EXCLUSIF. L'ancien Monsieur Météo de France 2 revient sur son licenciement il y a un an, à la suite de la parution de "Climat Investigation"
En France, un journaliste peut-il se faire virer du service public pour un simple livre ? Le 1er octobre 2015, Philippe Verdier, chef du service météo de France 2, publiait Climat Investigation (Ring), enquête dénonçant le grand barnum des conférences sur le climat, les conflits d'intérêts de certains climatologues et comment Laurent Fabius a cherché à instrumentaliser les présentateurs météo pour lancer « sa » COP21.
S'il utilisait parfois un ton sensationnaliste et évoquait non sans maladresse les avantages de la hausse des températures dans un pays tempéré comme la France, le Monsieur Météo n'y niait aucunement l'origine humaine du réchauffement climatique. Pourtant, Philippe Verdier s'est vu épinglé comme « climatosceptique » (définition : personne qui n'est pas convaincue qu'il y ait un réchauffement climatique, ou que celui-ci soit dû aux activités humaines) dans de nombreux médias. Un mois plus tard, il était licencié de France Télévisions, sans que cela n'émeuve outre mesure la profession.
Dans la préface de l'édition poche de Climat Investigation sortant le 3 novembre, Philippe Verdier revient en détail sur le déroulé d'une affaire qui est aussi éclairante sur le France Télévisions de Delphine Ernotte que sur les pratiques d'un milieu médiatique qui ne prend même plus la peine de lire un livre avant de lyncher son auteur. En attendant le jugement des prud'hommes, il dévoile pour la première fois toute sa version. Où l'on croise des syndicats aux abonnés absents, des écologistes peu portés sur le droit du travail et un Patrick Cohen qui a dû sécher les matières scientifiques au lycée. Entretien.
Il y a un an, vous avez été licencié de votre poste de chef du service météo de France Télévisions après la sortie de votre livre Climat Investigation. Que s'est-il passé ?
Philippe Verdier : Beaucoup des défenseurs des libertés se mobilisent quand un tel cas arrive à l'autre bout du monde. Là, il n'y a eu aucune réaction. C'est étonnant alors que mon licenciement est flagrant. Une semaine après la sortie du livre, j'étais interdit d'antenne. Un mois après, j'étais licencié. En France, pays qui se vante de ses libertés, un journaliste peut ainsi être viré pour un livre. Cette absence de réaction des habituels défenseurs de la liberté de la presse est-elle due au statut de Monsieur Météo, que l'on considère comme étant moins journaliste qu'un grand reporter ? J'ai pourtant ma carte de presse depuis 20 ans...
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