 2015 sur les attentats du 13 novembre – entre l’intensification du nombre d’attentats en France et en Turquie (deux pays dirigés par des corrompus) et la chute prochaine des régimes français et turc. [Youssef Hindi]
Le 14 juillet 2016 à Nice eu lieu un énième attentat sous le pouvoir socialiste. En effet, statistiquement on a dépassé le seuil de l’incompétence ; à ce stade l’on est contraint d’émettre l’hypothèse plus que probable de la complicité des dirigeants français avec les terroristes.
Le soutien du gouvernement français au terrorisme en question
Une chose est certaine, la France n’a pas été frappée par le terrorisme en raison de sa lutte contre celui-ci, mais indirectement à cause de son soutien aux terroristes. À savoir ces rebelles réputés modérés comme ceux d’Al-Nosra, alias Al-Qaïda, dont Laurent Fabius nous disait, en décembre 2012, qu’ils faisaient « du bon boulot ». Plus largement, les français payent le prix de la politique intérieure et étrangère de la France qui s’est alignée sur celle de ses ennemis objectifs : les Etats-Unis, Israël et leurs alliés historiques.
Or le soutien de la France aux groupes terroristes est ben documenté et revendiqué par le président et son gouvernement. Les dirigeants de droite comme ceux de la gauche sont mouillés dans le soutien aux terroristes et ont le sang de dizaines de milliers de victimes sur les mains. Le gouvernement de Sarkozy envoya des agents de la DGSE pour diriger sur le terrain des mercenaires financés par le Qatar, coordonnant les attaques aériennes avec l’avancée au sol de faux rebelles mais vrais terroristes luttant en principe pour la liberté, contre la tyrannie etc. Le gouvernement de Hollande poursuivit sur cette lancée en armant les groupes terroristes de Syrie, comme l’ASL, une émanation des Frères Musulmans qui démarra les hostilités en 2011 contre le gouvernement de Damas.
Le 14 aout 2014, Laurent Fabius, loin de revenir sur sa déclaration de décembre 2012, annonçait dans un Tweet que des armes très performantes étaient sur le point d’être livrées aux combattants en Syrie ; dès lors, il ne fut pas étonnant de voir les membres de Daech, sur des photos, munis du fusil d’assaut Famas, une arme de fabrication française. En effet, contrairement à ce que l’on pourrait penser, il n’existe pas de frontière ni d’opposition réelle entre les dizaines de groupes terroristes opérant en Syrie et en Irak. Les terroristes « modérés » de l’ASL livrent à Daech, via notamment leur allié Al-Nosra, les armes qu’ils reçoivent des occidentaux, lorsque Daech ne bénéficie pas de livraisons directes.
Paris, 5 Septembre 2015. Les manifestants arborent le drapeau portant 3 étoiles, emblème du groupe terroriste ASL lors du rassemblement anti-Assad, Place de la République
Quelques jours après le massacre du 13 novembre dernier, Manuel Valls, déclarait, en contradiction absolue avec la réalité des faits, que le Qatar et l’Arabie Saoudite, qui selon lui combattent Daech, étaient déterminés à lutter contre le terrorisme. Il alla jusqu’à pointer du doigt des liens supposés entre « le régime de Bachar » et Daech.
Faut-il rappeler que les anglais, et les étasuniens à leur suite, ont soutenu le wahhabisme et les Saoud dès leurs premières poussées expansionnistes en Arabie, et qu’ils ont largement participé à la diffusion de la doctrine wahhabite à travers le monde ? Doctrine du terrorisme que les occidentaux s’étonnent de voir influencer tant de jeunes musulmans et de nouveaux convertis.
Faut-il aussi redire que le terrorisme wahhabite a dès son origine été un outil géostratégique des Britanniques et des États-Unis contre leurs ennemis ? D’ailleurs Zbigniew Brzezinski, alors conseiller à la Sécurité nationale des États-Unis sous la présidence de Jimmy Carter, a été un des maîtres d’œuvre d’une manœuvre de coordination de la CIA avec les services pakistanais et saoudiens, dans le but de financer et d’armer les futures terroristes, dont Ben Laden, ceci dès la fin des années 70 afin d’attirer l’Union Soviétique dans le cimetière afghan[i].
