Libye : Un document accablant pour Nicolas Sarkozy Par Michel Cuny Reseau international Lu sur Wikistrike
Publié ici même le 16 juillet 2016, l’article de Françoise Petitdemange Muammar Gaddhafi les avait prévenus (http://reseauinternational.net/muammar-gaddhafi-les-avait-prevenus/) a été lu par plus de 48500 personnes, ce qui est sans doute le signe d’une inquiétude profonde.
Ainsi que l’écrivaine le rappelait, Muammar Gaddhafi, répondant dans un entretien publié le 5 mars 2011 par Le Journal du Dimanche aux questions que lui posait Laurent Valdiguié, avait formulé cette mise en garde pressante en présence des menaces pesant alors sur son pays :
« Voilà ce qui va arriver. Vous aurez l’immigration, des milliers de gens qui iront envahir l’Europe depuis la Libye. Et il n’y aura plus personne pour les arrêter. »
Quelques jours plus tard, Sarkozy lançait les avions français dans le ciel libyen…
Nous commençons à connaître, dans notre propre sang, ce qui n’en est que la suite… sans bien comprendre pourquoi notre pays est devenu partie prenante de tant d’horreurs. D’où vient cet acharnement, qu’il concerne la Libye (Sarkozy) ou la Syrie (Hollande) ?
Au moment précis où l’attaque française se produisait en Libye, Françoise Petitdemange avait découvert qu’il lui était possible d’intervenir sur le site www.lepoint.fr, en y laissant des commentaires d’une dimension conséquente que le modérateur n’hésitait pas à accepter – tels quels la plupart du temps –, alors qu’ils ne correspondaient pas nécessairement à la ligne éditoriale de la version électronique du journal en question.
La situation sur place était proprement terrifiante. De jour en jour, la tragédie libyenne prenait des allures de plus en plus ignobles : la France et ses alliés multipliaient à la fois les crimes et les mensonges, ceux-ci étant relayés, comme à plaisir, par la quasi-unanimité des médias et des responsables politiques d’à peu près tous les bords.
Appuyée sur l’engagement qu’elle avait pris, par-devers elle-même, de rédiger, si possible, un article-commentaire d’une pleine page chaque jour, Françoise Petitdemange s’informa peu à peu de la provenance du régime libyen tel qu’il avait été établi après la Révolution du 1er septembre 1969. C’est ainsi qu’elle réussit à atteindre des documents très précieux et fournis, soigneusement rassemblés par des universitaires de France et d’Afrique du Nord tout au long des années 60, 70… et jusqu’au début des années 2000, et d’autres aboutissant à l’époque contemporaine : le travail d’élaboration réalisé par Muammar Gaddhafi et ses camarades du CCR (Conseil du Commandement de la Révolution) en synergie avec le peuple libyen durant quarante-deux années (1969-2011) lui apparut dans toute son ampleur.
C’était, justement, ce que la France avait décidé de détruire, et détruisait effectivement de jour en jour, et dans le silence quasi total des Françaises et des Français tenu(e)s soigneusement à l’écart de toute compréhension possible du crime en cours, par des dirigeants emportés dans les fureurs de l’impérialisme guerrier le plus brutal.
C’est ce travail d’approfondissement, effectué en un temps où les bombes s’abattaient sur la Libye et où Muammar Gaddhafi perdait la vie dans des conditions qui disent tout de la sauvagerie des commanditaires occidentaux, qui a débouché, en 2014, sur la publication du livre de Françoise Petitdemange La Libye révolutionnaire dans le monde (1969-2011), aux Éditions Paroles Vives.
Désormais, il existe une transcription minutieuse rassemblant les 197 articles dont la plupart ont été repris en commentaires sur le site www.lepoint.fr, entre le dimanche 20 mars 2011 et le dimanche 20 octobre 2013, et au beau milieu d’un drame quotidien contre lequel Françoise Petitdemange se dressait de toute la force que lui donnaient les découvertes qu’elle faisait, simultanément, dans les documents de la fondation héroïque de la GJALPS (Grande Jamahiriya Arabe Libyenne Populaire Socialiste).
Cette succession de textes permet de suivre le comportement des différents responsables occidentaux ou africains. Elle fournit aussi l’ensemble des éléments politiques, économiques, idéologiques, diplomatiques, militaires, etc., soigneusement collationnés et étudiés en parallèle au conflit libyen, et à celui qui s’enchaînait alors à lui en Syrie. Elle a pris la forme d’un livre électronique : Françoise Petitdemange, La guerre coloniale et la contre-révolution en Libye (mars 2011-octobre 2013), Éditions Paroles Vives 2016. Cf. https://unefrancearefaire.com/2016/08/23/libye/
Ce qui va conditionner une partie de notre futur s’y retrouve… De même qu’y est posée la grave question des moyens qu’il nous reste à nous, citoyennes et citoyens, de faire face aux conséquences de crimes dont nous avons été partie prenante à travers ce système malsain que constitue la délégation permanente, faite au président de la république française, du droit d’entamer, à titre personnel, les guerres qui lui conviennent.
En effet, c’est bien au peuple lui-même que cette ardoise de sang est laissée…
Michel J. Cuny