Pendant la guerre d'indépendance, plus de 400 enfants de combattants indépendantistes namibiens ont été confiés à l'Allemagne de l’Est. Ils étaient appelés à y devenir l’ « élite de la nation ».
« Si je n’avais pas été en Allemagne de l’Est, je ne serais pas là où je suis aujourd’hui. Je serais peut-être dans le nord en train de garder des vaches et des chèvres. Je ne serais pas allé à l’école. J’aurais une autre vie. » Envoyé à l’âge de six ans en RDA, Simeon Shivute embrasse ce passé avec une pointe de nostalgie. Cet informaticien est aujourd’hui installé à Windhoek, la capitale namibienne, et travaille depuis dix ans pour une grande banque locale.
Il se rend au bureau dans son 4×4 Toyota gris métallisé et, à 35 ans, est propriétaire d’une jolie maison dans une résidence sécurisée du quartier de Windhoek West. Assis à la table-bar de son impeccable petit coin cuisine, t-shirt blanc col en V et short bleu marine, Simeon dégage une force tranquille. Ce grand gaillard timide est né en Angola, dans l’un des camps de réfugiés installés pendant la guerre civile qui ravage la Namibie depuis les années 1960. Ses parents étaient encore vivants quand il est parti en RDA à l’hiver 1985.
Rescapés de la guerre civile
Une chance que n’ont pas eu beaucoup d’enfants de combattants de l’Organisation du peuple du Sud-Ouest africain (Swapo), le mouvement indépendantiste namibien, membre de l’Internationale socialiste. Avec 400 autres garçons et filles, il a ainsi pu échapper à la guerre d’indépendance entre l’ancienne colonie allemande et l’Afrique du Sud, et a été éduqué et formé pour faire partie de la future élite communiste du pays. Simeon n’est retourné dans son pays qu’en 1990, une fois la victoire des rebelles namibiens contre les Sud-africains acquise...