Parallèle entre la France et la Turquie
Étrangement, ce dont on ose moins parler c’est l’utilisation du terrorisme dans le cadre de la politique intérieure, tout particulièrement en temps de crise. Il est en effet très mal vu de supposer qu’un État occidental, « démocratique » et « libéral », puisse recourir à l’arme du terrorisme contre sa propre population ; mais concernant, par exemple, la série d’attentats ayant frappée la Turquie (cinq en un an, dans un contexte de crise politique et de déstabilisation du pouvoir turc), de grands journaux français et des experts médiatisés n’ont pas hésité à parler de la probable implication des Services secrets turcs, mettant en évidence, comme l’a fait le journal Le Point, une « connivence du pouvoir » avec les terroristes, et parle des « doutes [existant quant aux compétences] des services de renseignement turcs, déjà vivement critiqués pour ne pas avoir pu empêcher la meurtrière attaque d’Ankara »[ii].
Les mêmes accusations pourraient être portées à l’encontre du pouvoir français et des services de renseignements aux ordres. D’ailleurs, le même journal révélait en 2012 les graves défaillances de la DCRI dans l’affaire Merah. Mohamed Merah qui avait un agent de liaison dans la DCRI et qui, selon toute vraisemblance, travaillait pour le Renseignements intérieur[iii].
Car lorsque l’on se penche sur les trois principales affaires de terrorisme qui ont frappées la France depuis 2012, l’on remarque des faits récurrents comme des pièces d’identité et des passeports retrouvés sur les lieux du crime, des individus suivis de près et bien connus des services de renseignements, ce à quoi s’ajoute le fait que les services français furent avertis à plusieurs reprises par des Services étrangers de la préparation d’attentats, de celui de Charlie Hebdo comme de ceux du 13 novembre.
Le rôle trouble des Services secrets français dans l’affaire Merah a mené à une enquête parlementaire en 2013[iv] dont le rapport révèle, entre autres choses, que les services agissent en dehors du cadre de la loi et que leurs moyens sont dérisoires ; ce qui contraste avec le zèle du gouvernement dans la mise en place de la loi sur le renseignement ( l’équivalent français du Patriot Act I et II) dont l’objectif apparent est plus la surveillance de la population et des opposants politiques que la prévention du terrorisme.
En effet, nous avons appris, à la suite des derniers attentats, par l’ancien directeur de la DCRI, Bernard Squarcini, que Manuel Valls, alors ministre de l’intérieur, avait refusé la liste des djihadistes français que voulait lui communiquer les services de renseignements syriens. À la suite des attentats du 13 novembre, l’actuel ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, réaffirmait le refus de collaborer avec les services syriens. Si donc l’exécutif ne laisse pas faire les attentats, il ne fait en tout cas rien pour les prévenir.
Dès lors, selon un spécialiste de la question terroriste et ancien instructeur au centre des forces dirigeantes de l’Armée Allemande, Christoph Hörstel[v], nous assisterions en France à un management de la terreur consistant à fabriquer ou laisser faire des attentats pour distraire la population et surtout détourner sa colère. Cet expert affirme que tous les gouvernements membres de l’OTAN mentent, car les auteurs des attentats seraient, d’après lui, dans 95% des cas très bien connus des services de sécurité.
En 2009, lors d’une interview, François Hollande, alors premier secrétaire du Parti Socialiste, portait des accusations extrêmement graves. Il déclarait : « au nom de la lutte contre le terrorisme, on est en train de faire des amalgames et des confusions… celui qui n’est plus dans la norme, qui a un comportement déviant, peut être assimilé à un terroriste. Ce qui peut être une atteinte grave aux libertés ». Il allait plus loin encore en affirmant « qu’il y a une intention politique du pouvoir de donner le sentiment qu’il y a une menace et que le pouvoir y répond, pour justifier son intervention sécuritaire, qu’il décrivait comme une dérive sécuritaire qui justifie des lois répressives au nom d’une menace qui parfois est réelle mais qui est parfois virtuelle, voire même inexistante ». Le but de cette manœuvre, selon François Hollande, étant « de montrer une efficacité qui fait défaut sur le plan économique et sociale…».
Le pouvoir politique et un certain nombre de médias amalgament ou confondent sciemment la lutte contre le terrorisme et la réduction des libertés fondamentales[vi] ; or, comme nous l’avons constaté, le nombre d’attentats ne diminue pas au fur et à mesure que la surveillance de la population et des opposants politiques s’accroît, bien au contraire…
La guerre civile inter-communautaire comme échappatoire pour un régime à bout de souffle
L’on ne peut finalement comprendre ce phénomène que si l’on analyse l’évolution d’un régime politique qui n’est plus capable d’absorber la contestation et qui risque ainsi de voler en éclats, d’imploser en raison de son raidissement, ceci dans le contexte d’une délégitimation croissante de la caste politique française[vii].
