Le Sénégal, nouveau pays producteur de pétrole, vous en doutiez ? Le géant britannique de l’énergie British Pétroleum (BP) a annoncé lundi un nouvel investissement de près d’un milliard de dollars en vue de prendre des participations dans des projets gaziers en Mauritanie et au Sénégal.
Une annonce qui intervient alors que le président sénégalais Macky Sall est empêtré depuis quelques mois dans un scandale politico-financier, suite à des soupçons de délit d’initié entre lui et son frère, Aliou Sall, gérant de Petro-Tim, délit qui pourrait avoir été opéré dans le cadre de ses anciennes fonctions de directeur général de Petrosen et ancien ministre de l’Energie.
Macky Sall, nouveau président du Sénégal et nouveau roi du pétrole avais je titré en 2012, lors de élection à la présidence, espérant alors que la malédiction du pétrole ne frappe pas le pays comme maints de pays producteurs.
En attendant, c’est la Gambie, pays enclavé le long du fleuve éponyme dans le territoire sénégalais qui fait l’objet de turbulences, après la victoire électorale de Adama Barrow, remise en cause par l’ancien président lui-même, Yahya Jammeh.
Reste donc, que le pétrole attire de plus en plus d’investisseurs au Sénégal. BP a ainsi signé un accord pour acquérir auprès de l’américain Kosmos 62% d’un projet d’exploitation de plusieurs blocs en Mauritanie et 32,5% d’un projet similaire au Sénégal. Au total, BP déboursera près d’un milliard de dollars (956 millions d’euros) pour rémunérer Kosmos et pour financer les coûts d’exploration et de développement de ces projets. Cet accord réunit l’expertise d’exploration de Kosmos avec l’expérience de BP dans le développement en eaux profondes, ainsi que dans la production et la commercialisation du GNL.
« Nous pensons que notre expertise dans la gestion de la chaîne de valeur gazière, associée aux capacités d’exploration de notre partenaire Kosmos, ainsi qu’au soutien des gouvernements mauritanien et sénégalais, font que tout est réuni pour créer un nouveau centre important pour le gaz naturel liquéfié en Afrique », a déclaré à cette occasion Bod Dudley, directeur général de BP. Estimant par ailleurs que le bassin Mauritano-Sénégalais était doté d’un potentiel de classe mondiale.
Selon les modalités de l’accord, BP sera opérateur désigné et actionnaire à hauteur de 62 % des contrats de Kosmos des blocs C6, C8, C12, et C13 au large des côtes de la Mauritanie, ainsi qu’une participation effective de 32,49 % des contrats des blocs de Saint-Louis Offshore Profond et Cayar Offshore Profond au large des côtes du Sénégal. Kosmos gardera une participation effective de 28 % et de 32,51 %, respectivement, des licences pour les zones maritimes de la Mauritanie et du Sénégal, et continuera en tant qu’opérateur pendant la phase de recherche.
Selon Andrew G. Inglis, le Président-Directeur Général de Kosmos Energy, le présent accord avec BP démontre notamment la qualité du bassindécouvert au large de la Mauritanie et du Sénégal. Il estime par ailleurs que BP s’est montré le meilleur partenaire pour aider son entreprise à faire progresser le projet gazier de façon rapide, et à faire avancer un programme de recherche qui testera le potentiel des liquides du bassin, à partir de mi-2017.
Fin septembre, Manuel Valls, alors premier ministre, avait quant à lui affirmé sans ambages lors de l’enregistrement l’émission de la TV sénégalaise «Questions directes» que « le pétrole découvert au Sénégal intéresse la France». Une déclaration prononcée à l’issue d’une visite officielle au Sénégal et l’annonce faite en janvier dernier par le chef de l’Etat sénégalais de la découverte d’un important gisement de gaz naturel, dans une zone de prospection située dans la partie nord du permis de Saint-Louis offshore profond.
Cette découverte jugée significative est considéré comme le plus important gisement en Afrique de l’Ouest, car étant constitué d’une large structure répartie de part et d’autre de la frontière entre le Sénégal et la Mauritanie, avec des réserves estimées à 450 milliards de m3. Elle fait suite à une découverte de la société Cairn Energy, datant de 2014 et consistant en un gisement de pétrole dans la zone de prospection de Sangomar offshore profond, à 1.427 mètres de profondeur, au large de Foundiougne, dans le centre-ouest du Sénégal.
Cairn Energy avait estimé ces réserves entre 250 millions et 2,5 milliards de barils, mais en août 2016, Cairn Energy a revu à la hausse les réserves du champ SNE, situé sur le bloc Sangomar Offshore Profond. Selon le groupe écossais, elles pourraient dépasser 2,7 milliards de barils.
Cairn Energy exploite trois blocs d’exploration pétrolière au Sénégal (Sangomar profond, Sangomar et Rufisque), dont il détient 40% des parts, aux côtés de l’australien FAR (15%) et de la compagnie nationale pétrolière sénégalaise Petrosen (10%) et de l’australien Woodside qui a récemment acquis les parts de l’Américain Conoco Philips (3%) au grand dam de FAR qui se prévaut d’un droit de préemption sur ces actifs.
Sources : AFP, Presse sénégalaise
Elisabeth Studer – 20 décembre 2016 – www.leblogfinance.com
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