Guerre OTAN-USA à la Russie : les vents hurlent avant la tempête Par Christopher Black Article original : US-NATO’s War On Russia: The Winds Howl Before The Storm NEO Traduit par Diane, vérifié par jj, relu par Catherine pour le Saker francophone
Il y a quelques semaines, j’ai écrit : «J’ai été avocat de la défense la plus grande partie de ma vie professionnelle et je n’ai pas l’habitude de recueillir des preuves pour engager des poursuites, mais les circonstances m’ont incité à ouvrir un dossier pour le procureur de la Cour pénale internationale, ou peut-être un futur tribunal citoyen. Ce dossier contient la preuve que les dirigeants de l’OTAN sont coupables du plus grave crime contre l’humanité, le crime d’agression. Je voudrais partager avec vous quelques brèves notes intéressantes provenant de ce fichier, que je soumets à votre réflexion.»
L’Article 8bis du Statut de Rome, le statut régissant la Cour pénale internationale, stipule :
Aux fins du présent Statut, on entend par «crime d’agression» la planification, la préparation, le lancement ou l’exécution par une personne effectivement en mesure de contrôler ou de diriger l’action politique ou militaire d’un État, d’un acte d’agression qui, par sa nature, sa gravité et son ampleur, constitue une violation manifeste de la Charte des Nations Unies.
Depuis lors j’ai peu écrit, en partie à cause d’autres événements de la vie qui ont interféré avec ma capacité à prendre du recul, à assimiler et à penser sur ce qui se passait dans le monde, mais principalement parce que choisir d’écrire sur un crime particulier commis par l’Occident, c’est-à-dire les États-Unis d’Amérique − confronté à la multitude de leurs crimes célébrés dans les médias occidentaux sous la bannière sanglante du patriotisme, du nationalisme, du chauvinisme et du fascisme − a conduit à une sorte de paralysie ; un état de choc est peut-être une meilleure manière de le dire.
D’autres doivent ressentir la même chose. Peut-être que la plupart d’entre nous sentent les choses de cette façon de temps en temps. Quel est le sujet ? Pourquoi dire ou écrire quoi que ce soit ? Ils sont en train de nous détruire tous de toute façon. Peu importe ce que nous disons, et d’ailleurs, tout a été dit avant. Cela a été dit durant la Première Guerre mondiale. Cela a été dit pendant la Seconde. Aujourd’hui, nous entrons, ou nous sommes peut-être déjà au milieu de la troisième – tous ces mots de paix, et d’indignation, et le résultat ? Les guerres ont eu lieu malgré eux.
John Lennon a posé notre exigence fondamentale : «Donnez une chance à la paix», et la CIA lui a tiré dans le dos pour cela – l’un des plus grands crimes contre le peuple – le meurtre d’un de nos héros – parce quand ils lui ont tiré dans le dos, c’est dans notre dos à tous qu’ils ont tiré.
Mais ce sentiment s’estompe, l’engourdissement passe, le sang recommence à circuler, le cri de Peter Finch dans Network [Main basse sur la télévision] de Paddy Chayefsky Network, «Je ne vais pas le tolérer plus longtemps !» revient en hurlant et vous vous levez et vous dites «Il a tout à fait raison ! Je ne vais plus tolérer ça !»
Donc j’ai rouvert le dossier que je prépare pour le procureur d’un futur tribunal populaire ou, miracle, pour un procureur vraiment indépendant à la Cour pénale internationale, afin de déposer des accusations de crimes de guerre contre les États-Unis et l’OTAN et leurs autres alliés, leurs dirigeants et officiers militaires, pour le crime d’agression et tous les autres crimes qu’ils commettent quotidiennement dans de nombreux pays.
Les nouvelles accusations portent sur leur implication dans le coup d’État politique pratiqué au Brésil contre son gouvernement socialiste élu par le peuple, privant fondamentalement la population brésilienne de sa démocratie et de son indépendance en tant que nation, leurs provocations permanentes et dangereuses en Asie contre la Chine et la Corée du Nord, qu’ils menacent directement d’anéantissement nucléaire par des bombardiers B1 et B2 survolant la péninsule, les provocations en cours des forces de l’OTAN dans la mer Baltique et les Balkans, toutes menaçant la Russie, et en commettant des crimes contre les peuples des républiques du Donbass et maintenant de la Crimée, c’est-à-dire la Russie elle-même. Mais le plus dangereux de tout est leur invasion de la Syrie pour protéger et assister leurs forces par procuration d’ISIL ou de Daesh, la présence de forces armées étasuniennes, britanniques, françaises, canadiennes, israéliennes et autres en Syrie est bien sûr illégale et constitue le crime d’agression. Il n’y a pas d’excuses ou de justifications pour le crime d’agression. Leur agression constitue aussi une répudiation totale de la Charte des Nations unies, qui exige de régler pacifiquement tous les différends et interdit l’usage de la force pour une raison quelconque hors du cadre d’un mandat de l’ONU.
L’invasion de la Syrie par leurs propres forces et les forces par procuration d’ISIS sous des noms divers – et maintenant des forces turques, semble-t-il – a tué des centaines de milliers de gens. Alors que la Syrie, la Russie, l’Iran et d’autres essaient de trouver une conclusion pacifique à la guerre, les Américains et leur gang, perpétuellement malhonnêtes, parlent de cessez-le-feu d’un côté tout en donnant, de l’autre, l’ordre d’attaquer.
