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La « zone d’exclusion aérienne » de Clinton en Syrie ne va pas « sauver des vies ». Elle mènera à une guerre contre la Russie. C’est le président du Comité des chefs d’état-major interarmées des USA qui le dit (Global Research.ca)

par Michel Chossudovsky 29 Octobre 2016, 05:19 Zone tampon No fly zone Hillary Clinton Syrie Russie USA Confrontation Guerre Impérialisme

La « zone d’exclusion aérienne » de Clinton en Syrie ne va pas « sauver des vies ». Elle mènera à une guerre contre la Russie. C’est le président du Comité des chefs d’état-major interarmées des USA qui le dit (Global Research.ca)
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Les médias omettent de parler de la confrontation entre le département d’État et le Comité des chefs d’état‑major interarmées des États-Unis.

Le président du Comité des chefs d’état-major interarmées, le général Joseph Francis Dunford (image de droite) a déclaré sans ambages au sénat des USA et au secrétaire d’État John Kerry qu’une « zone d’exclusion aérienne » au‑dessus de la Syrie mènerait à une guerre contre la Syrie et la Russie, ce qui entraînerait une escalade militaire. 

Lors d’une audience de la Commission des services armés du sénat étasunien, en réponse aux questions du sénateur républicain Roger Whicker (Mississippi), le général Dunford a dit ceci :

« Pour l’instant sénateur, pour que nous contrôlions tout l’espace aérien en Syrie, il faudrait que nous faisions la guerre contre la Syrie et la Russie (…). C’est une décision assez fondamentale qui n’est certainement pas de mon ressort. » (Commission des services armés du Sénat, 22 septembre 2016, soulignement ajouté)

Lors du troisième débat des candidats à la présidence, Hillary Clinton a réaffirmé que si elle était élue présidente, elle instaurerait une zone d’exclusion aérienne, en disant que l’objectif était de « sauver des vies »:

« Je crois qu’une zone d’exclusion aérienne peut sauver des vies et hâter la fin du conflit. Je suis bien consciente des préoccupations très légitimes que vous avez soulevées et que le président et le général ont exprimées », a dit Clinton en réponse à une question du modérateur du débat, Chris Wallace de Fox News.

« Cela ne se fera pas du jour au lendemain. Il faudra négocier ferme et faire comprendre clairement aux Russes et aux Syriens que notre objectif, c’est de créer des zones de sécurité sur le terrain (…). Je crois que nous pouvons parvenir à un accord et faire comprendre aux Russes et aux Syriens que c’est une chose à laquelle nous tenons, parce qu’elle est dans le meilleur intérêt de ceux qui sont sur le terrain en Syrie. » (Fox News, soulignement ajouté)

U.S. Democratic presidential nominee Hillary Clinton speaks at a fundraiser in Seattle, Washington, U.S., October 14, 2016. REUTERS/Lucy NicholsonÀ l’heure actuelle sous l’administration Obama, le Comité des chefs d’état‑major interarmées s’oppose à la création d’une « zone d’exclusion aérienne ».

Les membres du Comité des chefs d’état‑major interarmées sont nommés par le secrétaire à la Défense.

Sous la présidence de Clinton, l’on s’attend à ce qu’un nouveau secrétaire à la Défense et à ce qu’un nouveau président du Comité des chefs d’état‑major interarmées fermement déterminés à créer une « zone d’exclusion aérienne » en Syrie soient nommés.

Michèle Angelique Flournoy, ancienne sous-secrétaire à la politique de Défense et choix d’Hillary au poste de secrétaire à la Défense, est en faveur d’une « zone d’exclusion aérienne ».

Selon Defense One, « La femme qui devrait diriger le Pentagone sous Hillary Clinton a dit qu’elle demanderait aux militaires étasuniens de faire sortir les forces armées de Bachar al‑Assad du sud de la Syrie et qu’elle enverrait d’autres militaires étasuniens combattre le groupe armé État islamique dans la région. »

Des fuites de courriels ont confirmé que Michele Flournoy s’est acoquiné avec les Clintons. Elle a demandé l’imposition d’une « coercition militaire limitée » pour faciliter le retrait d’Assad du pouvoir en Syrie, dont la création d’une « zone de non‑bombardement au‑dessus de parties de la Syrie contrôlées par les rebelles que soutiennent les USA. » Cela ressemble étrangement à l’instauration d’une zone d’exclusion aérienne pour protéger des terroristes, y compris ceux de Daech, contre les actions des forces armées syriennes et russes.

Selon Defense One :

Flournoy, ainsi que plusieurs de ses collègues au Center for New American Security (CNAS), plaident en faveur de l’envoi d’un plus grand nombre de militaires étasuniens pour combattre Daech et le régime d’Assad que ce que l’administration Obama est disposée à envoyer.

Depuis que la Russie participe plus activement, la réalité sur le terrain en Syrie, d’après Flournoy, « ne favorise pas le genre de conditions négociées auxquelles nous aimerions parvenir. » La politique des USA devrait être d’écarter Assad du pouvoir, même s’il faut pour cela « recourir à une coercition militaire limitée », a‑t‑elle expliqué lors de la conférence annuelle du CNAS de lundi à Washington.

