L’arnaque des colonies sauvages en Cisjordanie
Par Denis Sieffert et Adrien Monnanni
Politis
Israël a adopté une loi légalisant les colonies « sauvages » installées en Palestine, pour mieux masquer sa politique « officielle » de colonisation.
La Knesset israélienne a adopté lundi soir une loi autorisant la confiscation de terres appartenant à des propriétaires palestiniens en Cisjordanie. Emmenée par Naftali Bennet, ministre de l’Éducation et chef du parti d’extrême droite Foyer juif, cette « loi de régularisation » vise officiellement à trouver des « compromis » avec les propriétaires volés. Contre une compensation financière ou un autre terrain, ceux-ci devront s’engager à renoncer à toute poursuite judiciaire. Faisant écho à l’évacuation de la colonie d’Amona, la loi prévoit également la suspension, pendant un an, de tout ordre d’expulsion et de démolition des habitations construites illégalement sur des territoires palestiniens. Cinquante-cinq colonies sauvages, s’étalant sur 800 hectares, pourraient ainsi être « régularisées ».
Un vaste écran de fumée
La loi, avec laquelle le Premier ministre Benyamin Netanyahou a pris ses distances, apparaît cependant comme un leurre. Le texte a en effet suscité une réprobation internationale, mais le risque est évidemment que cette condamnation légitime la colonisation qu’Israël juge « légale ». Car, il faut le rappeler, ce sont toutes les colonies qui sont illégales au regard du droit international. On peut imaginer que la Cour suprême israélienne invalide la loi de lundi et que la décision sera saluée par la communauté internationale, non sans hypocrisie. On aura ainsi minimisé l’intensification de la colonisation officielle menée par l’État hébreu. Galvanisé par l’entrée de Donald Trump à la Maison Blanche, Israël a annoncé la construction de 2 500 logements en Cisjordanie ainsi qu’un autre projet de 3 000 constructions. Un vaste plan auquel s’ajoutent les « milliers de logements » prévus à Jérusalem-Est, dont la construction aboutirait à l’enterrement de la solution à deux États. L’affaire des colonies sauvages aura alors agi comme un écran de fumée.