La victime cachée
Canard enchaîné, 9 nov. 2016
Stéphane H. est l'une des 130 victimes du Bataclan. La seule dont le rapport complet d'autopsie n'a toujours pas, à ce jour, été versé au dossier d'instruction. Le quinquagénaire est mort à son domicile du passage Saint-Pierre-Amelot, à portée de balle de la salle de spectacle. Le lendemain du massacre, le 14 novembre 2015, son corps est retrouvé par les pompiers dans un appartement, situé au 1er étage.
A l'époque, le message de l'Intérieur et de la Justice, relayé par les médias, ne laisse guère planer de doute : la victime est décédée d'une balle perdue, "vraisemblablement tirée par les assaillants". Et, donc, par une kalachnikov, Circulez...
Un an après, ce scénario a du plomb dans l'aile. Officiellement, on ne sait toujours pas de quel type d'arme provient le projectile extrait du corps de Stéphane H. Les photographies prises sur la scène de crime montrent un impact au niveau de l'omoplate gauche, de "3 à 5mm" environ, lit-on dans le rapport de la police. Rien à voir avec les dégâts causés par des AK-47 constatés sur les victimes du Bataclan.
Interrogé par "Le Canard", le parquet de Paris n'a pas donné suite. L'avocat de la famille s'étonne du manque de transparence. "Je ne dis pas que c'est une bavure, précise Jean-Marc Descombes. Mais je veux en avoir le coeur net. Je vais formuler une demande d'actes pour obtenir immédiatement le rapport d'autopsie".
Peine perdue pour balle perdue ?