Alger œuvre depuis des années pour que la France indemnise les victimes des essais nucléaires qu’elle a menés dans le Sahara de 1960 à 1966. La première bombe testée en Algérie était trois fois plus puissante que celle d'Hiroshima! Selon un expert interrogé par Sputnik, un récent forum algérien était appelé à régler le problème des indemnisations.
Paris doit indemniser les Algériens touchés par les essais nucléaires français dans le Sahara, a déclaré jeudi à Sputnik le colonel Muhammed Halfawi, expert militaire algérien, à l'issue du Forum national sur les essais nucléaires français dans le Sahara algérien et leurs conséquences sur les humains et l'environnement.
« La France reconnaît avoir mené des essais nucléaires et chimiques, mais refuse de verser des compensations aux personnes touchées. Nous appelons la France à rembourser les familles des victimes de ces explosions et ceux qui souffrent des conséquences de ces tests », a indiqué M. Halfawi.
Selon lui, les Algériens œuvrent depuis longtemps pour la reconnaissance de leurs droits.
Lors du forum, l'avocate Fatima al-Zahra bin-Brahim avait annoncé que les hommes politiques français avaient considéré les tests nucléaires comme un crime dans des entretiens avec leurs collègues algériens.
« La seule reconnaissance politique est insuffisante. Il y a des familles où des personnes ont été tuées ou sont restées handicapées. Les réactions en chaîne nucléaires continueront pendant des millions d'années. La France doit reconnaître les droits de ces personnes », insiste M. Halfawi.
Il a rappelé que les films documentaires consacrés à l'organisation des tests nucléaires dans le Sahara montrent que les Français ne se rendaient pas compte de la puissance des explosions.
« Dans un film, on voit notamment des généraux quitter en hâte le lieu des tests en avion, parce que la puissance de la bombe avait largement dépassé leurs attentes », a ajouté le colonel.
Le Forum national algérien sur les tests nucléaires français dans le Sahara algérien s'est déroulé à Alger à l'occasion du 57e anniversaire du premier essai nucléaire aérien dans le Sahara algérien le 13 février 1960 dans le cadre de l'opération « Gerboise bleue ». Initialement estimée à 13 kilotonnes, la puissance de cette explosion effectuée à Hammoudia, à 50 km de Reggane, a atteint 60 ou 70 kilotonnes, soit trois fois celle de la bombe d'Hiroshima. Elle a entraîné la projection de radiations dans une zone de 200 km de large et de 100 km de long, alors que les habitations les plus proches se trouvaient à seulement 70 km.
Trois autres essais intitulés « Gerboise blanche », « rouge » et « verte » se sont déroulés dans le sud-ouest de l'Algérie en avril 1960. Plus tard, la France a mené 57 autres essais. Après l'indépendance de l'Algérie, en 1962, 13 essais souterrains ont eu lieu dans le cœur rocheux de la montagne d'In Ecker jusqu'en 1966.