Le traitement de l'actualité sur les chaînes de télévisions du groupe France TV touchant à l'actualité internationale brûlante semble suivre une ligne très proche de celle promue par le gouvernement et son ministère de la Défense.
Qu'on en juge !
Sur les crimes de guerre commis par la coalition saoudienne au Yémen, depuis un an et demi, soutenue par les USA, la France, la Grande-Bretagne et Israël, la rédaction de France TV assure le service minimum. Il faut dire que le chef de guerre français et son Etat-major pourrait être mis en cause pour complicité de crimes de guerre car la France a des forces spéciales au Yémen qui combattent au côté des Saoudiens ainsi que des conseillers militaires français qui avec les USA, la Grande-Bretagne et Israël guident les bombardements saoudiens sans compter sur les ventes massives d'armes aux bouchers de Ryad.
(Quand Amnesty international demande à François Hollande de suspendre immédiatement les transferts d’armes et les soutiens militaires à l’Arabie saoudite responsable de crimes de guerre au Yémen ). Inutile de dire que ces informations sont très peu traitées sur les grandes chaînes nationales du P.A.F et..les autres d'ailleurs.
Par contre lorsqu'il s'agit de couvrir les bombardements russes sur Alep, les rédactions des différents JTs nationaux se déchaînent et informent à charge dans la droite ligne de la politique étrangère française. Une réactivité étonnante sans vérification des informations. Ainsi le jeudi 27 octobre, France 2 traitait dans ses JT de 13h et 20h des informations données par l'Unicef à la suite des casques blancs - proches des groupes djihadistes en Syrie - sur le bombardement d'une école à Idlib qui aurait tué 22 enfants et 6 enseignants. Le présentateur déclare sans l'once d'une mise en garde dans le JT de 13h qu'il s'agit "d'un raid mené par le régime de Bachar Al-Assad ou par la Russie selon l'Observatoire des Droits de l'Homme" (NB. : que l'Observatoire est un organisme implanté à Londres proche des "rebelles" ce qui n'est pas précisé par le communiquant de France TV). Noter également que c'est à peu de choses près ce que déclarait le M.A.E français, Jean-Marc Ayrault :
« Qui est responsable ? En tout cas, ce n’est pas l’opposition [au régime syrien], car pour bombarder il faut des avions. Ce sont soit les Syriens, le régime de Bachar Al-Assad, soit les Russes »
L'information était à charge et la rédaction de France 2 a aussitôt accusé l'armée russe ou syrienne sans demander de droit de réponse aux autorités russes et syriennes dans le JT de 13h. Ce n'est que dans le JT de 20h que France 2 prendra le point de vue des autorités russes qui déclarent qu'il s'agirait d'un montage (organisé par les casques blancs que s'est empressé de relayer l'Unicef en accusant les Russes et les Syriens de "crimes de guerre"). Le communiquant du JT de 20h déclare que Ban Ki Moon menace les Russes et les Syriens de "crimes de guerre" et entend mener une enquête à l'ONU.
Aucune allusion ce jour là et les jours suivants, n'est faite sur la chaîne nationale aux photos satellites russes montrant l'absence de bombardements sur l'école d'Idlib (Défense russe : les photos de drone montrent que l’école syrienne n’a pas été bombardée).
Au JT de 20h de France 2 du lendemain, le vendredi 28 octobre, plus aucune allusion n'est faite à cette affaire. Nous n'aurons droit ni à l'analyse des images des drones russes par des "experts", ni à une enquête médiatique sur ce qui s'est réellement passée à Idlib. Par contre la communicante du JT lance un long reportage sur la situation à Mossoul et l'avancée des troupes irakiennes, kurdes soutenues par les forces françaises contre l'EI. Après la disqualification des autorités russes et syriennes et des accusations de "crimes de guerre" lancées à la va-vite, les communicants de France TV n'ont pas souhaité revenir sur le sujet pourtant particulièrement graves de par les accusations et les faits avancés. On zappe et on passe à autre chose, l'opinion publique gardera en mémoire une image très négative des forces russes et syriennes qui auraient commis un "crime de guerre" à Idlib malgré des éléments de preuve n'allant semble-t-il pas dans ce sens. On aurait souhaité une investigation plus approfondie et moins à charge mais cela ne semble pas la politique de la maison. On attendra donc (l'enquête de l'ONU de Ban Ki Moon ?) pour se prononcer sur ce qui s'est réellement passé.
