Dans un entretien accordé à l’hebdomadaire panafricain Jeune Afrique, l’icône de la musique africaine, le Malien Salif Kéita a poussé un cri de coeur – ou un coup de gueule, c’est selon – sur la crise qui secoue le nord du Mali.
Salif Kéita est formel, il ne faut pas chercher loin les responsables de la crise que vit le Mali. L’artiste qui affirme vivre “douloureusement” l’“impuissance” de son peuple face à la situation, voudrait que les responsabilités soient partagées. “Il ne faut pas se tromper d’ennemi : ce ne sont pas les Nordistes”, précise-t-il d’entrée sur la question malienne dans une interview au magazine Jeune Afrique.
A la question de savoir qui est donc l’ennemi dans ce conflit, le chantre mandingue rappelle le rôle influent de la France. “Je dis simplement que si la France voulait que la guerre s’arrête, ce serait fini demain. Le Nord est riche en pétrole, en uranium, et il est sans doute plus facile de marchander avec une minorité. Je pose aussi une question : qui a armé la rébellion ? Pour moi, Paris est en partie responsable.”
Se revendiquant un patriote mais sans accointance avec une quelconque personnalité politique, Salif Kéita prêche l’union sacrée derrière le président Ibrahim Boubakar Kéita afin d’en finir avec cette guerre qui “est en train de [nous] amputer du nord du pays.
“Aujourd’hui, nous devrions tous être derrière IBK”, conseille-t-il. “Attention, je n’aime pas les hommes politiques : ils trempent dans trop d’affaires, se veut-il pourtant sans équivoque… Mais je sais ce qui est bon pour le pays. Et, aujourd’hui, c’est de rester uni derrière un chef pour reconquérir notre souveraineté”.
L’entretien qui a également tourné autour de la lutte de l’artiste pour une meilleure prise en charge des albinos – son combat depuis des décennies – lui a permis de lancer un nouvel appel à l’aide pour ces personnes marginalisées dans la société africaine. La sortie de son prochain album début 2017 qu’il a autoproduit et sur lequel figureront des collaborations avec des star nigérianes, Youssou Ndour ou encore Angélique Kidjo, était également à l’ordre des sujets.