Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Burkina – Affaire Sankara : « Il faut prendre les propos de Claude Bartolone avec beaucoup de réserves » (JAI)

par Nadoun Coulibaly 27 Mars 2017, 21:36 Sankara Assassinat France Bartolone Burkina Faso Françafrique néocolonialisme

Près de trente ans après l'assassinat du capitaine révolutionnaire Thomas Sankara, la justice n'est toujours pas rendue.

L’enquête a certes connu un coup d’accélérateur après la chute de Blaise Compaoré, visé aujourd’hui par un mandat d’arrêt international ainsi que l’inculpation et la détention de son bras droit, le général Gilbert Diendéré, déjà poursuivi dans l’enquête sur le coup d’État manqué de mi-septembre 2015.

En visite à Ouagadougou la semaine dernière, le président de l’Assemblée nationale française, Claude Bartolone, a estimé que son pays se devait de répondre à la requête du juge sur la levée du secret défense sur les archives françaises concernant l’affaire Sankara.

Me Prosper Farama est l’un des avocats de la famille du défunt président. Il réagit à cette déclaration et fait le point sur l’enquête. Entretien.

Jeune Afrique : Claude Bartolone a estimé que la France se devait de répondre à la requête du juge d’instruction sur la levée du secret défense concernant les archives françaises de l’assassinat du président Thomas Sankara. En tant qu’avocat de la famille, comment réagissez-vous à ces propos?

Me Prosper Farama : Je ne sais pas si au stade actuel il faut s’en réjouir. Ces propos ont été tenus dans un cadre diplomatique, pour nous, il ne pouvait en aller autrement. Mais on se souvient que ce même Claude Bartolone avait en 2015 refusé l’ouverture d’une enquête parlementaire en France concernant la même affaire. Pour toutes ces raisons, il faut prendre cette déclaration avec beaucoup de réserves. J’attends plutôt que les autorités françaises posent des actes concrets qui répondent favorablement à la demande du juge d’instruction et qu’il y ait une franche collaboration. C’est à partir de ce moment que nous pourrions nous réjouir. J’en appelle d’ailleurs le peuple burkinabè et les défenseurs des droits de l’homme épris de justice, notamment le Réseau international justice Thomas Sankara, à ne pas se contenter de simples déclarations des autorités françaises et à continuer le combat pour faire éclater la vérité.

Selon vous, la France doit-elle rendre publique ses archives concernant l’affaire Sankara alors que des documents de cette nature restent sous le sceau du secret pendant 50 ans ?

Vous savez un pays qui se déclare être un modèle de protection des droits de l’Homme se doit de donner le bon exemple. La France, bien au-delà de la levée du secret défense, se devait aussi d’accepter la commission d’enquête parlementaire. Vous vous souviendrez que dans le cadre de l’assassinat de Patrice Lumumba, c’est une commission d’enquête parlementaire belge qui a permis d’avoir un certain nombre de vérité sur les circonstances de sa mort. On ne peut donc pas se proclamer pays des droits de l’Homme et en même temps, conserver un secret défense de cette nature. Parce que le secret défense est dans ce cas un écran de fumée qui a pour but de faire un déni de justice. Pour moi, la France se doit donc de collaborer et même de lever le secret défense...

Lire la suite

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :

Haut de page