Le récent bombardement des positions syriennes près de Deir ez-Zor le 17 septembre était, tout le monde le sait, une attaque délibérée. D’autant plus que depuis nous avons appris que la Grande-Bretagne et le Danemark déclarent que leurs avions étaient impliqués, tout comme les avions américains. Pour tous les pilotes des quatre pays, faire la même erreur alors qu’une telle opération conjointe aurait été finement réglée est au-delà de l’absurde. Les Syriens affirment maintenant qu’ils ont intercepté des communications radio de Daesh et des Américains en train de coordonner l’attaque. Ce fut un crime de guerre particulièrement cruel puisque les soldats syriens qui ont été tués avaient l’impression d’être à l’abri d’une telle attaque, qu’ils ne l’ont pas vue venir, une attaque sournoise, une embuscade, par les plus grands lâches au monde.
Ensuite, pour couvrir ce crime sous l’indignation morale, ils accusent la Russie et la Syrie d’avoir attaqué un convoi d’aide humanitaire auquel ces deux pays ont consacré beaucoup de temps et de travail d’organisation, puis ont poursuivi leur attaque en insultant la Russie au Conseil de sécurité en recourant au genre d’ignoble langage qui montre leur mépris total du peuple russe.
Beaucoup pensent que c’est parce que Samantha Power est une harpie cinglée, ce qu’elle est bien sûr. Est-ce la personnalité requise pour ce boulot ? Non, mais cela aide parce que ces insultes gratuites ne sont pas seulement une question de personnalité et de psychopathie de l’individu. Ce comportement infâme sert à des buts de propagande et doit être délivré avec haine et venin pour atteindre un effet maximum. Samantha Power est un produit naturel. Sa personnalité correspond parfaitement aux besoins du régime qu’elle représente. Ses manifestations sont délibérées, avec l’unique but de montrer au monde que la Russie n’est pas digne de crédit ou de respect, que le peuple et le gouvernement russes sont méprisables et par conséquent qu’ils ne sont pas vraiment des êtres humains. Ce sont des choses qui peuvent être détruites sans ressentir quoi que ce soit, puisqu’ils ne sont rien. C’est le message, et quiconque ne parvient pas à comprendre cela échoue à comprendre ce qu’est l’objectif ultime – la soumission totale de la Russie ou la guerre.
La réponse rapide des forces armées syriennes à la rupture du cessez-le-feu par les Américains et – si l’on en croit les articles de Sputnik et de Fars – le fait que les trois missiles russes tirés sur Alep depuis un navire ont frappé un poste de commandement central habité par des forces américaines, israéliennes et autres, tuant 30 de ses occupants, alors le monde est déjà en guerre. Le rapport sur 11 soldats canadiens tués dans le Donbass après l’attaque de positions républicaines là-bas le 23 juillet, bien que non confirmé, n’a pas été démenti par les autorités canadiennes en réponse à ma question sur ce rapport.
Les Américains semblent décidés à la guerre et les élections à venir aux États-Unis ne portent aucun espoir pour l’avenir, seulement plus de désespoir. Les Russes et le reste du monde sont confrontés à Godzilla, le monstre qui menaçait le Japon dans plusieurs films de science-fiction réalisés dans les années 1950. Ces films étaient habilement déguisés en attaques politiques contre les États-Unis et leur destruction et occupation du Japon. L’Amérique était le monstre né dans le champignon atomique de Hiroshima. C’était le monstre menaçant de détruire tout sur son passage. Rien ne semblait pouvoir arrêter Godzilla, à l’exception bien sûr des armes atomiques. Et c’est là où nous en sommes ; le gouvernement russe tente tout ce qu’il peut imaginer pour éviter cette catastrophe tandis que les Américains continuent à les pousser et nous tous avec, dans un coin dont il n’y a qu’une échappatoire.
Donc je sélectionne le fichier, j’ajoute de nouvelles accusations, je construis le dossier pénal ; parce qu’un jour, il y aura une prise en compte de ces gens. Un jour, la justice l’emportera dans ce monde. Car, comme je l’ai écrit dans un poème,
Un jour, il y a eu de la Lumière,
Et la voix de la Raison a chanté doucement,
Les droits de l’homme et les vérités que nous pleurons aujourd’hui,
Les assassinés en toute impunité, les gens abattus dans toutes les rues,
Donc maintenant, nous devons renouveler notre chanson,
Notre lutte prend une autre forme
Pour les sombres jours qui viennent, les nuits sont longues,
Les vents hurlent avant la tempête
Christopher Black
Article original en anglais :
US-NATO’s War On Russia: The Winds Howl Before The Storm
Traduit par Diane, vérifié par jj, relu par Catherine pour le Saker francophone
Christopher Black est un juriste pénaliste international basé à Toronto, il est membre du Barreau du Haut-Canada et il est connu pour un grand nombre de cas très médiatisés portant sur les droits humains et les crimes de guerre, en particulier pour le magazine en ligne New Eastern Outlook.