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Algérie: «La chasse à l'homme noir» se poursuit dans les quartiers d'Alger (France TV info)

par Martin Mateso 10 Décembre 2016, 23:16 Algérie Racisme Migrants Alger

L'opération a été déclenchée le 1er décembre 2016 à Alger. Tous les quartiers où vivent les migrants subsahariens ont été encerclés par la police. Les rafles n'épargnent ni les femmes, ni les enfants. Un syndicat autonome algérien, le Snapap, dénonce «la plus grande chasse à l'homme noir depuis l'indépendance».

Un migrant subsaharien dans son refuge à Alger, le 29 mai 2016. © Photo AFP/farouk batiche

 

Les indésirables sont regroupés dans un camp insalubre à la périphérie Ouest d'Alger. Plusieurs centaines d'entre eux ont déjà été transférés à Tamanrasset, une ville du Sud, située à 2000 km de là.
 
Dans la capitale algérienne, les migrants subsahariens ont été arrêtés à leurs domiciles, sur leurs lieux de travail ou sur le chemin du retour à leur domicile. Ceux qui ont échappé aux rafles vivent désormais cachés, la peur au ventre.
 
«On ne peut plus aller au travail, on a peur de sortir parce qu'on va nous arrêter», raconte à RFI une Ivoirienne qui attend avec inquiétude des nouvelles de son mari.
 
«Dès que tu ouvres la porte, on t'embarque. On m'a pris avec tous mes bagages, tout m'a été volé: l'ordinateur, les choses de la maison, le réfrigérateur, l'argent, ils ont tout pris», témoigne un migrant encore sous le choc. Il fait partie de ceux qui ont été transférés et enfermés dans un camp de Tamanrasset.
 
L'Algérie sur la route de l'Europe
Le 30 septembre, Amnesty International avait tiré la sonnette d'alarme sur la situation des migrants subsahariens en Algérie. Ils seraient près de 150.000, selon la gendarmerie algérienne. Ils viennent majoritairement du Nigeria, du Niger, du Libéria, du Cameroun, du Mali et de la Guinée.
 
La plupart ont afflué en Algérie dans l'espoir de rejoindre l'Europe en passant par le Maroc ou par la Libye. Mais faute de moyens, ils ont posé leurs maigres balluchons et opté pour une vie clandestine.
 
Sur le site des Observateurs de France 24, un migrant guinéen vivant à Alger témoigne de leurs conditions de vie déplorables. Contraints de travailler dans l'illégalité pour des employeurs sans scrupules.
 
«Ici, il y a des chantiers partout. On loge dans des chantiers abandonnés, on travaille dans des chantiers en cours: notre vie se résume à ça. On transporte des sacs de sable, des pierres. On fait tout ce que personne ne veut faire. Les patrons nous appellent "camarades", on a l'impression que ça veut dire "esclaves". Mais on n'a pas le choix, ce sont les seuls qui acceptent de faire travailler les clandestins», raconte-il, résigné

«Ils nous prennent pour des putes»
Livrés à eux-mêmes, ces migrants sont aussi rejetés et victimes de racisme. Même les femmes ne sont pas épargnées. Les Algériens voient d'un mauvais œil l'installation des communautés subsahariennes dans leurs quartiers. Des insultes fusent à longueur de journée, témoigne une migrante qui a échoué dans un quartier populaire d'Oran.
 
«Ils nous prennent pour des putes. Ils nous demandent toujours combien c'est pour coucher avec eux», déplore-t-elle dans un reportage publié par Courrier international. On y découvre des migrants subsahariens marginalisés par les autorités, ostracisés par la population. Cette année encore, ils ont été victimes de violences dans les villes de Ouarga, Béchar et Tamanrasset...

 

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