Lundi, l'administration de Barack Obama a accompli sa menace de la semaine, à savoir 'de suspendre' les pourparlers bilatéraux avec la Russie sur la crise syrienne. Les chiens de guerre sont-ils lâchés ?
Les avions espions étatsuniens survolant des bases russes, particulièrement les bases de Tartus et Hmeimim en Syrie, n'ont jamais été aussi fréquemment détectés en Méditerranée Orientale et en Mer Noire. La pensée peut sembler absurde mais les rapports tendus sont palpables.
La Russie a déployé le système antimissile et antiaérien SA-23 Gladiator en Syrie. Il s'agit du tout premier déploiement de ce type à l'extérieur de la Russie. Les analystes occidentaux voient cela comme une action de prévention contre n'importe quelle attaque de missile de croisière étatsunien. La Russie ne laisse rien au hasard.
Le Ministère de Défense à Moscou a déclaré que le déploiement est destiné "à fournir une protection pour l'installation d'une logistique navale dans Tartus et pour la Marine russe".
Moscou réagit au fait que les États-Unis peuvent utiliser quelques groupes rebelles pour renvoyer les Russes dans "des sacs mortuaires" à Moscou, comme le porte-parole de département d'État US, John Kirby, l'a explicitement déclaré, la semaine dernière. Moscou soupçonne l'influence étatsunienne dans l'attaque de missile sur l'ambassade russe à Damas - "des Britanniques et des Ukrainiens ont maladroitement aidé les Etatsuniens", selon une déclaration russe faite à New York, mardi dernier.
En effet, les passions sont au plus haut. Il pourrait y avoir plusieurs dizaines d'agents secrets occidentaux pris au piège avec les groupes rebelles à Alep est...
Clairement, le tournant a été atteint quand les Etats-Unis et leurs alliés occidentaux ont entrepris une attaque aérienne féroce sur la base militaire syrienne de Deir Ezzor pendant une heure tuant 62 soldats gouvernementaux. L'explication des Etats-Unis qui a présenté ce bombardement comme résultant d'un accident a perdu toute crédibilité, depuis que durant cette heure de raid aérien, les groupes extrémistes islamistes (Etat islamique, Ndt) ont exploité l'attaque au sol comme si ils agissaient de concert.
La confiance s'est par conséquent écroulée. Les russes sont convaincus que les Etats-Unis n'ont jamais été vraiment intéressés à faire la distinction entre les groupes 'modérés' d'extrémistes malgré des promesses répétées, parce que Washington voit l'utilisation des filiales d'al Quaïda, comme étant la seule force de combat capable de soutenir 'l'ordre du jour (étatsunien)' de favoriser un changement de régime en Syrie.
Ainsi, les Russes sont enclins à être d'accord avec la position de Téhéran depuis le début. Moscou, donc, a changé de tactique et a mis ses ressources derrière les opérations syriennes pour capturer la ville stratégique d'Alep. La campagne militaire est en vue de parvenir à une victoire.
C'est-à-dire à moins qu'il n'y ait une intervention étatsunienne dans les prochains jours pour incliner l'équilibre militaire en faveur des groupes extrémistes qui sont pris au piège dans les quartiers orientaux d'Alep avec l'impossibilité d'obtenir des renforts compte tenu du blocus des voies d'approvisionnement.
Les poussées principales de l'attaque se sont fait en plusieurs étapes avec des forces gouvernementales, soutenues par les unités du Hezbollah et la milice chi'ite, dans le sud-est d'Alep et le bombardement aérien russe massif et un fort contingent russe se positionnant lui-même à l'arrière pour renforcer l'attaque principale si le besoin s'en faisait ressentir.
Les Russes contrôlent aussi la Route de Castello menant au nord vers la frontière turque, qui était le dernier accès fournissant les poches rebelles extrémistes à l'est d'Alep.
Sans perspective d'obtenir des renforts, faisant face aux raids aériens implacables et à des attaques au sol du nord et du sud, les rebelles subissent une bataille d'usure désespérée.
Le point est, qu'avec la chute d'Alep, la guerre syrienne devient de facto une opération militaire résiduelle pour purger la filiale d'Al-Quaïda, Jubhat Al-Nusra, de la province d'Idlib aussi, ce qui signifierait que les forces du régime sécuriseraient le contrôle de régions entières très peuplées de la Syrie, notamment toutes les villes principales et la côte méditerranéenne entière. En bref, la guerre syrienne finirait avec un renforcement du Président Bashar Al-Assad au pouvoir.
Le spectre de ' la victoire totale ' pour Assad hante Washington. Cela explique la série de déclarations injurieuses contre Moscou, trahissant un haut niveau de frustration.
Théoriquement, Obama pourrait ordonner des attaques de missile sur les forces gouvernementales syriennes victorieuses. Mais cela contribuerait à verser de l'huile sur le feu. Samedi, le Ministère de la Défense Nationale russe a averti le Pentagone que toute intervention militaire étatsunienne pour enlever Assad aboutirait à "des changements tectoniques épouvantables" dans la région...
Source : - Asia Times If Russia Wins Aleppo It's the End of American Hegemony in the Middle East