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La France dégénère en un Etat militarisé dirigé par la peur (Russia Today)

par Russia Today 10 Août 2016, 11:08 France Etat d'urgence Armée française Etat policier

Cité par Le Journal du Dimanche, Valls a déclaré: «J'ai toujours dit la vérité sur le terrorisme : on nous mène une guerre, il y aura de nouveaux attentats. C'est difficile à dire, mais d'autres vies seront fauchées.»

Il y a neuf mois, Hollande a fait part du même genre de sombres pressentiments en évoquant la «France en guerre» après les attaques à l'arme à feu à Paris, où 130 personnes ont été tuées par cinq kamikazes djihadistes.

L'état d'urgence déclaré après les atrocités du 13 novembre a été prolongé ce week-end pour trois mois après que 84 personnes ont été tuées à Nice jeudi dernier [14 juillet]. Dans cette attaque, un homme dans un camion semi-remorque de 20 tonnes a foncé dans une foule de milliers de piétons regardant le feu d'artifice du 14 juillet dans un station balnéaire de la Côte d'Azur.

Quelques 120 000 policiers et soldats seraient déployés maintenant à travers la France, ce qui est supérieur au nombre record de 115 000 agents de sécurité en état d'alerte lors de l'Euro 2016. Par ailleurs, 12 000 policiers réservistes sont en train d'être mobilisés.

C'est désormais devenu une routine de voir des soldats armés en patrouille aux côtés des gens qui font leurs courses et des amateurs de café le long des rues des villes françaises. Les citoyens doivent accepter les contrôles aléatoires de leurs sacs, des scanners corporels et des arches de détecteurs de métaux en entrant dans les bâtiments publics.

Le ministre français de l'Intérieur Bernard Cazeneuve exhorte «tous les patriotes français» à rejoindre la police ou les rangs des réservistes de l'armée.

Il y a même des demandes de Marine Le Pen, leader du Front national, de réinstaurer le service national obligatoire.

Au cours de la dernière année, des milliers de citoyens français ont été arrêtés ou ont subi des perquisitions de leur domicile par la police sans mandat.

On dit que quelques 20 000 personnes sont sous surveillance des autorités françaises.

L'état d'urgence a également vu le gouvernement interdire des manifestations publiques contre la Loi travail. Cette violation sans précédent des libertés civiles a été justifiée comme une mesure nécessaire de «sécurité nationale» pour lutter contre les menaces terroristes.

La France a ainsi entré dans un état d'urgence permanent, marqué par des pouvoirs de la police élargis, par une militarisation de la société, et par la suspension des droits et des libertés démocratiques. On est à quelques pas seulement de la dictature pure et simple.

Ironie du sort : la dernière atrocité en date, celle de Nice, a eu lieu le 14 juillet, le jour de la fête nationale commémorant la Prise de la Bastille et la Révolution française et sa proclamation historique : «liberté, égalité, fraternité.» A quel point la «liberté» des citoyens français peut leur être restreinte par les autorités dans la guerre contre le terrorisme présumé est un point discutable.

La réalité des attaques terroristes contre la France n'est pas sujet à discussion. La tuerie dans les locaux du magazine satiriqueCharlie Hebdo en janvier 2015 et le carnage parisien de novembre ont été clairement réalisés par des personnes ayant des liens avec des groupes terroristes djihadistes.

Cependant, dans le cas du carnage niçois, les motivations du tueur sont loin d'être claires. D'origine tunisienne, Mohamed Lahouaiej Bouhlel (31 ans) aurait souffert des problèmes psychologiques profonds, de dépression et de violence. Divorcé et séparé de ses trois enfants, sa famille a dit qu'il n'était pas un «islamiste radical». Il aurait bu de l'alcool et fumé pendant le mois du jeûne musulman - le Ramadan - et ses amis disent qu'il n'a jamais été dans une mosquée de toute sa vie.

Le groupe terroriste islamiste Daesh peut parfaitement affirmer que Bouhlel était «un soldat du califat» après les tueries de Nice. Mais il n'y a aucune preuve d'existence d'un lien organisationnel, même d'après les enquêteurs français. Le groupe terroriste a fait des déclarations similaires concernant le tireur d'Orlando, en Floride, du massacre du mois dernier. Il s'est avéré que l'attaquant d'Orlando, lui aussi, a souffert de troubles psychologiques sans le moindre rapport avec le terrorisme.