La porte-parole du Ministère des affaires étrangères russe, M. Zakharova, a très bien résumé la technique employée :
Chaque conflit commence toujours avec en premier lieu le lancement d’une campagne d’information, ensuite interviennent les ONG, qui signent une pétition ou une autre, en laquelle croient les gens puisque ces organisations sont non-gouvernementales, ensuite ils préparent une décision qui doit être exécutée.
Photos prises par des drones russes le lendemain du prétendu bombardement de l'école d'Idlib qui ne montrerait pas d'effets d'un bombardement. Eléments qui n'ont absolument pas été traités par la rédaction du JT de France 2.
Néanmoins lorsqu'il s'agit de couvrir l'avancée des forces irakiennes à Mossoul soutenues par les forces armées atlantistes et françaises, les JTs de la chaîne nationale nous abreuvent d'informations sur la bravoure des soldats de l'armée française et des Kurdes ou des Irakiens qui se lancent dans la bataille contre l'EI. Encore une fois, ici la rédaction de France TV est sur la même longueur d'ondes que celle du ministère de la Défense et du chef de guerre français. Mais aucune allusion n'est faite aux bombardements sur des installations civiles faites par les forces étatsuno-britannico-françaises. Ainsi lorsque les Russes évoquent le bombardement par les Etats-Unis d'une école de filles à Mossoul, l'information n'est pas traitée dans les titres des JTs. On sera surpris de la sélectivité du traitement de l'information sur cette chaîne concernant l'école d'Idlib soit disant bombardée par les Russes et celle de Mossoul soit disant bombardée par les Etats-Unis. Il en va de même sur la quasi absence de couverture des crimes de guerre saoudiens au Yémen, pays le plus pauvre au monde qui est actuellement au bord de la famine tandis que l'opulente Arabie saoudite siège au conseil des droits de l'homme de l'ONU avec le soutien franco-britannico-étatsunien.
Lire :
- L'Arabie saoudite qui a décapité plus de gens cette année que l'Etat islamique, a été choisi par l'ONU pour présider le conseil des Droits de l'homme des Nations unies
- L’Arabie saoudite utilise son siège au conseil des droits de l'homme de l'ONU pour cacher ses abus (MEE)
Le comble est à sa mesure lorsque 5 militaires français (3 agents de la DGSE et 2 contractants français) en partance pour la Libye s'écrasent avec leur avion à Malte, le 24 octobre 2016, très tôt le matin. L'information est alors traitée de manière lapidaire et ne figure pas dans les titres des journaux hormis sur le JT de 20h de France 2 (nullement dans les JTs de France 3 et du JT de France 2 à 13h du 24 octobre). Visiblement, il s'agissait d'une affaire qui embarrassait le ministère de la Défense et qui aurait pu montrer le double jeu de la France en Libye qui d'une main soutient officiellement le gouvernement d'union nationale et de l'autre soutient les forces du général Haftar assistées par les USA. En tous les cas, on saura que la France est en guerre en Libye et que le Parlement français n'a jamais voté cette guerre comme il est de coutume tandis que les médias essayent d'étouffer l'affaire. Visiblement le sujet touchait au secret défense et les JTs du service publique (tout comme TF1,...) ont fait le minimum, as usual : aucune investigation approfondie sur le sujet, aucun suivi de l'info.
Lire :
- Silence médiatique sur la mission des militaires français en partance pour la Libye dont l'avion s'est crashé à Malte.
- Crash d’un avion à Malte en partance pour la Libye : Que cachait vraiment la mission de reconnaissance de l’armée française ? (20 minutes)