Christophe Bejach, l'un des fondateurs du think tank Terra Nova, proche du Parti socialiste, a été condamné pour pédophilie en décembre dernier. Toutefois, la presse n'en dit pas mot. Est-ce parce qu'il s'agit d'un événement politiquement délicat?
Ce « petit incident » — au moins à en juger par les médias qui ne le couvrent même pas — nous donne l'occasion de nous pencher sur la fondation en question et son fondateur. Christophe Bejach, 53 ans, est l'ex-vice-président et l'un des fondateurs de la fondation française Terra Nova qui se définit comme « un laboratoire d'idées, proche de la gauche ». L'association a été fondée en février 2008 et se veut progressiste et indépendante, pourtant, elle est souvent décrite comme proche du Parti socialiste.
Sur le site de Terra Nova, on trouve les louanges suivantes à l'endroit de Christophe Bejach : il s'avère être « ingénieur et titulaire d'un MBA du Groupe HEC (ISA) » qui « a effectué une carrière orientée vers l'investissement dans des entreprises cotées ou non cotées, en France, aux USA et en Asie ». Il a grossi les rangs de l'équipe d'Arnaud Montebourg en 2012 et s'est fait surtout connaître en tant que conseiller sur l'aérospatial, la défense et l'énergie de M. Montebourg, ainsi que comme fondateur de l'entreprise L'Avion, revendue par la suite à British Airways. Et voilà que ce brillant ingénieur et conseiller technique de M. Montebourg se retrouve condamné à une peine de neuf mois de prison, le 14 décembre, pour « un premier chef d'accusation d'offense sexuelle sur enfant mineur et trois autres chefs d'accusation pour possession de photographies d'enfants indécentes ».
Comme l'explique le Daily Mail, l'ancien conseiller a fait des propositions indécentes sur le Web afin d'organiser des séances photo en lingerie avec trois sœurs d'une dizaine d'années. Son dessein a été heureusement repéré par Sadie — un officier de police de la capitale britannique chargé de détecter les cybercrimes. Le tribunal britannique a condamné M. Bejach à neuf mois de prison avec sursis. Actuellement, puisque Christophe Bejach a évité la prison, il sera sur le Registre des délinquants sexuels pendant dix ans, apprend-t-on des médias britanniques. De même, il devra payer 1 200 livres sterling de frais aux tribunaux, ceci après avoir préalablement payé une caution de 100 000 livres à la cour et remis son passeport aux autorités. Parmi d'autres conséquences, il a vu son ordinateur confisqué pour les photos. Terra Nova s'est pour sa part éloignée de son fondateur en le démettant de ses fonctions : « Nous prenons connaissance de la condamnation de Christophe Bejach par la justice britannique le 3 janvier 2017 pour des faits graves et qui nous choquent. Christophe Bejach, qui a effectivement fait partie des membres fondateurs de Terra Nova, n'y exerce plus aucune responsabilité. Il ne participe pas à nos activités, ni comme administrateur, ni comme auteur. Nous réprouvons de la manière la plus ferme les comportements pour lesquels il a été condamné et qui sont bien évidemment à l'opposé des valeurs que nous défendons », a déclaré l'organisation dans un communiqué le 5 janvier. Pourtant, la presse française ne s'est pas précipitée pour parler du délit. Presqu'un mois plus tard, Google propose un curieux résultat à la requête « Christophe Bejach ». Parmi quelques piètres publications sur la condamnation du pédophile, on trouve par exemple l'article du Parisien intitulé « Un homme d'affaires français condamné pour pédophilie à Londres ». Dans l'article, le coupable est présenté comme « ex-membre fondateur du groupe de réflexion politique et économique Terra Nova ».
Le Huffington Post évoque de son côté le terme de « fachosphère » qui, selon l'article, profite de la condamnation du pédophile « pour éclabousser Arnaud Montebourg ». La députée française au Parlement européen Dominique Bilde (FN) n'a pas pu retenir son étonnement du silence médiatique quant à cette nouvelle visiblement déplaisante pour la gauche française : L'appel de l'eurodéputée a vite évolué en un mouvement solide sous le hashtag #ChristopheBejach ayant pour but de faire parler les médias. Le public attentif pointe entre autres que le cas de Christophe Bejach est traité différemment comparativement à d'autres cas de pédophilie, par exemple, dans les cercles religieux. Nombreux sont ceux qui s'étonnent du temps qu'il a fallu attendre pour divulguer finalement la condamnation. Plusieurs explications possibles de ce mutisme viennent à l'esprit : ne pas gêner les primaires de la gauche, ne pas saper la réputation de Terra Nova, épargner le Parti socialiste qui avait déjà été éclaboussé par plusieurs affaires de mœurs… Finalement, une bonne réponse dans le style de la Main du Kremlin omniprésente est suggérée :