Sur l'attaque de Nice, selon le Daily Telegraph, des sources de la police française ont même suggéré que Bouhlel pouvait avoir été motivée par le désir de se suicider plutôt que par l'idéologie islamiste, et a décidé de présenter son suicide comme un complot terroriste.

Malgré l'ambiguïté, les autorités françaises affirment qu'il s'agissait, à Nice, d'un attentat terroriste. Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve affirme que l'assaillant s'est «rapidement radicalisé», même s'il n'était pas sur une liste de surveillance de terroristes - il était bien connu de la police française comme petit délinquant.

Manuel Valls, le Premier ministre, a fait une affirmation plutôt guindée : «La revendication de Daesh du samedi matin et la radicalisation du tueur confirment la nature islamiste de l'attaque.»

C'est probablement plus facile pour les autorités françaises de qualifier toutes ces attaques violentes de «terrorisme». Cet encadrement conceptuel permet aux autorités de s'emparer de plus de pouvoir au détriment des droits démocratiques, et ce sans responsabilité. L'encadrement de la terreur tend également à renforcer la légitimité des forces de sécurité du gouvernement et de l'Etat et de détourner les critiques et la colère du public des horribles défaillances en matière de sécurité publique.

Mais cette trajectoire du pouvoir d'Etat risque de devenir un processus dynamique auto-renforçant de gouvernance de plus en plus autocratique - une dictature - où la démocratie, à toutes fins et intentions, cesse d'exister. Encore plus inquiétant, ce sinistre déluge est même à peine remise en question dans le discours public.

L'aspect international de la réponse du gouvernement français est tout aussi problématique. Ce gouvernement a annoncé une intensification des frappes aériennes contre des groupes ouvertement terroristes en Syrie et en Irak. Les responsables français seraient en déplacement à Washington cette semaine pour coordonner un déploiement militaire plus important dans ces deux pays.

L'Etat français, comme ses partenaires de l'OTAN, laboure dans la fosse aux serpents. La déstabilisation cachée de la Syrie (et la Libye) pour un changement de régime impliquant la militarisation des mandataires terroristes est une recette pour un effet boomerang sans fin. Les bombardements «anti-terroristes» ultérieurs des pays arabes, en violation flagrante du droit international, est un pas de plus vers la fosse aux serpents.

Sans traiter les causes profondes des problèmes politiques - à savoir la complicité française dans le parrainage des changements de régime et du terrorisme - il n'y aura jamais de solution. C'est un axiome irréfutable : il ne peut pas y avoir de paix sans justice, cette dernière étant prise au sens le plus large du respect du droit et de la morale.

La France se transforme en un État policier autoritaire militarisé - un peu comme Israël. Les citoyens ont à vivre en permanence dans la peur et à faire face aux mesures d'urgence qui prennent l'ascendant sur les droits démocratiques.

L'analogie avec l'Israël est appropriée. L'usurpation des droits des Palestiniens par l'Israël et les violations systématiques du droit international est un autre cas de «pas de paix sans justice».

Les citoyens français, tout comme ceux des autres pays occidentaux, doivent se poser la question : «Voulons-nous vraiment vivre comme ça ?» Autrement dit, sous le poids permanent de la peur et avec le pouvoir arbitraire de l'État qui s'exprime également dans le despotisme, comme on le voit à travers l'interdiction des manifestations publiques des opposants, la réduction des droits des travailleurs et les politiques d'austérité.

Cela ne pourrait mener à l'éradication immédiate du terrorisme, mais la voie à suivre pour les citoyens est celle d'exiger des comptes de leur gouvernement. Washington, Londres et Paris - les principales puissances de l'OTAN - ne doivent pas être autorisés à fouler aux pieds le droit international en lançant des guerres et des complots secrets pour changer de régime dans des pays souverains.

Les gouvernements et dirigeants politiques occidentaux doivent être poursuivis en justice pour des crimes contre la paix. Cela a-t-il été fait une seule fois ?

C'est la seule façon de briser le cercle vicieux de terrorisme parrainée par l'État, de l'effet boomerang et de la soi-disant «lutte contre le terrorisme».

Si les citoyens n'imposent pas leur volonté démocratique à ces gouvernements de voyous, ce cercle vicieux nous fera allers vers la dictature fasciste. Et la France semble être sur de bons rails pour arriver à cette dystopie.

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