Flournoy n’a pas nié tout le rapport disant qu’elle favorise une plus grande intervention des USA. Elle a reconnu, par exemple, son soutien en faveur de « tirs à distance de sécurité contre des cibles militaires syriennes » par les USA, afin d’imposer la zone de non‑bombardement.

Les reportages dans la presse n’ont cependant pas fourni les détails de la discussion et du témoignage du général Dunford et du secrétaire à la Défense Carter lors de l’audience de la Commission des services armés du sénat :

Voyons si le président veut ajouter quelque chose.

Sénateur Wicker : Bien, je voudrais vous poser une question, si vous me le permettez secrétaire Carter. Ce serait bien si le largage de bombes barils cessait. J’en ai parlé à un collègue démocrate aujourd’hui. Je voudrais qu’on impose une zone d’exclusion aérienne pour que cesse le largage de bombes barils, et j’ai demandé à ce collègue de l’autre côté de l’aile s’il serait favorable à cela. Il a répondu « oui ». Il a dit, « je veux appeler cela autrement qu’une zone d’exclusion aérienne ». Mais le fait demeure que ce sénateur en particulier a changé d’avis et aimerait que nous passions à l’action, afin que cesse le largage de bombes barils.

Que pensez-vous de cela? Ne serait-il pas une bonne chose que nous prenions des mesures décisives pour mettre fin à ce carnage?

Secrétaire Carter : Je ne connais pas la proposition précise dont vous avez parlé avec votre collègue. Je ferai un commentaire et verrai si le président veut ajouter quelque chose.

Sénateur Wicker : Je crois qu’il parlait d’une zone d’exclusion aérienne….

Secrétaire Carter : Bien, OK.

Sénateur Wicker : … mais décrite en des termes plus acceptables.

Secrétaire Carter : Il y a un certain nombre de propositions différentes sur la table, mais il y en a une qui, je crois, est examinée plus à fond, celle que le secrétaire Kerry essaie de promouvoir, à savoir une zone d’exclusion aérienne pour les Russes et les Syriens qui attaquent le peuple syrien.. S’ils parlent d’une zone d’exclusion aérienne pour les avions étasuniens qui combattent Daech, il va sans dire que cela ne suscitera pas l’enthousiasme et je m’y opposerai vivement.

Sénateur Wicker : Je me réfère à un…

Secrétaire Carter : Je crois que ce n’est pas appelé comme ça, mais le secrétaire Kerry essaie d’obtenir une mise à la terre des forces aériennes syriennes et russes. S’il y parvient, ce serait une bonne chose.

Permettez-moi de demander au président s’il a quelque chose à ajouter.

Général Dunford : Sénateur, la seule chose que je dirai c’est, vous le savez, la situation sur le terrain change, et je crois que j’ai une responsabilité, nous, du Comité des chefs d’état‑major, avons une responsabilité, qui est de s’assurer que le président puisse tenir compte de toutes les possibilités. Nous avons abordé cette question par le passé sous certaines conditions. Les conditions sur le terrain vont changer, et nous continuerons d’examiner ces possibilités et nous assurer que le président en est tenu informé.

Sénateur Wicker : Qu’en est-il de la possibilité de contrôler l’espace aérien pour empêcher le largage de bombes barils?

Général Dunford : Toutes les possibilités…

Sénateur Wicker : Que pensez-vous de cette possibilité, monsieur?

Général Dunford: Pour l’instant sénateur, pour que nous contrôlions tout l’espace aérien en Syrie, il faudrait que nous faisions la guerre contre la Syrie et la Russie. C’est une décision assez fondamentale qui n’est certainement pas de mon ressort. »

 

Les membres actuels du Comité des chefs d’état‑major interarmées des États-Unis (2016)

Conclusion

Ce qui ressort des témoignages et déclarations qui précèdent, c’est ceci : les décideurs au plus haut niveau au sein du gouvernement et des forces militaires des USA croient en leur propre propagande. Ils n’arrivent pas à réfléchir sur leurs actes sans tomber dans la propagande. Cela s’applique aussi à la guerre nucléaire, qui est présentée comme une « opération pour rétablir la paix ».

Il est peu probable qu’une mesure draconienne relativement à une « zone d’exclusion aérienne » soit prise sous l’administration Obama avant les élections de novembre et l’entrée en fonction d’un nouveau président des USA en janvier 2017.

Par conséquent, les trois prochains mois seront absolument cruciaux pour la Syrie. Pendant cette période, la campagne contre le terrorisme menée par la Syrie avec le soutien de la Russie et de l’Iran va tenter d’éliminer les poches terroristes qui restent et de pacifier l’ensemble du pays.

Les fantassins de l’alliance militaire occidentale devront être vaincus sur le terrain. Si cet objectif est atteint, cela aura inévitablement un effet sur les « possibilités des USA » en ce qui a trait au déploiement de forces terrestres et d’une zone d’exclusion aérienne. Ce qui se dégage toutefois, c’est une tentative de la part de Washington de redéployer ses fantassins terroristes de Daech se trouvant à Mossoul en les transférant de l’Irak à la Syrie.

Michel Chossudovsky

 

Article original en anglais :
 
no fly zone

Clinton’s “No-Fly Zone” over Syria Will Not “Save Lives”. It Will Lead to War with Russia. Warning of JCS Chairman General Dunford, publié le 23 octobre 2016

 Traduit par Daniel pour Mondialisation.ca
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