Canal Plus contre BeIN Sports : Comment Hollande a truqué le match
Canard enchaîné, le 2 novembre 2016
Après la révélation d'un coup de fil du Président à l'émir du Qatar, la Ligue de foot s'apprête à saisir la justice. Sa perte sur les droits télé est évaluée entre 100 et 150 millions.
Tout est parti d'une de ces phrases qui tuent, lâchées par "Moi président" au détour d'un chapitre du désormais célèbre "Un président ne devrait pas dire ça...". Elle a provoqué moins de barouf que celles sur les "lâches" magistrats ou les footballeurs sans cervelle. Pourtant, page 305, Hollande se vante d'être intervenu pour piper les dés d'un très gros appel d'offres : en l'occurrence, celui des droits de diffusion du championnat de foot de Ligue 1 pour la période de 2016-2020, que devaient se disputer au couteau, le 4 avril 2014, la chaîne française Canal Plus et sa concurrente qatarie BeIN Sports.
Gazon maudit
Le chef de l'Etat raconte ainsi que, un beau jour, Bertrand Méheut et Rodolphe Belmer, respectivement ex-pédégé et ex-directeur de Canal, demandent à être reçus à l'Elysée. Effacés par la puissance financière de BeIN, ils craignent que cette dernière ne rafle tout. La suite ? "J'ai appelé l'émir du Qatar", fanfaronne Moi président, qui ajoute lui avoir balancé : "Je souhaite qu'il y ait un partage". Or, miracle, l'affaire s'est soldée par un heureux "partage" entre Canal et BeIN...
Les dirigeants de la Ligue de football professionnel, organisatrice de l'appel d'offres, se sont étranglés en découvrant cette farce, dont ils sont les dindons puisque ce "partage" les a privés d'une juteuse montée des enchères. Hollande bénéficiant de l'immunité présidentielle, seules deux pistes s'offrent à la Ligue. La première : des poursuites en responsabilité pour "faute" contre l'Etat, devant la justice administrative, avec une copieuse demande d'indemnités. Le second angle d'attaque est plus banal : une saisine de l'Autorité de la concurrence pour délit d'entente...
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