Le principal danger aujourd’hui étant l’activation de tensions inter-communautaires, autrement dit d’une confrontation horizontale qui détournerait la population française (et européenne) du véritable objet de sa contestation et de son éventuelle révolte. Une éventualité à laquelle s’est préparée l’Exécutif le 30 juin 2011 (environ huit mois avant l’affaire Merah) en autorisant par décret les représentants de l’Etat, les fonctionnaires et les militaires, à tirer à balles réelles sur la population pour le maintien de l’ordre public[viii].
Cette stratégie est maintenant quasiment officialisée, puisque le nouveau directeur de la Direction Générale de la Sécurité Intérieure (DGSI), Patrick Calvar, « prédit » (c’est le terme utilisé par le journal Marianne) une guerre civile opposant « l’ultra droite et le monde musulman »[ix]. Ce Patrick Calvar est sorti de son rôle, consistant notamment à prévenir les attentats, pour se lancer dans l’énoncée de prophéties auto-réalisatrices, une des spécialités des rabbins et autres dirigeants israéliens – comme Benjamin Netanyahou qui annonçait le 7 août 2014 sur I-télé que « Si vous, la France, n’êtes pas solidaire d’Israël, vous serez frappés par le terrorisme ».
Le patron de la DGSI déclarait, lors d’une commission d’enquête du 24 mai 2016 et rendue publique seulement deux jours avant l’attentat de Nice – une ville qui est d’ailleurs un des fiefs des identitaires français ; quoi de mieux pour déclencher une guerre civile entre la pseudo ultra-droite et les musulmans ? – que « les terroriste passeront au stade des véhicules piégés et des engins explosifs, et ainsi ils monteront en puissance… »[x]. Et il ajoute, avec l’évidente arrière-pensée de profiter de la « menace terroriste » pour s’attaquer plus radicalement à tout mouvement contestataire : « L’Europe est en grand danger : les extrémismes montent partout et nous sommes, les services intérieurs, en train de déplacer des ressources pour nous intéresser à l’ultra droite (comprendre « toute organisation opposée au pouvoir ») qui n’attend que la confrontation. Encore un ou deux attentats et elle adviendra. Il nous appartient donc d’anticiper et de bloquer tous ces groupes qui voudraient, à un moment ou à un autre, déclencher des affrontements inter-communautaires. »
Il est évident que le pouvoir craint plus que tout la mise en place d’une coalition des différents groupes contestataires, en particulier ceux que l’on souhaite se voir s’affronter au profit d’un tiers.
Jusqu’à quand allons-nous donc tomber tête baissée dans les pièges de nos ennemis alors que leur stratégie apparaît désormais au grand jour ?
Peut-être serait-il temps de se pencher sur les données et analyses historiques et politiques que nous présentons pour élaborer des stratégies efficientes qui nous permettront d’avoir un coup d’avance et non plus des trains de retard sur nos ennemis.
Youssef Hindi | 15 juillet 2016
[i] Zbigniew Brzezinski, Pourquoi et comment j’ai financé Ben Laden ? Le Nouvel Observateur, 12/01/1998.
[ii] Le Point, Attentat d’Ankara : une enquête accablante pour la Turquie, 14/10/2015 : http://www.lepoint.fr/monde/attentat-d-ankara-une-enquete-accablante-pour-la-turquie-14-10-2015-1973568_24.php
[iii] Voir l’article du Point, Mohamed Merah travaillait pour les RG, 07/06/2012 : http://www.lepoint.fr/societe/merah-une-enquete-a-haut-risque-07-06-2012-1470689_23.php
[iv] Voir le résumé du rapport : http://www.france24.com/fr/20130517-france-rapport-urvoas-services-secrets-francais-renseignements-merah
[v] Voir son interview sur Russia Today : https://www.youtube.com/watch?v=hZhbwvDyaLo#t=242
[vi] Voir l’article du Point, 84% des Français acceptent une limitation des libertés en échange de plus de sécurité, le 17/11/2015.
[vii] Voir l’ouvrage d’Emmanuel Todd sur la disparition de la démocratie en France, Après la démocratie, 2008.
[viii] Décret n° 2011-795 du 30 juin 2011 relatif aux armes à feu susceptibles d’être utilisées pour le maintien de l’ordre public, voir le détail : http://www.legifrance.gouv.fr/jopdf/common/jo_pdf.jsp?numJO=0&dateJO=20110701&numTexte=17&pageDebut=11269&pageFin=11270
[ix] Marianne, Le patron de la DGSI prédit une confrontation entre l’ultra droite et le monde musulman, 12/07/2016.
[x] Express, L’Europe est en grand danger : l’avertissement des services de renseignement français, 13/07/2013.
Lire également: http://arretsurinfo.ch/le-destin-de-la-turquie-moderne-et-la-politique-suicidaire-derdogan/
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