Le discours de Donald Trump à la convention républicaine tire la sonnette d’alarme Par Jon Schwarz Article original: Donald Trump’s Convention Speech Rings Terrifying Historical Alarm Bells Traduit de l’anglais par Michael Rubin pour Arrêt sur Info
*Jon Schwarz a contribué à de nombreuses publications, dont The New Yorker, The New York Times, The Atlantic, The Wall Street Journal, Mother Jones et Slate, ainsi que National Public Radio et « Saturday Night Live« . En 2003, il a gagné un pari de $1000 disant que Irak n’a pas d’armes de destruction massive.
On se souviendra du discours de Donald Trump pour l’acceptation de sa candidature à la Convention Républicaine de Cleveland, Ohio, comme l’un des morceaux les plus effrayants de la rhétorique politique des Etats-Unis.
Même pour ceux qui pensent que l’action de l’autoritarisme sur les droits des citoyens américains est souvent exagérée, il est impossible de ne pas entendre dans le discours de Trump les échos et les stratégies des pires leaders que le monde ait connu.
Trump a un seul message pour les américains : ayez peur. Vous êtes sous la menace de forces mauvaises, à l’intérieur comme à l’extérieur et je suis la seule personne capable de vous sauver.
Trump a subtilement mélangé les violences contre la police et le terrorisme : “Les attaques subies par notre police et le terrorisme dans nos villes” a-t-il dit “menacent notre manière de vivre.”
Cette manière de parler est typique des démagogues de tous les temps. Si nous savons que nos ennemis extérieurs sont fondamentalement mauvais et que nos ennemis intérieurs sont leurs alliés, nous pouvons donc nous sentir justifiés à faire quoi que ce soit à nos ennemis internes. C’est tout simplement logique.
Le discours de Trump est en réalité plus terrible, plus énorme que celui des autres fanatiques, car il promet de tout régler du jour au lendemain. « Le crime et la violence qui affligent aujourd’hui notre nation atteindra bientôt – et je veux dire très vite – sa fin », dit Trump. « A partir du 20 Janvier 2017, la sécurité sera rétablie. »
L’utilisation de la peur pour détruire la démocratie est une vieille tactique décrite par Platon dans son ouvrage La République, écrit dans la Grèce antique autour de 380 av. J.-C.
La tyrannie, dit Socrate dans La République, est « une excroissance de la démocratie. » Le tyran en devenir proclame, chaque fois qu’il en a l’occasion, être le bouclier, le seul capable de protéger les citoyens d’un terrible et hypothétique danger à venir : « C’est comme cela qu’un tyran apparaît, comme un protecteur. »
Dans son discours d’investiture, Trump a martelé 13 fois qu’il allait “protèger” les américains et la manière américaine de vivre.
Trump dépeint un monde terrifiant dans lequel les américains ont désespérément besoin de protection :
- Près de 180.000 immigrés clandestins avec un casier judiciaire et dont l’expulsion de notre pays a été ordonnée rodent [ce soir] encore dans nos rues, libres de menacer les citoyens pacifiques. …
- L’Egypte a été livrée aux Frères Musulmans. … L’Iran va bientôt disposer de l’arme nucléaire. …
- Voilà l’héritage d’Hillary Clinton : mort, destruction, terrorisme, faiblesse. …
- Mon plan commencera avec la sécurité intérieure – des quartiers sûrs, des frontières sûres, et la protection contre le terrorisme. …
- J’ai rejoint l’arène politique pour que les puissants ne puissent plus s’attaquer et battre les personnes sans défense. …
- L’Amérique a été meurtrie au cœur lorsque nos agents de police à Dallas, Texas, ont été sauvagement exécutés. … J’ai un message pour tous ceux qui menacent la paix dans nos rues et la sécurité de nos policiers : l’année prochaine, à ma prestation de serment, je vais rétablir la loi et l’ordre dans notre pays. …
- Nous devons également répondre aux menaces croissantes de la part des ennemis extérieurs de l’Amérique. …
- Des hommes, des femmes et des enfants sont brutalement fauchés. Des vies sont ruinées. Les familles sont déchirées. … A Orlando, en Floride, 49 américains, des personnes magnifiques, ont été sauvagement assassinés par un terroriste islamique. C’était il y a quelques semaines. …
- Nous rendrons l’Amérique a nouveau sure.
Comme Platon l’explique dans La République, les dirigeants de ce genre finissent inévitablement « debout dans le char de l’Etat avec les rênes dans leurs mains, non plus comme protecteur, mais comme tyran absolu. » La liberté se mue dans la forme la plus sévère et la plus amère de l’esclavage.
La bonne nouvelle est que si vous cessez de regarder les nouvelles a la TV – apparemment la seule source de connaissance de Donald Trump sur le monde – et allez à l’extérieur, vous trouverez que le Etats-Unis sont aujourd’hui probablement plus sûrs qu’ils ne l’ont jamais été.
Malgré les statistiques trompeuses que Trump a utilisé dans son discours d’investiture, le taux de criminalité est globalement beaucoup, beaucoup plus faible que dans le passé. Vous n’avez pas besoin de vous soucier ISIS : même après le massacre de 49 personnes à Orlando, il est probable que plus d’Américains seront tués par des piqûres d’abeilles en 2016 que par le terrorisme.
Néanmoins, toute personne qui ignore l’histoire, le passé, peut être vraiment inquiète qu’une partie importante de la population puisse désigner un président comme Trump. Hegel, philosophe allemand, a dit il y a 200 ans : « L’expérience et l’histoire nous enseignent ceci : les gens et les gouvernements n’ont jamais rien appris de l’histoire. »
Jon Schwarz | 23 juillet 2016 | Information Clearing House – The Intercept