Des familles ont reçu 1,5 million de francs CFA (2280 euros) du groupe Bolloré après le drame ferroviaire d'Esseka.
Quelques jours après en avoir fait l'annonce, le groupe de l'industriel français Vincent Bolloré a versé à une cinquantaine de familles des victimes de la catastrophe ferroviaire d'Eseka le 21 octobre au Cameroun, la somme de 1,5 million de francs CFA, soit l'équivalent de 2.300 euros. Une indemnisation qui doit servir, précise le transporteur ferroviaire, aux frais d'obsèques pour chacune des personnes décédées lors du déraillement.
Le groupe Bolloré avait décidé de verser ce montant pour chaque décès par famille après avoir été sous le feu des critiques après le déraillement dramatique du train numéro 152 de la compagnie ferroviaire Camrail, exploitée par l'entreprise française depuis 1999.
Jean-Marc Bikoko, président de la Centrale syndicale du secteur public du Cameroun (CSPCAM), nous avait confié que «la vétusté du matériel» était à l'origine de l'accident. «En 1999 quand la Camrail a été concédée à Bolloré, beaucoup de syndicalistes, qui étaient aussi des techniciens, ont été virés. Ils n'ont jamais été remplacés et l'entretien des voies et du matériel est depuis insuffisant. Il y a de nombreuses pannes. On a aujourd'hui l'impression que le groupe Bolloré et le gouvernement veulent faire du conducteur du train un bouc émissaire», avait-il ajouté lors de notre interview téléphonique.
Un voyageur qui a survécu à l'accident nous avait aussi explique que le train était en forte surcharge au moment de l'accident. «Beaucoup de gens ont payé leur ticket dans le train et non au guichet comme d'habitude et n'étaient donc pas enregistrés. Moi j'ai voyagé assis par terre alors que j'avais pris un ticket VIP. Mais même notre wagon VIP était surchargé», nous a confié Prestige, un survivant.
Un employé de la Camrail avait également avoué à la radio RFI que deux types de wagons peu compatibles au niveau du freinage avaient été assemblés pour répondre à la forte surcharge sur la voie entre Yaoundé et Douala à la suite de l'effondrement d'un pont sur l'axe routier entre ces deux villes.
De nombreuses familles de victimes ont pour le moment refusé de prendre le chèque que leur propose Bolloré. En cause: le trop faible montant de cette indemnisation selon eux, mais également le manque de transparence autour de l'enquête en cours sur les causes de l'accident.
«Il faut préciser que parmi les victimes et les morts, il y en a qui sont accidentés, qui ont besoin de soins d'urgence et parfois d'évacuation. 1,5 million de francs CFA pour ceux qui sont décédés, c'est très peu, et apparemment c'est tout ce que propose Camrail. Il faudrait aller au bout et même s'il faut aller dans un procès nous allons porter plainte», précise le porte-parole du collectif Tous Eseka, qui défend les victimes de la catastrophe.