Cinq soldats, jugés ce jeudi pour des violences commises en Centrafrique, lèvent le voile sur les conditions déplorables de l'opération militaire dans ce pays.
Une noble et courageuse « opération de sécurisation » qui masquait une réalité bien moins policée. Cinq membres du prestigieux 2e régiment d'infanterie de marine (2e Rima) comparaissent ce matin devant un conseil d'enquête militaire à Poitiers (Vienne). Le ministère de la Défense reproche aux soldats basés au Mans (Sarthe) d'avoir violemment tabassé un commerçant centrafricain étranger au conflit durant l'opération Sangaris. Des poursuites disciplinaires rares qui s'appuient sur une enquête interne confidentielle lancée au printemps dernier. Son contenu, dont nous avons pris connaissance, constitue surtout un témoignage cru et dérangeant sur l'intervention militaire française en Centrafrique, entre scènes d'horreur, indigence des moyens, et passivité face aux massacres commis par les forces tchadiennes alliées.
Fin 2013, le pays est plongé dans le chaos. Le conflit entre rebelles musulmans de la Séléka et les milices chrétiennes dites antibalakas entraîne des exactions sur les populations civiles. Les affrontements se concentrent bientôt sur la capitale Bangui, déclenchant l'intervention de la France le 5 décembre. Le manque de moyens affectés au 2e Rima, posté à l'entrée nord de la ville, est alors criant. « On est arrivés dans un pays en guerre civile et on est arrivés au moment le plus fort, raconte l'un des soldats durant l'enquête administrative. Nous n'avions pas de couchage, pas de lits picots, pas de moustiquaires. On prenait les cartons des rations pour dormir dessus. Parallèlement à ça, on était menacés par la hiérarchie d'être punis en cas de paludisme. »...
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